Philanthropie et grands donateurs : Partager en toute transparence pour continuer à nous professionnaliser
Jennifer Hallot, responsable Grands Donateurs à l'association Petits Frères des Pauvres, répond à 3 questions :
Quel a été votre parcours dans le monde du fundraising avant de devenir la responsable en charge des grands donateurs aux Petits Frères des Pauvres ?
Après mes études en droit, en sciences-politiques et en management de projet culturel, j’ai fait plusieurs CDD dans des festivals et des structures culturelles et j’ai très vite été chargée de collecter des fonds. J’ai rejoint en octobre 2004 Les Arts Décoratifs en tant que responsable du mécénat individuel. Ma mission était de recruter et de fidéliser des donateurs français et étrangers afin de notamment trouver les financements nécessaires à la réouverture du musée de cette institution qui était fermé depuis dix ans. La présidente de l’ARUP à l’époque était une des plus grandes philanthropes en Europe et aux Etats-Unis. J’ai bénéficié de son énorme carnet d’adresses pour développer notre réseau de philanthropes et découvrir le monde des très grands donateurs.
Après dix années dans la culture, j’ai souhaité changer de secteur et j’ai rejoint l’Hôpital Robert-Debré AP-HP afin de créer le service mécénat-partenariats. Il y avait tout à faire dans cet établissement pédiatrique universitaire qui avait d’énormes besoins. Après cette très belle expérience, j’ai voulu aller dans une structure de protection de l’environnement car j’ai toujours été très attachée à cette cause. WWF France m’a recrutée en décembre 2018 en tant que responsable de la philanthropie. J’ai défini et mis en place leurs stratégies pour les middle et les grands donateurs et je suis partie en septembre 2020 chez Greenpeace France pour créer et piloter leur unité philanthropie. Après la culture, la santé et l’environnement, je me suis dirigée en janvier 2024 vers la solidarité pour rejoindre les Petits Frères des Pauvres en tant que responsable des grands donateurs pour leur fondation et leur association.
Vous pilotez depuis plus d’un an le club métier des grands donateurs de l’AFF. Quel est le rôle et l’importance de cette structure pour ses membres ?
Je suis moi-même un pur produit de l’AFF. J’ai appris le métier de fundraising sur le tas et pour me professionnaliser j’ai très vite fait appel aux services de cette association. J’ai commencé par participer à des petits-déjeuners puis à des formations et j’ai passé en 2011 le Certificat français du Fundraising (CFF). J’ai envoyé depuis des dizaines de personnes suivre cette formation continue professionnalisante.
Le club métier des grands donateurs est un lieu d’échange et de partage. J’adore nos réunions en petits comités où nous discutons en toute transparence. Tous les secteurs et toutes les tailles de structures sont représentés. Certaines lèvent 170.000 euros par an, d’autres plusieurs millions. Notre club comprend aujourd’hui une trentaine de membres qui ont tous au moins deux ans d’expérience professionnelle auprès des grands donateurs. Nous nous retrouvons trois ou quatre fois par an dont deux fois en présentiel généralement lors d’un déjeuner entre 12H30 et 14H. Durant ces rencontres, nous nous présentons, nous analysons un thème choisi ensemble préalablement et nous partageons nos bonnes pratiques. Nous parlons aussi du « mercato » car les gens bougent beaucoup dans notre métier et certains évoquent les postes qu’ils ont à pourvoir. Nous comparons également les résultats de nos dernières campagnes et nos montants de collecte. Ces échanges très riches sont primordiaux car nous avons tous à gagner si nous continuons sans cesse à nous professionnaliser.
En dehors de ces quatre rendez-vous annuels, nous restons en contact les uns avec les autres quand nous avons des besoins ou des interrogations ponctuelles. Nous nous échangeons des emails ou nous contactons par téléphone pour évoquer des sujets bien précis. Et nous nous retrouvons lors des divers temps forts de l’AFF.
L’AFF va organiser, les 5 et 6 novembre 2024, une nouvelle conférence dédiée aux grands donateurs et à la philanthropie. Pourquoi les fundraisers ont, selon vous, intérêt d’y participer ?
Les fundraisers travaillent souvent seuls et dans de petites équipes. Cette conférence est une occasion, pour nous, de nous rencontrer, d’échanger et de partager nos compétences et retours d’expérience. Pendant deux journées, nous prenons du recul et parlons des dernières tendances de notre secteur. C’est un véritable plaisir d’être tous ensemble au même endroit.
Cette conférence se tiendra à la fois en présentiel et à distance afin que les personnes trop éloignées puissent également y participer. J’apprécie que l’AFF ait décidé d’augmenter les moments informels entre les ateliers autour de déjeuners et de cafés car ces parenthèses nous permettent de mieux nous connaître et d’échanger. Cette conférence est, par ailleurs, un moyen de faire évoluer sa carrière. J’ai personnellement trouvé presque tous les postes que j’ai occupé durant des séminaires de l’AFF. Quand je vous disais que j’étais un pur produit de cette association...