La pièce de 50 pence éditée par le Royaume-Uni pour commémorer sa sortie de l’Union Européenne crée un mouvement d’incitation au don via les réseaux sociaux. Nouvelle preuve s’il en fallait que donner est un acte politique, et alternative « concrète » aux cagnottes en ligne !

At last ! Après un feuilleton de plus de trois ans et demie, le vendredi 31 janvier, le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne. Afin de commémorer cet historique Brexit, le Trésor britannique édite une pièce commémorative de 50 pence, faisant figurer au-dessus de la date de l’événement la mention : Peace, Prosperity and Friendship with all nations (Paix, Prospérité et Amitié avec toutes les nations). Rien de bien étonnant à l’initiative, si ce n’est que cette pièce n’en est pas non plus au premier épisode de sa saga. En mars dernier, sa production avait été stoppée une première fois pour cause de report du Brexit.  Idem en octobre, où le million d’exemplaires déjà édité avait été fondu en attendant une nouvelle date de sortie.

C’est donc peut-être avec un ouf (métallique) de soulagement que 3 millions de pièces se sont lancées à l’assaut des portemonnaies d’outre-manche vendredi dernier… prélude à 7 millions d’autres 50p estampillées Brexit (pour référence, la pièce commémorant l’entrée du pays dans l’UE en 1973 avait été tirée à près de 90 millions d’exemplaires). Mais c’est sans compter sur un débat de ponctuation, déclenché par l’auteur Philip Pullman sur Twitter : une virgule aurait été oubliée dans la phrase (avant le « and »), ce qui – note l’écrivain – devrait inciter tous les « gens lettrés » à la boycotter. Pendant que le débat fait rage sur la nécessité ou non de cette virgule, et donc de refondre encore les 7 millions de pièces en attente de mise en circulation (ce qui ferait grimper la valeur des premières), une autre injonction émerge des profondeurs des réseaux : il faut plutôt donner la pièce à des associations.

Rémanence de la dissension entre les « pour » et les « contre » Brexit, le mouvement d’incitation à la générosité a commencé à monter quelques jours avant l’évènement, et prend de l’ampleur le 31. Des alternatives sont proposées par des internautes créatifs : vendre plutôt très cher la pièce à des pro-Brexit sur eBay et ensuite donner la somme à une association. Et peu à peu, c’est l’idée d’aider ceux étant les plus touchés par l’événement qui s’impose : il faut les donner pour aider les réfugiés. La bannière #FiftyPeesForRefugees s’envole. Créée le 26 janvier par une jeune femme en charge de l’installation de réfugiés, elle est opportunément reprise par des associations comme le Scottish Refugee Council ou le plus modeste Reading Refugee Support Group qui met rapidement en place une page indiquant la localisation de ses urnes de collecte. Puisque pour une fois – les récents mouvements de protesta-don s’exprimant généralement via des cagnottes type Leetchi – il n’est pas question de donner en ligne !