En octobre dernier, se lançait l’application canB (prononcé à l’anglaise, « can be« ), nom inspiré de la citation de Ghandi « You must be the change you want to see in the world« .  Le principe proposé par cette application reposant sur une entreprise à mission créée en 2019 : le cashback solidaire, appelé Giveback, soit la rétrocession d’un mini pourcentage des achats effectués chez les commerçants partenaires à une cagnotte personnelle. Chaque utilisateur pouvant ensuite reverser le montant de cette cagnotte sous forme de don à une association de la sélection canB.

Un système relativement répandu déjà mais qui vient de franchir une nouvelle étape : transformée en néobanque (banque digitale), canB propose depuis 15 jours sa propre carte bancaire avec un mécanisme de partage de base de 0,05% sur tous les achats (hors partenaires), grimpant à quelques pourcents pour les enseignes partenaires (taux négocié avec chacune). Là encore, pas encore de véritable nouveauté. Les cartes bancaires de partage existent depuis une vingtaine d’années en France, avec des modalités généreuses variées (don à chaque retrait et/ou achat, réversion d’une part de la cotisation annuelle, etc.). La carte Agir du Crédit Coopératif, créée en 2001, a par exemple permis de reverser 755.000 euros à des associations en 2019. Une banque généreuse et 100% digitale avait aussi vu le jour il y a dix ans en France : Tookam, lancée à l’époque par le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne qui proposait d’accumuler des Tookets, points fidélité convertibles en don. Un peu tôt peut-être ? La banque avait fini par disparaitre tandis que les Tookets devenaient le programme généreux dédié aux sociétaires de diverses caisses régionales du Crédit Agricole.

C’est donc un pari renouvelé que veut relever canB, dans un contexte probablement plus accueillant tant pour les néobanques que pour l’idée d’une banque généreuse. Le ton de la campagne créée pour accompagner le lancement de cette carte ne laisse pas de doute en tous cas sur l’argument différenciant visé par canB : des visuels de produits du quotidien (rasoir, poivron, sushis…) revendiquant de lutter contre l’illettrisme ou la précarité ou de préserver le patrimoine… Des visuels qui confirment – alors que la communication bancaire a particulièrement au cours de l’année écoulée pris un tournant responsable et solidaire – que les lignes de discours entre profit et non profit sont bel et bien entremêlées.