3 Questions à Anne-Claire Zuani
11 février 2025

De Responsable Philanthropie au Secours Catholique à Directrice Développement et Communication du Racing Club de France (RCF), Anne-Claire Zuani a fait le grand saut vers le fundraising sportif. Seule adhérente AFF identifiée à ce jour dans le secteur, serait-elle le signal faible de l’amorce d’un grand mouvement de professionnalisation de la collecte du sport ?
Comment êtes-vous passez de la solidarité au sport?
La précarité, c’est une cause que j’ai un peu chevillée au corps. Alors quand j’ai été contactée à propos d’un poste dans une structure sportive, au départ, j’ai eu un premier mouvement de recul. Puis j’ai appris que c’était pour le Racing Club de France, un club sportif qui est vraiment central dans ma culture familiale. Je connais très directement l’impact du club sur l’histoire du sport français, la vie de ses membres, l’attachement très profond qu’ils lui portent, donc j’ai envisagé la possibilité d’un autre œil. Et puis quand j’ai compris les enjeux du au poste – lancer tout le programme de collecte grands donateurs – j’ai fait le grand saut. Après quelques mois, je n’ai aucun regrets !
Quels sont les défis à relever pour vous au RCF?
En termes de fundraising, il faut tout créer, faire monter le mécénat dans un modèle économique qui reposait jusque-là essentiellement sur les adhésions et le sponsoring, les subventions étant vraiment anecdotiques, ce qui est un défi en soi. Pourtant, je ne crois pas que ma pratique des grands donateurs sera très différente de celle que j’avais avant. Les leviers sont les mêmes : structurer les projets, trouver ce qui sera un facteur de singularisation pour les philanthropes, identifier les prospects dans les réseaux… Évidemment, il faut accompagner le changement de culture du club pour accueillir les grands donateurs. La première étape, c’est d’ancrer les projets dans la dimension d’intérêt général. Il faudra aussi acculturer la gouvernance à la sollicitation des grands donateurs. Et enfin faire connaître le Racing qui souffre d’être confondu avec d’autres structures (Lagardère Racing, Racing 92…). Le but est de mettre en avant sa singularité, la vocation sociale ayant toujours fait partie de son ADN en favorisant l’insertion sociale d’athlètes issus de milieux modestes. Et ainsi de de convaincre les donateurs de soutenir ce club unique qui souffre d’une image erronée liée à l’époque de son « country club ». Une époque qui est pourtant révolue depuis longtemps…
Quel regard portez vous sur le développement du fundraising sportif?
A ce stade je me sens un peu seule dans l’écosystème ! Le mécénat reste assez marginal par rapport à une forte culture du sponsoring dans les clubs, comme chez les entreprises. Mais les modèles économiques sont amenés à changer, notamment en raison des tensions sur les subventions, des attentes RSE des entreprises. Le RCF et les clubs sportifs sont pourtant des acteurs fondamentaux de la vie de la cité, avec un rôle en termes de santé et de santé mentale, d’éducation, de cohésion sociale, d’égalité des genres, de handicap… Et ils ont un atout : leur état d’esprit assez entrepreneurial leur donne certainement un côté un peu plus décomplexé vis-à-vis de l’argent que d’autres secteurs pour collecter. ils ne leur reste qu’à trouver les professionnels pour accompagner ce développement !
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