La veille de l’AFF du 11 janvier 2024
11 janvier 2024
Vers un élargissement de la loi Aillagon ?
Son absence en raison du Covid n’a pas empêché Jean-Jacques Aillagon de souhaiter une réforme de la loi sur le mécénat qui porte son nom. Dans un texte lu par son successeur au ministère de la culture, Rima Abdul Malak, lors du colloque organisé le 11 décembre (à l’occasion des 20 ans du vote du texte) au Musée Guimet à Paris, l’ancien ministre a souhaité que sa loi ne soit pas « considérée comme un terminus indépassable ».
Il souhaiterait notamment « élargir la liste des bénéficiaires au mécénat » en l’ouvrant, par exemple, aux sociétés publiques. Cette idée a récemment été reprise dans une proposition de loi de la sénatrice d’Ille-et-Vilaine, Sylvie Robert (PS). M. Aillagon voudrait également inclure le bénévolat dans le mécénat. Sa loi devrait, par ailleurs, permettre à chaque citoyen de bénéficier « d’un crédit d’impôt, même modeste, qu’il pourrait affecter à une action d’intérêt général de son choix ». L’actuel dispositif pourrait enfin être étendu à la restauration complète de monuments qui seraient sélectionnés, tous les trois ans, par le ministère de la culture. L’ex-conseiller de François Pinault, aujourd’hui âgé de 77 ans, ne manque pas d’idées. Espérons qu’elles inspireront les élus de la république pour voter un nouveau texte…
Le mécénat au secours des hôpitaux ?
L’hôpital parisien Georges-Pompidou a lancé, le 28 décembre, sur X (ex-Twitter), un appel aux dons afin de boucler l’achat d’un scanner.
Cette campagne a soulevé une vague de critiques de certains élus d’opposition, à l’image des tweets du député LFI Carlos Martens Bilongo ou de la députée RN Laure Lavalette.
L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a tenté de calmer le jeu en expliquant que son futur scanner serait « très majoritairement financé » par ses soins et que le mécénat et les dons ne viendraient « qu’en appui ». Ce type de levée de fonds n’est pas rare : les six groupes hospitalo-universitaires qui composent l’AP-HP disposent quasiment tous d’équipes dédiées au mécénat et leurs appels aux dons sont fréquents particulièrement au mois de décembre.
C’est également pratique courante ailleurs : le CHU de Nantes vient récemment de faire appel aux sponsors privés pour financer certains équipements de pointe. Depuis 2014, le fonds de dotation du plus grand hôpital public de l’Ouest a collecté 11 millions d’euros et financé 130 projets dans les domaines de la recherche, de la prise en charge et du bien-être des patients.
Contre tout attente, l’année 2023 est un bon cru.
L’année s’est terminée avec une note positive de hausse des dons. Considéré comme une bonne manière de prendre le pouls de la générosité, la 37e édition du Téléthon s’est achevée avec une cagnotte finale de plus de 80 millions d’euros de promesses de dons, ce qui en fait le montant le plus élevé en fin d’émission depuis 2014, De son côté la Fondation de France a fait savoir que ses dons avaient augmenté de 10 % l’an dernier, et pointe une année « assez exceptionnelle » compte-tenu du contexte, avec un don moyen ayant atteint 400 euros.
Résister à la pression des philanthropes
Plusieurs dirigeants d’établissements prestigieux comme Claudine Gay à Harvard et Liz Magill à l’Université de Pennsylvanie ont été poussés à la démission suite aux critiques qui les accusaient d’avoir laissé prospérer des campagnes partisanes sur leurs campus. Le conflit qui oppose Israël et le Hamas à Gaza continue ainsi d’avoir des répercussions sur la philanthropie des universités américaines. Certains grands donateurs ont aussi menacé de retirer les fonds qu’ils avaient promis aux institutions jugées trop laxistes dans leurs positions voire antisémites. Si les dons versés doivent effectivement servir à financer les causes auxquelles ils ont été attribués et si les lois de chaque état s’appliquent aux organismes de bienfaisance, les universités ont également des droits qui leur permettent de ne pas céder à la pression de leurs philanthropes comme l’explique cet article publié dans The Chronicle of Philanthropy. A de rares exceptions près, les donateurs déçus ne peuvent pas récupérer les sommes qu’ils ont versées. Pour éviter toute déconvenue, les établissements doivent préciser clairement dans leur pacte les clauses et les conditions liées aux donations qu’ils reçoivent. Une structure avertie en vaut deux…
La collecte de dons en face à face n’est pas une mince affaire.
La majorité des associations doivent utiliser les services d’agences spécialisées pour organiser leurs campagnes de levée de fonds dans la rue. La plupart des personnes qui font appel à la générosité des passants sont ainsi embauchées pour des CDD de cinq à six semaines, rappelle cet article de Slate. Ils reçoivent tous une formation de trois jours mais leurs rémunérations varient en fonction des entreprises qui les emploient. Si la collecte en face à face permet souvent de séduire de nouveaux donateurs, elle a aussi un coût certain. Une campagne est rarement efficace si son budget est inférieur au million d’euros. A bon entendeur…
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