« Cela dépasse tout ce qui est connu en collecte de crise »
31 mars 2020
A crise systémique, réponse systémique. La Fondation de France, l’AP-HP et l’Institut Pasteur joignent leurs forces pour appeler au don via l’alliance « Tous unis contre le virus ». Objectif : soutenir les personnels soignants, en milieu hospitalier ou non, financer des projets de recherche mais aussi accompagner acteurs de terrain et associations qui œuvrent auprès des plus vulnérables. Alors que plus de 5 millions de dons s’affichent déjà au compteur « live » mis en place sur le site de la Fondation de France, entretien avec Fréderic Théret, son directeur du Marketing et du développement.
Comment s’organise cette collecte ?
C’est assez fou. Cela dépasse tout ce qui est connu en termes de collecte de crise. D’habitude, face à l’urgence, il n’y a qu’une équipe programme concernée, plus des fundraisers et équipes communication. Ici, toutes nos équipes et tous nos programmes sont bouleversés : santé, recherche, personnes âgées, éducation, enfance… Au final ce sont 65 personnes aux programmes, 50 personnes au fundraising et 10 de plus à la communication – et les héroïques équipes de l’informatique – qui sont mobilisées depuis 12 jours, 7j/7 sans compter les heures… en télétravail ! Cela fonctionne plutôt bien. Nous avons un fil WhatsApp pour l’équipe. Où s’y dit bonjour le matin, on y partage une vidéo « bonne humeur », il y a beaucoup d’enfants en arrière-plan des conversations, y compris celles avec les donateurs ! Et au final l’ambiance est chouette, parce que dans ce chaos, on se dit qu’on a quand même de la chance de pouvoir agir.
Comment et quand seront distribués les fonds collectés ?
Partout, il faut revoir les priorités et les axes d’intervention. Financer un programme d’animation en Ehpad à ce stade, ce n’est plus trop le sujet… C’est pour nous aider à trier ces priorités que nous nous sommes alliés avec les deux experts de première ligne que sont l’AP-HP et l’Institut Pasteur. Tout a aussi été accéléré et simplifié. Des soutiens significatifs sont déjà partis sur le terrain, pour faire en sorte que tous ceux qui peuvent opérer aient les moyens de le faire et maintenir des services parfois vitaux. Nous avons mis en place un dossier de demande de subvention en 1 page. Et nous instruisons les demandes au jour le jour grâce à des comités en vidéoconférence. Sur nos programmes pour les personnes âgées par exemple, on a traité l’équivalent de 6 mois de dossiers en 48h ! Ça c’est l’immédiat, la gestion de crise. Mais il faudra continuer à gérer dans la durée, notamment pour accompagner les petites associations qui sont évidemment extrêmement menacées.
Qu’attendez-vous de cette collecte ?
Au-delà de la collecte grand public, nous mobilisons aussi tous nos réseaux de grands donateurs, nous échangeons avec nos fondations abritées. Après tout, plutôt que de voir son patrimoine fondre en Bourse, autant le donner volontairement ! Il y a des retours et des engagements incroyables. C’est un peu tôt pour en parler car cela n’a pas été concrétisé, mais j’ai bon espoir que cela fasse grimper le compteur. Je ne sais pas jusqu’où cela peut aller. L’an dernier la Fondation de France et ses abritées ont injecté 150 millions d’euros dans l’intérêt général. Peut-être pouvons-nous mobiliser un quart de cette somme ? Plus ? L’important c’est surtout de faire savoir aux associations que nous ferons tout notre possible pour être là…
Visuel Photo F. Théret
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