Christelle Nimeskern, responsable régionale PACA de l’association Télémaque et co-coordinatrice régionale de l’AFF SUD*, nous parle des logiques de développement territorial.

« Nos régions ont des talents ! » clame le dossier de notre dernier numéro de Fundraizine**, tout juste sorti. Christelle Nimeskern le prouve. Elle évoque avec nous les logiques de développement en réseau, entre siège et région, et des dynamiques locales de fundraising à Marseille.

Comment s’est développée l’association Télémaque ?

Télémaque est une association d’égalité des chances qui accompagne des jeunes issus de milieux modestes, dès la 5ᵉ en voie générale et dès la Seconde en voie professionnelle, pour leur permettre de révéler leur potentiel. Pendant 5 à 6 ans, chaque jeune bénéfice d’un double mentorat assuré par un salarié d’une entreprise ou d’une institution publique partenaire et un référent pédagogique. Des activités collectives et une aide financière sont également proposées. Créé il y a 20 ans en Ile-de-France, le réseau de Télémaque est désormais présent dans 8 régions via des antennes locales. L’antenne Marseillaise a par exemple ouvert en 2018. Ouvrir une antenne locale est intéressant pour les territoires stratégiques et implique de s’implanter sur place : développer des liens avec des mécènes, des mentors, tisser la confiance avec nos différentes parties prenantes. Depuis 2021, Télémaque a également lancé le Mouvement Télémaque pour adresser des petites et moyennes villes dans lesquelles l’association n’est pas présente. Inspirée de la franchise sociale, ce mode d’essaimage permet de créer des partenariats avec des structures locales (associations, centres sociaux ou collectivités) qui résonnent avec notre ADN, pour leur proposer de développer notre programme d’actions. Ces structures sont formées à notre méthodologie de mentorat, accompagnées et soutenues par notre équipe, afin de leur permettre d’accompagner à leur tour des jeunes de leurs territoires. C’est un modèle de déploiement par synergie et partenariat local.

Comment s’organise la collecte de Télémaque entre Paris et régions, et notamment à Marseille ?

La stratégie de levée de fonds de l’association est partagée entre le siège et les régions d’implantation de Télémaque. Nationalement, le mécénat soutient les grands axes transversaux ou les projets structurants de développement. Localement, ce sont les responsables régionaux comme moi qui sont en charge du développement, avec à la fois un enjeu de collecte et un enjeu de bénévolat puisque la plupart de nos mécènes proposent à leurs salariés de devenir mentor d’un jeune sur la base du volontariat. En termes de développement local, la part d’autofinancement peut être très variable selon le potentiel du territoire. À Marseille, j’échange tout aussi bien avec des Responsables RH / RSE de filiales de grands groupes qu’avec de plus petites entreprises de tous les secteurs d’activité. J’étais auparavant en charge du développement régional de la Fondation de France Méditerranée. J’ai donc un profil de fundraiser et ce pan des fonctions trouve naturellement sa place dans mon nouveau poste. Même s’il n’est pas toujours facile de créer de l’espace : le mécénat, c’est un travail au long cours qui peut vite être mis de côté par les urgences et les impératifs et urgences opérationnels. Quel que soit le parcours d’origine, fundraiser ou opérationnel, la mixité des fonctions est toujours un défi ! D’autant plus que le temps de nos mécènes n’est pas toujours celui des associations : il n’est pas rare qu’un financement mette 12 à 18 mois pour être décidé.

Quelles évolutions identifiez-vous via le groupe régional PACA de l’AFF ?

On sent que les lignes évoluent, que les acteurs collectant sont plus nombreux et variés, que des synergies commencent à se faire au sein de groupements d’associations qui collectent ensemble. Le fundraising est d’autant plus dynamique dans notre région, qu’un certain nombre de fundraisers sont venus s’y installer ces dernières années… Le groupe régional AFF est un moyen de rassembler, d’accueillir ceux qui s’installent à Marseille, ou d’épauler ceux qui veulent devenir fundraisers ! Par exemple, de plus en plus d’acteurs venus du public ou parapublic nous rejoignent. Comme dans tous les groupes, l’idée est de se retrouver pour des moments de formation, des événements, de la convivialité… mais surtout de partager nos expériences du métier et du territoire ! Dans le contexte actuel de tensions sur les ressources associatives, l’AFF a un rôle fondamental à jouer au cœur des territoires afin de former les associations sur les attendus de la levée de fonds et aussi pour partager de bonnes pratiques aux mécènes publics et privés par exemple à l’importance des financements pluriannuels pour donner plus de visibilité aux associations. Le fundraising est, aujourd’hui, la ressource qui va permettre aux associations de continuer à se développer. C’est donc important de continuer à porter ces messages à l’ensemble des acteurs du territoire.

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