Alors que la refonte du dispositif fiscal mécénat ne sera pas incluse dans la loi de Finances de 2020, faut-il pousser un vrai « ouf » de soulagement ? Probablement pas trop vite. Si la mobilisation collective continue, chacun peut aussi se pencher sur ses propres pratiques, avec en mots d'ordre : éthique, transparence et mesure d'impact.
La « niche fiscale » du mécénat résiste encore... un peu ? À l'Assemblée Nationale, le 11 juillet, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait que la refonte du dispositif de déduction du mécénat des entreprises ne serait finalement pas applicable dans le cadre de la Loi de Finances de 2020. De quoi pousser un petit « ouf » pour la Coordination Générosité, à laquelle appartient l'AFF et qui regroupe également ADMICAL, le Centre Français des Fonds et Fondations, Entreprises pour la Cité, France Générosités et le Mouvement Associatif. Mobilisée sur le sujet, elle a multiplié les échanges pour tenter de juguler le risque de « crash philanthropique » (voir notre article de juin ici) que pourrait engendrer la réduction de la déductibilité envisagée par le gouvernement : de 60% à 50%, ou même 40%, pour les dons de plus de un million d'euros.
La mobilisation continue donc pour la Coordination Générosité, puisque rien n'est tranché face à un ministre qui persiste à vouloir épingler les « effets d'aubaine » soulignés par un rapport de la Cour des Comptes en novembre dernier (voir ici le rapport sur le « Soutien public au mécénat des entreprises »). Mais pendant que la concertation et l'action collective se poursuivent, chacun – mécène et bénéficiaire - est appelé à s'interroger sur ses propres pratiques. Points d'attention soulevés par le gouvernement : l'éthique, la transparence et la mesure de l'impact. Des points également sous l'œil du grand public, alors que la nature des entreprises mécènes est sous pression grandissante.
Début juillet par exemple, la controverse liée au mécénat de la famille Sackler a gagné la France via le Louvre. Les Sackler sont les propriétaires de la société pharmaceutique Purdue Pharma qui commercialise l'OxyContin, un puissant anti-douleur accusé d'être extrêmement addictif et d'avoir causé des milliers de morts par overdose. En 1996, le Louvre avait bénéficié d'un don de 10 millions de francs de la famille et apposé en contrepartie son nom sur son aile des antiquités orientales. Après d'autres grandes institutions culturelles, du Guggenheim à New York à la Tate Modern à Londres, le collectif PAIN, fer de lance de l'attaque contre les Sackler, s'est donc attaqué au Louvre, réclamant que l'aile soit débaptisée. Un choix refusé par le Victoria & Albert Museum de Londres : voir l'article du Guardian sur le sujet, en anglais, présentant les arguments du musée. Quant au Louvre, il ne s'est pas publiquement prononcé à ce jour.
À lire aussi, l'article récemment publié par le Figaro sur la polémique du mécénat de BP au Royaume-Uni et le soutien du British Museum à son mécène.