Une étude publiée fin juin fait le bilan de dix ans de collecte des fondations universitaires avec un constat sans appel : 87% des fonds levés le sont auprès des entreprises contre 5% auprès des particuliers. Plongée inédite dans les arcanes du fundraising universitaire.

Depuis 2007, la loi LRU autorise les universités à ouvrir leur fondation. Dix ans après, il était temps de faire le bilan : combien de fondations existe-t-il à l’université ? Quelles sont leurs formes juridiques ? Combien collectent-elles ? Quelles sont leurs ressources en argent et en hommes ? Auprès de qui collectent-elles ? Sur quels axes montent-elles de projets ? Pour répondre à ces questions, une étude – dont les résultats viennent d’être publiés – a été menée conjointement par la CPU (Conférence des Présidents d’Universités), le « réseau des fondations des universités » et Sophie Rieunier, professeur des universités en sciences de gestion (UPEM – Université Paris Est Marne la Vallée). Au total, 40 fondations y ont répondu (sur les 52 identifiées en France).

Premier enseignement : dix années après la loi LRU, les 3/4 des universités ont une fondation. Les autres n’en font pas une priorité, ou sont actuellement en réflexion sur le sujet. Côté statut, ce sont essentiellement des fondations universitaires (50%) et des fondations partenariales (48%). Ces dernières embauchent deux fois plus de salariés, et ont un budget plus conséquent que les fondations universitaires, mais collectent également nettement plus d’argent. Ceci peut s’expliquer par de nombreux facteurs dont peut-être le côté « rassurant » pour les entreprises du fonctionnement des fondations partenariales qui peut aussi être un signe d’une plus grande ouverture culturelle de l’université aux entreprises.

En 10 ans, les fondations interrogées ont collecté 231 millions d’euros, essentiellement au titre du mécénat d’entreprise (87%), le reste étant collecté auprès des collectivités locales (7%) et des particuliers dont les alumni (5%). Soit une collecte moyenne annuelle de 623 000 euros (avec de grandes disparités). Il faut souligner ici l’importance de l’ancrage territorial dans la collecte : outre les montants non négligeables collectés auprès des collectivités, beaucoup de fondations affirment travailler avec les entreprises qui sont sur leurs territoires pour le mécénat d’entreprise.

La surprise de cette étude repose sur la collecte relativement modeste auprès des particuliers, et notamment auprès des alumni, qu’elles ne sont que 48% à solliciter. Elle se réalise aussi auprès des salariés de l’université (52%), de « particuliers intéressés par la recherche de l’université » (43%), des parents des étudiants actuels (36%) ou des anciens étudiants (21%) ainsi que des étudiants actuels (24%). Cette collecte est complétée par des legs (22% des fondations en ont déjà reçu un).

Les sujets de collecte sont avant tout des projets de recherche, portés ou non par des chaires (62% des fondations collectent via les chaires, 48% sur des projets de recherche « hors chaires »). Mais aussi, sur l’enseignement (le montage de formations innovantes pour 52% des répondantes), et bien entendu, l’amélioration des conditions de vie des étudiants au travers de bourses pour « l’égalité des chances » (33%), la mobilité internationale (36%) ou « au mérite » (24%).

Au-delà de ressources nouvelles, souligne l’étude, la création des fondations à l’université a sans aucun doute permis aux universités de structurer leurs relations avec les parties prenantes : pour démarcher des entreprises, des collectivités et des particuliers, encore faut-il les connaître, savoir comment on peut travailler avec eux dans un rapport « gagnant-gagnant », définir son triptyque « vision – mission – valeurs », et les projets qu’on souhaite financer par ce biais…

Pour en savoir plus, téléchargez ici le « Panorama du fundraising dans les fondations à l’université« .