Vive les heures sup… Les avocats, les comptables et les consultants ont l’habitude de veiller tard pour répondre aux besoins de leurs clients. Travailler une heure de plus ou de moins ne change pas grand chose au quotidien de ces experts surtout si leur labeur sert à aider une bonne cause…
Le juriste britannique Seán Jones a eu l’idée en 2015 de demander à ses confrères de verser l’équivalent d’une de leurs heures facturables à l’association Save the Children. Quelques semaines après cet appel, plus de 200.000 livres sterlings ont été récoltées auprès d’avocats, d’experts-comptables, d’économistes, d’enseignants et même d’enfants qui reversaient les sommes amassées lors de la vente de… châtaignes. Cette année, Billable Hour souhaitait lever 7.500 livres mais près de 17.600 livres ont déjà été données à ce jour. Des campagnes du même type existent aujourd’hui en Australie, en Allemagne et au Canada. Et la France, dans tout cela ?
Les vieilles pierres n’intéressent pas que Stéphane Bern… Depuis sa création il y a tout juste 25 ans, la Fondation du Patrimoine a « sauvé » 35.000 édifices en France. Plus de 2700 projets de restauration sont actuellement financés par cet organisme qui comprend 800 bénévoles répartis dans 22 délégations. Son budget est passé de 40 à 70 millions d’euros en cinq ans et la barre des 80 millions pourrait être franchie dès l’année prochaine. Cette enveloppe plutôt épaisse est toutefois bien mince comparée aux 300 millions d’euros alloués au National Trust en Angleterre. Pour gonfler ses recettes, la Fondation du Patrimoine fait de plus en plus appel aux entreprises privées. Airbnb vient ainsi de lui verser un don de 5,6 millions d’euros pour restaurer des monuments et des habitations typiques dans les territoires ruraux. Une fois rénovés, ces lieux pourront potentiellement être utilisés par les touristes qui réserveront leur séjour sur la plate-forme californienne. La générosité n’est, parfois, pas dénuée d’arrière-pensées mercantiles…
Des troncs pour le Bourdon. La PME familiale des Scieries Réunies du Chalonnais à Givry en Bourgogne va faire le don de 21 grumes de chêne qui serviront à la reconstruction de Notre Dame de Paris. Les arbres ont été coupés dans les forêts communales du Chalonnais au cours des mois de septembre et octobre. Après une bonne année de séchage, ils seront envoyés à la capitale pour être confiés aux charpentiers qui auront besoin de 2000 chênes pour rebâtir le toit de la cathédrale endommagé lors de l’incendie du 15 avril 2019.
L’argent manque en… Suisse. Deux mauvaises nouvelles viennent de frapper la scène contemporaine helvète et les écologistes de la Confédération. La Fondation Nestlé pour l’art va cesser ses activités l’an prochain. Son capital de départ de 25 millions de francs suisses a été intégralement dépensé et la multinationale basée à Vevey au bord du Lac Léman ne souhaite pas remettre de l’argent au pot. Créée il y a 25 ans, la Fondation MAVA, qui œuvre pour la préservation de la nature, va, elle aussi, fermer en 2022. Les héritiers de l’entreprise pharmaceutique Roche qui la finançaient ont décidé de cesser d’être des donateurs philanthropiques car ils jugent que « la forme traditionnelle de la philanthropie a échoué », a résumé André Hoffmann, le vice-président de Roche dans un entretien diffusé par la NZZ am Sonntag. «Transférer de l’argent parce qu’on a mauvaise conscience ne sert à rien, résume le président de la fondation et économiste de 63 ans. On peut s’en sentir bien soi-même mais cela ne résout pas les problèmes. Les projets qui n’existent que tant que nous payons et s’arrêtent lorsque nous nous retirons sont malavisés. » Depuis sa création en 1994, MAVA a soutenu 180 programmes pilotés par 120 partenaires.
Et vous, vous êtes numérisés ? Il n’y a plus de temps à perdre et vous êtes nombreux à en avoir pris conscience. Une enquête réalisée par ObSoCo pour Bouygues Télécom montre que 80% des bénévoles considèrent que la transition numérique est essentielle pour la pérennité du monde associatif. Le retard pris par de nombreuses structures est toutefois conséquent. Seuls 39% des membres d’associations se trouvent en effet dans la moyenne nationale concernant l’usage du numérique et 10% avouent n’utiliser aucune nouvelle technologie au quotidien. Près de 6 personnes sur 10 interrogées dans cette enquête reconnaissent que la transition digitale est toujours en cours dans leurs organisations. Le temps presse…
Aie confiance, crois en moi… Les doutes sont levés et les soupçons oubliés. Si 60% des Français affirment qu’ils ont du mal à accorder facilement leur confiance, ils sont 54% à déclarer avoir confiance à l’égard des associations et des fondations qui font appel aux dons.
Ce chiffre, tiré d’une étude de l’institut Viavoice pour l’Observatoire du Don en Confiance, a augmenté de 15 points en un an ! Il est aujourd’hui comparable à celui enregistré en 2019 et il est encore plus élevé chez les donateurs réguliers (74%).
Si les Français font davantage confiance aux fondations et associations plutôt qu’aux pouvoirs publics, cet écart s’est réduit lors des douze derniers mois. Le gouvernement et les services de l’administration ont notamment gagné 11 points sur l’aide aux personnes malades ou handicapées et 8 points sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Ce regain de confiance n’est toutefois pas un acquis pour les organisations d’intérêt général.
52% des Français affirment en effet que leur confiance pourrait être remise en question par un manque d’information sur l’utilisation des dons. Les trois-quarts des sondés reconnaissent même qu’ils seraient plus susceptibles de faire un don à une association ou une fondation qui rend compte à ses donateurs. A bon entendeur…