Les Français moins généreux mais de grosses disparités régionales existent. Le don annuel de nos compatriotes a reculé de 9 euros cette année pour atteindre 191 euros en moyenne, selon le Baromètre des générosités, réalisé par Odoxa et Leetchi pour France Bleu (). Quatre Français sur dix ont fait moins de dons sur les 12 derniers mois, un repli sans précédent. Parmi les foyers les plus modestes, cette proportion approche même 50%. L’inflation est la cause principale de cette baisse. L’institut Odoxa juge, par ailleurs, que « la volonté massive des Français de se constituer une épargne de précaution dans un contexte incertain » explique également cette chute des dons.

Les hommes donnent davantage (207 euros en moyenne) que les femmes (176 euros) en raison principalement des inégalités de ressources qui existent dans notre pays. Les actifs de 25 à 49 ans sont, eux aussi, plus généreux que les plus de 65 ans et les jeunes. 

La recherche médicale et la lutte contre les maladies reste la cause préférée des Français (39%), devant la protection de l’enfance (35%), la protection des animaux (31%) la lutte contre la pauvreté (28%) et l’aide aux malades ou aux handicapés (27%).

La « France des Métropoles » s’est, quant à elle, montrée plus généreuse que la « France des villes petites et moyennes ». Le don moyen annuel est en effet nettement inférieur à la moyenne nationale dans les communes rurales (146 euros), dans les petites villes (144 euros) et dans les villes moyennes (162 euros), alors qu’il dépasse la barre des 200 euros dans les métropoles (222 euros) et dans l’agglomération parisienne (243 euros).

La moitié ouest du pays est celle qui donne le plus. La Normandie (242 euros) et la région Nouvelle-Aquitaine (238 euros) montrent la voie à suivre à la Bourgogne-Franche-Comté (124 euros) et au Centre Val-de-Loire (126 euros).

 

Les riches Français doivent aider davantage la jeunesse. Pour éduquer, orienter et insérer le million de jeunes décrocheurs dans l’hexagone, la Fondation de France et le magazine Challenges ont lancé cet été un appel au don auprès des 500 plus grandes fortunes du pays.

Le financier cofondateur du fonds Apax Partners, Maurice Tchénio, a décidé de soutenir cette cause en acceptant de devenir un de ses ambassadeurs. « L’avenir du pays dépend de l’avenir de sa jeunesse, expliquait la 200ème fortune française dans un entretien accordé à l’hebdomadaire économique. Le fait que plus d’un million de jeunes Français n’aient ni formation, ni job est inacceptable. Pour le régler, tout le monde doit se retrousser les manches, et bien sûr, les Français les plus privilégiés doivent se mobiliser, afin que le pays ne parte pas à la dérive, et que l’on retrouve un sentiment de cohésion et de proximité les uns avec les autres. » Les vérités les plus simples sont parfois bonnes à répéter.

 

Les dons en ligne ont bouleversé notre secteur ces dernières années. Ils représentaient l’an dernier 26,8% des versements reçus par nos organisations. Les modes de paiement continuent, eux aussi, de beaucoup évoluer. L’arrivée de nouvelles technologies et l’entrée en vigueur en janvier 2018 de la deuxième Directive européenne sur les Services de Paiement (DSP2), qui vise à renforcer la sécurité des paiements en ligne en rendant notamment la procédure d’authentification forte obligatoire pour les versements en ligne par carte bancaire, ont changé la donne.

Pour comprendre toutes ces évolutions, France générosité s’est appuyé sur les données de 5 prestataires de Formulaire De Don (AssoConnect, Ediis Aid, GiveXpert, HelloAsso et iRaiser) qui représentent un panel de 1,5 Md€ de collecte en 4 ans, pour publier la toute première étude sur les modes de paiement du don en ligne.

Si la carte bancaire reste l’outil préféré des donateurs sur le web avec plus de 475 M€ collectés en 2022 en dons ponctuels via ces 5 FDD, soit 89 % des montants versés entre 2019 et 2022, PayPal voit sa popularité progresser année après année (7,8 % des montants collectés en DP online, soit 49 M€ en 2022). Apple Pay a, pour sa part, enregistré une croissance de… 261% entre 2021 et 2022, passant de 1,4M€ à 5,1M€ en douze mois. Pour télécharger le PDF de l’étude complète, cliquez ici.

 

Le mécénat d’entreprise a trouvé sa place en France. Apparu dans notre pays à la fin des années 70, il est aujourd’hui devenu la norme au sein des groupes du CAC 40 grâce notamment aux changements législatifs qui ont facilité son expansion.

Sa courte histoire comprend trois principales périodes. A la fin des années 70, les entreprises ont commencé à se questionner sur leur rôle dans la société. La création en 1986 par Claude Bébéar, le patron d’Axa, de l’Institut du mécénat de solidarité et le vote, un an plus tard, de la  loi sur le développement du mécénat, qui a introduit les premières incitations fiscales en sa faveur en modifiant le code général des impôts, ont encouragé de nombreuses sociétés à se rapprocher du secteur associatif. Un troisième tournant a été franchi en 2003 avec l’entrée en vigueur d’un nouveau texte législatif qui doublait l’avantage fiscal consenti aux entreprises mécènes. En 2008, la loi de modernisation de l’économie a été encore plus loin en créant l’outil de financement du mécénat, appelé fonds de dotation. Entre 2010 et 2021, le nombre d’entreprises mécènes a ainsi presque quadruplé pour passer de 28.000 à 108.000. Ce chiffre a toutefois tendance à se stabiliser depuis trois ans. Le moment est peut-être venu de légiférer pour entrer dans une nouvelle période de l’histoire du mécénat d’entreprise en France.

 

Coup de com ou véritable envie de faire le bien autour de soi ? Le chèque de 10 millions d’euros versé par Bernard Arnault suite à l’appel au don lancé par Les Restos du cœur a été salué par les uns et critiqué par les autres qui soulignent que cette aide représente à peine 0,004% de la fortune personnelle du fondateur du géant du luxe LVMH. « La charité est évidemment une opération de communication pour les ultrariches, estimait dans La Croix , Vincent Edin, un observateur de la philanthropie et auteur de l’essai intitulé « Quand la charité se fout de l’hôpital » publié aux éditions Rue de l’échiquier. Elle permet de lustrer son image, de prouver et d’exhiber son humanisme, et surtout de laisser une trace dans l’histoire. » Axelle Davezac, la directrice générale de la Fondation de France, est plus mesurée quand elle explique qu’il « y a toujours une part de générosité sincère dans un don ». D’autres experts ont un avis encore plus tranché. L’avocat Philippe-Henri Dutheil, qui siège aux conseils d’administration de plusieurs fondations et de fonds de dotation et qui a dirigé le département de droit des associations chez EY, juge que l’acte de générosité est, avant tout, « un coup de cœur ». Et vous, vous en pensez quoi ?