En ouverture du 23e séminaire francophone de la collecte de fonds le mardi 25 juin dernier, le président de l’AFF, Jonathan Hude-Dufossé, est revenu sur le contexte politique actuel. Ce dernier a marqué l’importance de se donner les moyens d’agir face à la poussée de l’extrême droite, tant les enjeux sont énormes notamment pour le secteur associatif. Nous vous partageons son discours.

Ce temps d’introduction aujourd’hui, dans la période actuelle troublée, nous oblige à nous donner aussi les moyens de réagir.  Être neutre dans ce moment n’est pas une option car compte tenu de la menace et des enjeux majeurs qui pèsent sur le fait associatif, et sur la société dans son ensemble, la neutralité n’existe pas. Ne pas se positionner, c’est se positionner. Les silences sont bruyants et cautionnent, comme par omission,  les risques à venir. 

Nous assumons donc un propos plus politique qu’à l’accoutumée en tant qu’organisation du secteur de la générosité en France, qui fait vivre et rayonner la culture et les valeurs de la générosité, de solidarité, d’entraide.
En tant que communauté de fundraisers, oeuvrant pour des associations qui créent et renforcent au quotidien les conditions du mieux-vivre ensemble et auxquelles nous donnons les moyens d’agir.
Nous citoyennes et citoyens appelons de nos voeux une société de solidarité générale, de fraternité et de sororité universelles, d’accueil inconditionnel, où l’Autre – l’altérité, la différence – est une richesse et non une menace.

Drôle de hasard dans ce drôle de calendrier, l’AFF réaffirmait début juin à l’occasion de son assemblée générale sa raison d’être : donner les moyens aux fundraisers francophones, fédérés au sein d’une communauté professionnelle solidaire, de porter les combats environnementaux et sociétaux d’aujourd’hui et de demain. Et ses valeurs : l’engagement, le faire ensemble, le professionnalisme, l’éthique et la convivialité.

Nous, fundraisers, savons mieux que quiconque ce que le fundraising apporte au monde. Ce que les associations, membres à part entière de la société civile, apportent au monde. Comme elles le construisent, comme elles le réparent, comme elles l’améliorent pour lutter contre toutes les vulnérabilités, sans distinction.

 

Un gouvernement d’extrême droite entraînerait un risque certain pour toutes les associations qui changent la donne pour les populations les plus vulnérables, précaires, minoritaires ou minorisées.

– Un risque pour les droits et libertés des femmes et des minorités de genre : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, droits des femmes à disposer de leur corps librement, accès à l’IVG… L’extrême droite a toujours été à rebours des combats féministes et progressistes et partout où l’extrême droite est arrivée au pouvoir, les droits des femmes ont reculé.

– Un risque pour les personnes en situation de migration et les associations qui leur viennent en secours. Personne ne quitte son pays, ses racines, sa famille, à travers un parcours migratoire périlleux et létal, traversant des pays en guerre, traversant la méditerranée sur des embarcations de fortunes surpeuplées parce qu’ils voudraient toucher des prestations sociales.

  • 3105 personnes mortes en Méditerranée l’an dernier.

  • 2299 personnes sauvées par SOS Méditerranée en 2023.

  • Combien de morts en plus aurions-nous dû compter si l’extrême droite avait déjà été au pouvoir et entravait davantage encore l’action humaniste et vitale de cette association ?

– Pour les plus pauvres et fragiles d’entre nous : quand le RN arrive à la tête de la mairie d’Hayange, il coupe le gaz et l’électricité du local du Secours Populaire pendant plus d’un an. Frigos et congélateurs éteints, travail dans le froid, les bénévoles et salariés ont perdu des denrées alimentaires en faveur des 1000 bénéficiaires de leur action et ont dû se réorganiser à travers des distributions uniquement de denrées alimentaires non périssables.

Et nous pourrions égrainer encore longtemps une liste déjà bien trop longue : droits de la presse, droits humains, démocratie…

C’est un risque pour certaines associations mais c’est un risque pour le secteur tout entier. C’est la définition même de l’intérêt général qui risque d’évoluer, d’être remise en question. Quelles causes pourraient sortir de ce champ ? Quel tri des bénéficiaires pourrait être opéré ? Quelles menaces sur les bénévoles et les militants ? Quel risque sur la fiscalité du don ?

 

Parce que nous avons toujours cru aux stratégies d’alliances et à la force du collectif pour transcender les frontières et parce que nous devons nous donner les moyens d’agir  :

  • Nous avons publié une Tribune, au sein de la Coalition Générosité
  • Nous avons signé des tribunes d’autres collectifs (Mouvement Asso, 1%…)

Favorisons et diffusons les actions collectives et citoyennes, en n’oubliant pas que les dimanches 30 juin et 7 juillet, vous pouvez aussi vous donner les moyens d’agir !

 

Jonathan Hude-Dufossé