Un Complément d’enquête… à charge. Le magazine d’investigation de France 2 a diffusé, le 23 février, un reportage dénonçant l’opacité du fonctionnement du mécénat. En un peu plus de dix ans, le montant des dons déclarés aux services fiscaux par les entreprises a plus que doublé. Aujourd’hui, quasiment tous les groupes du CAC 40 ont leur fondation de mécénat. La générosité des employeurs ne seraient toutefois pas dénuée d’arrière-pensées, selon l’émission présentée par Tristan Waleckx.

Depuis la loi Aillagon en 2003, les sociétés ont en effet la possibilité de déduire 60% de leurs dons de leur déclaration d’impôts, dans une certaine limite. Complément d’enquête estime, par ailleurs, que le mécénat permettrait aux entreprises de « s’immiscer dans les politiques publiques ». Avant d’accepter de financer le nouveau centre de conférence de l’École polytechnique, LVMH s’est ainsi assuré de pouvoir y organiser des défilés une fois les travaux terminés. France 2 se demande aussi comment des photographies d’Ahae ont pu être exposées au Louvre et au Musée de Versailles alors que cet « artiste » est aujourd’hui connu pour être en réalité un homme d’affaires coréen qui blanchit de l’argent en France grâce à ces clichés. Deux exemples suffisent-ils toutefois à prouver que « les bonnes œuvres, ça rapporte », pour reprendre le titre de l’émission ? On peut en douter…

 

Moins nombreux mais plus élevés… La tendance semble se confirmer en 2022. Les associations et les structures d’intérêt général contactées par Le Monde ont constaté que le montant du don moyen avait encore progressé l’an dernier mais que le nombre de donateurs continuait lui de reculer. Médecins sans frontières, Secours populaire, France générosités et Don en confiance disent tous la même chose. La flambée des prix de l’énergie et l’inflation à deux chiffres sur les denrées alimentaires n’ont donc pas modifié cette tendance qui perturbe de plus en plus de fundraisers.

 

Des gares en manque de sous. Les 74 grandes halles voyageurs des gares françaises (GHV), qui couvrent pas moins de 425.000 m2, sont un véritable gouffre financier pour Gares & Connexions qui possède depuis 2020 les 3000 gares et haltes voyageurs du réseau ferré national. Leur entretien nécessite un budget annuel de 25 millions d’euros, selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI). Souvent attaquées par la corrosion, certaines de ces constructions représentent de véritables dangers pour le public mais leur rénovation est « un devoir patrimonial », pour David Valence le président du COI. Ce député des Vosges du parti Renaissance estime que le mécénat pourrait être encouragé pour financer les travaux nécessaires à la réfection de ces cathédrales de métal et de verre souvent plus que centenaires et pour beaucoup inscrites à l’inventaire des monuments historiques. A votre bon cœur, mesdames et messieurs les dirigeants d’entreprise…

 

La frontière devient de plus en plus floue et certains s’en inquiètent. Créé en septembre dernier, l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA), qui regroupe une quinzaine d’associations et de réseaux ainsi qu’une dizaine de chercheuses/chercheurs, vient de publier son premier rapport intitulé « Marchandisation et financiarisation des associations ».

Selon cette étude que vous trouverez ici, l’arrivée dans les années 2010 de la notion d’investissement à impact social a transformé l’association en produit d’investissement financier. Les appels d’offre et les appels à projet qui se multiplient dans le monde de la générosité brideraient, selon ce document, l’initiative associative. L’entrée dans l’économie sociale et solidaire des entrepreneurs sociaux détournerait cette économie de sa capacité à porter une critique du système économique néolibéral basé sur la croissance qui nous mettrait en péril face aux enjeux écologiques et sociaux. Un point de vue engagé auquel on peut adhérer… ou pas.

 

Le verre est à moitié plein ou à demi vide ? C’est à vous de voir… En 2022, plus de 2,35 milliards d’euros ont été collectés par le crowdfunding, selon le dernier rapport annuel du cabinet Mazars et de l’association Financement Participatif France (FPF). Ce chiffre a bondi de 25% en douze mois. Pour mémoire, il atteignait à peine 402 millions en 2018 et 167 millions trois ans plus tôt. Les plateformes attirent, à elles seules, 66% des sommes versées, loin devant les conseillers en gestion de patrimoine (15%), les fonds d’investissement (8%), les Family Offices (5%) et les réseaux bancaires (5%). Les projets financés en 2022 sont, pour beaucoup, lancés par des particuliers (84.676) mais aussi par des acteurs de l’économie sociale et solidaire (23.837), des TPE/PME/ETI (5786) et des start-ups (3966). 61.891 dossiers ont une dimension sociale ou environnementale ce qui représente un volume de collecte de 552 millions d’euros. Ces chiffres encourageants cachent toutefois une réalité un peu moins rose. Car si les prêts rémunérés continuent d’attirer de plus en plus de capitaux (2,1 Mds€ en 2022 contre 1,58Md€ en 2021), les volumes de dons enregistrent leur seconde chute successive (106,7M€ contre 196,8 M€). La générosité doit aujourd’hui rapporter des intérêts…

 

Les bénévoles reviennent en masse. Après deux années compliquées durant lesquelles l’engagement bénévole avait chuté, le recul de la pandémie permet un retour progressif à la situation d’avant crise. Selon une enquête effectuée par l’Ifop et publiée par Recherches et Solidarités, 23% des Français ont donné en janvier 2023 une partie de leur temps à une association. Ce chiffre a bondi de 3 points en un an et il atteint presque le niveau enregistré en 2019 (24%) avant l’arrivée du Covid 19.

Le pourcentage d’hommes et de femmes bénévoles est redevenu parfaitement égal (23%) alors que les associations comptaient moins de femmes dans leurs rangs entre 2010 et 2019 avant d’atteindre la parité en 2019. Durant la crise sanitaire, la proportion de femmes bénévoles avait reculé de 4 points. Cette étude confirme également l’engagement de plus en plus important des jeunes. Un quart des 15-34 ans donne aujourd’hui de leur temps à une association contre à peine 16% en 2022. La part des plus de 65 ans continue, elle, de chuter brutalement (de près de 40% en 2010 à 25% en 2023). Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien.