En mars prochain, la Conférence fundraising dans l’Enseignement Supérieur, la Recherche et la santé de l’AFF fêtera ses 20 ans. L’occasion de revenir sur 20 ans de développement de la collecte pour l’enseignement supérieur mais aussi de se projeter dans le futur avec Joël Echevarria, Directeur général délégué (DGD) aux affaires publiques et à la gouvernance de la Fondation TSE – Toulouse Scool of Economics. Fidèle de l’AFF, il était présent à la toute première édition de la « Conf’ ESR » (pour les intimes), il n’en a pas manqué beaucoup depuis…

Quel regard portez-vous sur les 20 années passées du fundraising de l’ESR ?

L’évolution de la conférence reflète bien celle du secteur ! Il y a 20 ans, la conférence ESR se tenait à l’Enclos Rey, une maison de retraite pour religieuses… Sans doute pour cela que cela s’appelait à l’époque « Séminaire de l’ESR » ! Nous tenions tous dans une salle : 25 ou 30 personnes, dont beaucoup, comme moi, ne connaissaient pas grand-chose au fundraising. Les sessions étaient animées par des anglo-saxons, ou des personnes ayant eu un parcours largement anglo-saxon, venues partager leur expérience du haut de leurs décennies d’avance. C’était intriguant, inspirant, mais pas toujours applicable à nos fichiers d’anciens qui tenaient sur 3 feuilles Excel.

En 20 ans, il y a eu beaucoup de professionnalisation et un fort développement du nombre de structures qui collectent évidemment. La conférence se tient maintenant au FIAP et nous somme plusieurs centaines ! Mais au-delà de ces évolutions, je constate surtout une véritable émergence du fundraising de l’ESR « à la française ». Le secteur s’est beaucoup affranchi des anglo-saxons, même s’ils restent des exemples inspirants. Il a su développer des approches en résonnance avec notre culture, avec le rapport des français à l’argent, etc.

Ce qui n’a pas changé depuis la première édition en revanche, c’est la capacité des participants et intervenants à se livrer, à partager sans faux-semblant sur les choses qui marchent comme sur les échecs. Cela a vraiment accéléré la montée globale en compétences de ces 20 ans.  La convivialité de l’événement n’a pas changé non plus. Elle est présente depuis le départ et s’est même amplifiée. La conférence, c’est le rendez-vous d’un réseau de gens qui font les choses très sérieusement, sans se prendre au sérieux !

Quelles dynamiques actuelles portent le développement du secteur ?

L’an dernier, en plénière, devant un amphi plein, j’ai posé la question : « qui participe pour la première fois ? ». Je dirais qu’il y avait près de deux tiers de primo participants dans la salle. Ce renouvellement important, cette arrivée continue de nouveaux professionnels, est le signe d’un beau foisonnement.

Je crois que le Covid a été un important déclencheur de nouvelles approches, en particulier pour les fondations d’université. Beaucoup d’entre-elles ont trouvé à ce moment-là leur place dans l’accompagnement des étudiants, que ce soit sur les questions de précarité, sur le soutien psychologique… et ce faisant, elles ont trouvé aussi leur place au sein de leur organisation et auprès de leurs parties prenantes, avec une véritable utilité.

Du côté des business schools, même sans parler des grands leaders du secteur, les approches de fundraising sont aujourd’hui bien structurées et professionnalisées, avec des stratégies plus fines. Il y a 20 ans, nous rêvions j’étais alors à la Toulouse Business School –  que le fundraising prenne totalement le relais de la baisse des dotations publiques et du désengagement des chambres de commerce. Aujourd’hui, le secteur a compris que c’était un peu utopique. Les ambitions sont plus ancrées, avec à la clé de beaux succès. La dynamique a également été poussée par l’évolution des financements publics vers les financements par projet, à l’échelle nationale comme européenne. Ils ont créé un climat de plus en plus propice au fundraising en acculturant les organisations de l’ESR aux questions du montage de projet, de traçabilité des dépenses, de comptes rendus…

Et dans 20 ans, à quoi pourraient ressembler le fundraising et les modèles de financement de l’ESR ?

Je pense qu’on va aller vers des logiques plus « américanisées » où l’argent public continuera à peser de moins en moins dans les modèles. Des modèles où l’on devra commencer à assumer le vrai prix de l’éducation et par exemple développer les droits de scolarité différenciés dans les universités. Difficile d’imaginer, dans le contexte budgétaire, qu’un modèle où l’impôt de tous finance les études de ceux qui ont les moyens culturels et financiers d’envisager des études longues, tienne dans la durée. Si l’on met son véritable prix sur l’éducation, elle prendra de la valeur. Peut-être alors, que les anciens étudiants qui ont bénéficié de soutiens, seront plus enclin à renvoyer l’ascenseur et à donner.

Ce qui devrait fortement continuer à évoluer aussi, c’est la perception de l’argent privé dans les structures de l’ESR. On sent déjà les effets de changement de génération :  des chercheurs, des équipes qui acceptent mieux le fundraising aujourd’hui qu’hier. Enfin, on sent bien que les leviers de financement vont continuer à converger : le mécénat, la recherche partenariale, etc., avec finalement une question simple : comment le privé peut-il contribuer à améliorer la recherche ?

Mais aujourd’hui, chaque levier a un cadre juridique et fiscal différent. A-t-on vraiment besoin d’autant de statuts ou de dispositifs ? Si l’on osait remettre à plat tous les mécanismes, rendre les passerelles entre ESR et privé plus lisibles et efficaces, est-ce que l’on ne libérerait pas plus largement les contributions du privé ?

* Envie d’en savoir plus sur la conférence ESR des 11 et 12 mars prochains ? C’est par ici !

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