Vous avez été très réactifs pour faire appel à vos donateurs lorsque la guerre en Ukraine a commencé. Comment vous êtes-vous organisés ?
Care est un réseau qui n’était pas présent directement en Ukraine mais qui se préparait à intervenir dans ce pays via des partenaires. Nos experts s’attendaient à ce que la situation empire sur place et nous nous préparions à cette éventualité. Même si la situation actuelle est bien plus mauvaise que ce que prévoyait notre pire scénario, nous sommes parvenus à être très réactifs pour faire appel à la générosité des Français. La guerre a ainsi commencé un jeudi après-midi et nous avons lancé notre appel au don dès le vendredi après-midi. Nos équipes en charge de la communication et des relations médias qui travaillent main dans la main avec nos fundraisers ont relayé immédiatement cette action et comme nous étions parmi les premiers à réagir, notre appel a été très largement relayé dans les médias. Un site officiel gouvernemental a même cité notre nom avec celui de trois autres ONG pendant plusieurs jours. Cette réactivité nous a permis de réaliser une collecte d’urgence exceptionnelle par rapport à notre standard. Habituellement, nous parvenons à collecter entre 150.000 et 200.000 euros lorsqu’une urgence importante éclate. Avec l’Ukraine, nous avons rassemblé près de 1 million d’euros auprès des particuliers. Les entreprises se sont aussi beaucoup mobilisées ce qui est rare lors de conflits armés. Elles nous ont déjà donné près de 3 millions d’euros.
Quelles sont vos actions aujourd’hui dans le cadre de la crise ukrainienne ?
Plusieurs membres du réseau Care sont en charge de la réponse à cette crise en agissant dans différents pays. Nos collègues américains et allemands gèrent la réponse en Ukraine et en Pologne et nous nous chargeons plus particulièrement de la Roumanie car nous avons sur place un partenaire local historique qui s’occupe beaucoup de la protection de l’enfance. Aujourd’hui, nous travaillons avec une trentaine d’associations roumaines. Faire appel à des structures locales est assez innovant et très efficace. En Roumanie, nous nous spécialisons particulièrement sur la protection de l’enfance et sur les violences faites aux femmes. Nous avons aussi formé près de 200 psychologues locaux sur les questions liées aux troubles post-traumatiques car beaucoup de réfugiés ont vécu des choses horribles en Ukraine.
Les crises semblent se multiplier à un rythme de plus en plus rapide. Comment gérez-vous cette situation d’urgence perpétuelle ?
C’est un sujet très compliqué qui nous préoccupe beaucoup. L’impact de la guerre en Ukraine sur les autres crises est un véritable sujet. Plus d’une centaine de conflits existent aujourd’hui dans le monde. Mais lorsque les urgences se succèdent les unes aux autres, les gens se lassent d’entendre des choses toujours plus dramatiques et il devient plus difficile de les mobiliser. Pour tenter de contourner ce problème, nous menons actuellement une double stratégie. Nous cherchons tout d’abord à montrer que la guerre ne frappe pas uniquement l’Ukraine. Ce conflit fait en effet peser un risque de crise alimentaire à de nombreux pays dans le monde. Nous tentons aussi de mobiliser les personnes pour qu’elles apportent des dons à notre fonds d’urgence qui nous permet de réagir immédiatement dès qu’une crise éclate partout dans le monde.
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