Diplômé de la célèbre Howard University, de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Institute for Nonprofit Management de la Columbia Business School, Darren Isom est associé chez Bridgespan. Ce groupe américain, qui emploie 325 collaborateurs et possède des bureaux à Boston, San Francisco, New York, Johannesburg et Mumbai, conseille des organismes à but non lucratif, des ONG, des mécènes et des investisseurs afin de « construire un monde meilleur (…) et d’atteindre des résultats révolutionnaires pour relever les défis et les opportunités les plus importants de la société ».
Quelles sont les missions de Bridgespan ?
Nous sommes là pour conseiller des organisations à mieux se positionner afin qu’elles puissent trouver des fonds pour aider les communautés auprès desquelles elles s’engagent. La notion de récit est très importante aux Etats-Unis et nous aidons les ONG à diffuser les bons contenus pour s’adresser aux philanthropes. Notre boulot consiste également à accompagner des leaders pour qu’ils comprennent bien l’impact que pourrait avoir leur soutien. Nous sommes un peu le téléphone entre ces deux mondes. Nous ne nous considérons pas comme des conseillers en fundraising mais comme des consultants stratégiques.
Dans quels secteurs travaillez-vous ?
Nous ne sommes pas spécialisés dans un secteur en particulier. Nous travaillons avec toutes les organisations qui tentent de trouver des solutions aux barrières économiques et sociales qui perpétuent les inégalités et empêchent les individus, les familles et les communautés d'avoir accès aux opportunités dont ils ont besoin pour s'épanouir. Je suis personnellement très impliqué avec des structures qui promeuvent la culture et les arts dans les communautés. Je travaille sur quatre à cinq projets différents chaque année et nous sommes une cinquantaine d’associés à faire de même chez Bridgespan.
Vous avez des bureaux aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et en Inde, mais pas en Europe. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
Nous travaillons parfois en Europe mais sans avoir d’antenne physique sur place. Nous avons notamment collaboré avec le bureau londonien d’un organisme américain. Il faut toutefois bien réaliser que le contexte américain est très différent de celui que l’on peut trouver en France où tout est très centralisé. Durant mes études à Sciences-Po, j’ai travaillé sur les phénomènes de xénophobie dans les banlieues. Lorsque je me suis rendu dans les quartiers, j’ai réalisé que votre pays était resté très socialiste. La puissance du secteur public fait qu’il n’existe pas chez vous les mêmes besoins qu’aux Etats-Unis. Dans les banlieues, je n’ai pas vu une seule ONG alors qu’il y en aurait une trentaine dans des zones comparables chez moi. Les ONG remplissent dans mon pays des missions qui sont considérées en France comme des domaines réservés aux pouvoirs publics. Vous avez l’avantage de vivre dans un pays où le gouvernement central est fort. Cela explique aussi pourquoi le secteur de la générosité est si puissant aux Etats-Unis car son champ d’action est beaucoup plus large que chez vous.