Geev, application de don d’objets entre particuliers permet désormais de donner ses denrées alimentaires. Zoom sur la multiplication des solutions anti-gaspillage et sur ces nouvelles formes de solidarité en nature.

Au menu du jour : des rognons surgelés (recommandés « pour chien et chat » par le donateur), des gâteaux de pâtissier, une demi-brique de gaspacho ou une boite de lait pour bébé… Cela vous laisse perplexe ? Pas les fondateurs de Geev. Deux ans après le lancement de cette appli dédiée au don d’objets entre particuliers, ils institutionnalisent – à la veille des départs en vacances, et du vidage massif de frigos pour l’été – une pratique qui avait déjà cours à la marge sur leurs pages : le don de nourriture.

Avec des règles claires sur ce qui peut être donné ou non (et un mantra « si vous accepteriez de le manger, vous pouvez le donner ») et la revendication d’une modération soignée de chaque annonce (voir ici l’article fourni de Challenges sur l’appli et son modèle), Geev explique ainsi répondre à la montée croissante des pratiques anti-gaspillage, plébiscitée par les utilisateurs de la plateforme : d’après un sondage sur la communauté (qui compterait 1,5 millions de personnes), 82% des répondants se disaient prêts à donner ou récupérer de la nourriture. Ambition affichée : atteindre 10 000 dons alimentaires par mois d’ici à la fin de l’année.

Avec cette fonctionnalité, Geev rejoint ainsi les diverses solutions qui ont vu le jour sur ce pan du don en nature. Des solutions poussées par la multiplication des lois anti-gaspillage ces dernières années et par la montée de la conscience écologique, avec notamment en fer de lance Too Good To Go, application mettant en relation consommateurs et commerçants bradant les denrées invendues du jour. Depuis son lancement en juin 2016, cette application a été téléchargée par 3,6 millions de Français et s’est implantée dans 11 pays d’Europe, permettant de sauver 12 millions de repas de la poubelle, revendiquait la fondatrice dans un article du Point en mai dernier.

Les startups « zéro déchet alimentaire » – ne ciblant pas forcément les publics précaires en ce qui concerne ces applis – se développent aussi au delà du champ du web alors que 10 millions de tonnes de nourriture seraient jetées chaque année en France selon l’Ademe. Un an et demi après son lancement, l’association Frigos Solidaires vient tout juste d’inaugurer à Paris la pose de son 38ème réfrigérateur (également à Lyon, Niort, Lille ou Tours…). Principe : des commerçants volontaires installent des frigos (financés par des cagnottes, voir le site de l’association) où chacun peut déposer ou prendre des denrées. Un moyen de lutter contre la précarité alimentaire, mais aussi de créer du lien social, expliquait la jeune fondatrice de l’association au Figaro.