Les problèmes sont les mêmes de l’autre côté de la Manche. L’étude trimestrielle publiée par Enthuse confirme l’impact de la crise économique sur les comportements des donateurs. Frappés par l’inflation qui a atteint 10,4% l’an dernier au Royaume-Uni (une hausse jamais vue depuis près de 40 ans), plus d’1 britannique sur 2 (59%) estime aujourd’hui être dans une pire situation qu’il y a six mois. Les plus de 40 ans sont encore plus nombreux à partager ce sentiment (66%). L’augmentation des prix du gaz, de l’électricité (73%) et de l’alimentation (70%) sont les deux principales causes des soucis des personnes sondées.

Cette crise a eu un réel impact sur le comportement des donateurs. 71% des sondés expliquent ainsi avoir versé un don à une structure d’intérêt général lors des trois derniers mois. Ils étaient 75% à l’avoir fait durant l’hiver 2022. Cette chute pourrait toutefois être de courte durée. 35% des Britanniques affirment en effet avoir l’intention de faire un don très prochainement. Ce chiffre est le plus élevé depuis l’été dernier. Le ciel se dégage.

 

Une aide bien réelle dans un monde virtuel. Un an après avoir créé Will, le tout premier sans-abri du métavers, le réseau Entourage et ses 152.000 citoyens engagés ont organisé, le 12 avril, une collecte de dons sur cet univers virtuel immersif. Concrètement, chaque participant pouvait se promener grâce à son avatar dans la ville spécialement créée pour Will. Cet événement en 3D conçu par l’agence TBWA visait à sensibiliser les participants à ce qu’est la réalité de la vie des sans-logis et aussi à récolter des dons, en crypto, en monnaies fiduciaires ou par l’achat de NFT depuis des bornes installées dans le décor du métavers. Les internautes pouvaient aussi discuter oralement avec les avatars des sans-abris de l’association qu’ils rencontraient en se promenant virtuellement. Le bilan de cette opération n’a pas encore été dévoilé. Un éventuel succès pourrait encourager d’autres associations à suivre cet exemple. L’échec de plus en plus cuisant du métavers qui n’attire pas beaucoup d’adeptes sème toutefois un certain doute…

 

Les nouvelles technos aux services du Zakat Al Mal. Le troisième pilier de l’islam impose aux musulmans de faire aux plus démunis un don dont le montant est calculé en fonction de leurs avoirs. Généralement, ces aides sont versées durant le mois sacré du Ramadan. Aux Etats-Unis, les croyants sont de plus en plus nombreux à utiliser les nouvelles technologies pour aider leurs prochains. Les fonds conseillés par les donateurs (« Donor-advised funds »), qui sont des comptes d’investissement caritatifs bénéficiant d’avantages fiscaux, sont utilisés dix fois plus par les donateurs musulmans pendant le ramadan que durant les onze autres mois de l’année.

En France, la Grande Mosquée de Paris a mis, cette année, son formulaire de don en ligne sur le site de HelloAsso afin d’attirer les internautes musulmans. Le fundraising 2.0 intéresse aussi les causes religieuses…

 

Le Livre Blanc IFI 2022 est paru. Chaque année, Orixa Fundraising publie le baromètre des campagnes IFI des 15 structures qu’elle accompagne. La guerre en Ukraine a eu, début 2022, un fort impact sur la mobilisation des structures associatives et sur le comportement des donateurs. Le digital a notamment joué un rôle clé dès le début du conflit. Le bilan d’Orixa est toutefois assez contrasté.

Si le don moyen a bondi de 24% l’an dernier, les dépenses ont seulement progressé de 7,11% alors qu’elles avaient explosé de 54,4% douze mois plus tôt. 2,3 millions d’euros ont été collectés en 2022, un chiffre en légère hausse. Qui dit mieux ?

 

Le net séduit toujours plus les donateurs. L’an dernier, plus de 600 millions d’euros ont été collectés sur iRaiser à travers le monde. En France, ce sont près de 304 millions d’euros qui ont été collectés par les clients de la plateforme de dons en ligne, soit une augmentation de 44% en valeur et de 42% en nombre de transactions par rapport à l’année précédente. Le don moyen n’a, pour sa part, progressé que de 2% en un an, à 159 euros. En dehors de la protection de l’enfance et du culturel, tous les secteurs ont vu leur collecte digitale augmenter entre 2021 et 2022. Les plus fortes hausses ont été enregistrées dans la solidarité internationale (+395%), la protection de l’environnement & des animaux (+33%) et les droits de l’homme (+29%). Les secteurs de l’éducation (728 euros) suivi par celui du confessionnel (264 euros) ont reçu le don moyen le plus élevé, loin, très loin devant la protection de l’enfance (134 euros) ou celle en faveur de la sauvegarde de la nature (86 euros). Pour en savoir plus, cliquez ici.

 

Vive la crise… Le titre de ce faux journal présenté par Christine Ockrent qui avait choqué les Français en 1984 (voici un lien pour les plus jeunes) pourrait être repris par certaines structures d’intérêt général. Une étude américaine récemment publiée par Nonprofit Finance Fund montre que plus d’un tiers (36%) des organisations de bienfaisance aux Etats-Unis ont des réserves de liquidités équivalentes à, au minimum, un quart de leur budget opérationnel. Ce chiffre a doublé depuis 2018. Plusieurs causes ont enregistré une hausse brutale de leurs dons l’an dernier comme les aides alimentaires d’urgence aux plus démunis ou le soutien aux communautés rurales. Certaines associations françaises doivent ressentir une certaine jalousie en lisant ces quelques lignes…