Du Comité International de la Croix-Rouge qui y promeut son partenariat avec le jeu Fortnite, à un collectif levant des fonds en faveur des grévistes, en passant par un streamer peu scrupuleux, Twitch s’impose comme une terre (virtuelle) de possibles désormais incontournable.

250 millions de joueurs se feraient virtuellement la guerre en ligne via le jeu Fortnite, selon son éditeur Epic Games. C’est justement cette massive communauté belliqueuse que le Comité International de la Croix-Rouge a choisi de sensibiliser à la guerre « dans la vraie vie », en implémentant dans le jeu un mode « LifeRun », où le but du joueur devient non plus de supprimer ses adversaires mais de les sauver. Dans la peau d’un humanitaire, il est ainsi mis au défi de soigner des civils blessés, de distribuer de l’aide ou de mener des opérations de déminage.

Accompagnant cette opération maligne, un site dédié interroge : « Dans les jeux vidéo, les guerres n’ont pas toujours de limites. Mais savais-tu que les vraies guerres en ont ? », et rappelle les modalités d’action de l’ONG sur les zones de conflits – superposant photos et images du jeu – avant d’inciter à donner. Et pour médiatiser les choses, trois gamers de renom ont été recrutés, présentant ce nouveau mode de jeu en direct le 19 janvier, depuis le salon du jeu vidéo PAX South de San Antonio aux États-Unis. 

De plus en plus, la plateforme de streaming dédiée aux jeux vidéos Twitch, propriété d’Amazon, s’impose comme un monde de tous les possibles pour collecter, ou sensibiliser, des communautés nombreuses, captives et engagées : au second trimestre 2019, Twitch, qui compterait 3 millions de diffuseurs mensuels, aurait concentré plus de 72% du temps mondial de visionnage de contenus en direct devant Youtube et Facebook Live.

Aux quatre coins du monde, des collectes s’y organisent, et – selon la plateforme – 180 millions de dollars auraient ainsi été levés via les streamers de la plateforme depuis sa création en 2011.  Des collectes assez officielles, comme celle du désormais emblématique Zevent (voir ici notre article) ou plus « sauvages » comme celle lancée depuis le 5 décembre par le collectif « Stream reconductible » qui se relaie pour inciter à donner au bénéfice des grévistes et aurait, selon Europe 1, permis de collecter plus de 143 000 euros.

Une terre (virtuelle) d’opportunités, et aussi de risques. Car la plateforme n’organise pas les dons. Dans le cas d’opérations caritatives, les internautes peuvent soit donner directement aux streamers (ce qu’ils font par ailleurs pour soutenir leurs joueurs préférés), charge à eux de reverser à l’association promise, soit donner via des sites de cagnottes en ligne sécurisées… quand l’association bénéficiaire – prévenue – a mis en place le dispositif associé.

Le flou artistique a trouvé sa limite en ce mois de janvier, alors que la sphère Twitch était secouée de l’histoire de ANIS13K, streamer qui a détourné près de 15 000 euros de dons levés auprès de sa communauté en faveur de l’AFSEP (Association Française des Sclérosés en Plaques).  Une affaire qui a valu excuses et justification publique (via Twitch, vidéo à voir ici) de l’intéressé et prise de parole de la plateforme : « bien que nous ne voulons pas atténuer l’esprit caritatif de Twitch, nous aimerions rappeler à notre communauté de faire des dons uniquement via des plateformes tierces conçues pour la collecte de fonds. De plus, nous tenons à vous assurer que tout flux de bienfaisance promu par Twitch nécessite un lien de don vérifié« . Twitch s’étant par ailleurs engagée à faire un don à l’association lésée…

 

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