LA VEILLE « SPÉCIALE TENDANCES 2025 » DE L’AFF du 16 janvier 2025
15 janvier 2025
2025 : l’inexorable développement de l’IA au service des collectes
L’année 2024 aura vu l’IA générative s’imposer dans le quotidien de nombreux fundraisers : aide à la rédaction d’appels au don, création d’images, vidéos ou sons pour les illustrer ou enrichir les contenus. Mais le potentiel de l’IA générative est bien plus vaste, comme l’analyse le site Charity Digital dans sa revue de tendances 2025 qui rapporte diverses expériences associatives avec l’IA : analyse des bases de données et des pratiques de dons des donateurs, amélioration des chabots de collecte…
Alors, nul doute que 2025 devrait voir l’IA continuer à s’imposer dans la boite à outils des fundraisers alors que, selon l’étude State of Nonprofit Digital Engagement Report, 92% des associations estiment que l’IA 92 % peut les aider à stimuler l’engagement de leurs donateurs. Une utilisation a minima pour « pour les tâches routinières et monotones, permettant d’économiser à la fois du temps et des ressources, de réorienter leur énergie vers des projets plus créatifs », explique Charity Digital, voire pour décupler l’efficacité des appels à dons. Pour le fundraising que l’IA est ainsi une opportunité autant qu’un défi à relever !
Un défi technique d’abord, « comme la technologie progresse rapidement, les collecteurs de fonds risquent d’avoir du mal à suivre », note ainsi le site Chronicles of Philanthropy, qui souligne également les possibles doutes des donateurs face à l’irruption de l’IA dans leurs relations avec les associations. En effet, selon le site Chronicles of Philanthropy, une enquête révèle que 31 % des donateurs seraient moins enclins à faire des dons à des organisations caritatives utilisant l’IA. Un chiffre encore plus élevé chez les donateurs fortunés : une étude menée par la BBB Wise Giving Alliance montre que 70% des donateurs gagnant plus 200 000 dollars par an et 70 % ont déclaré qu’ils seraient « découragés de donner » à une association qui utiliserait l’I.A. dans ses appels… Premières raisons de la méfiance, assez similaires à celles rencontrées dans le secteur marchand : des doutes sur confidentialité des données confiées à l’IA, note le State of Nonprofit Digital Engagement Report.
2025, remettre en lumière les « petites » générosités
Contexte politique, économique et fiscal tendu, baisse du poids « petits » donateurs dans les bases de données… les constats se répondent, aux USA, au Royaume-Uni, en France. Mais pas question pour autant de laisser les générosités les plus modestes se tarir, comme l’exhorte un article de Non Profit Quartely qui invite – pour 2025 – à « penser petit » et à remobiliser les communautés au plus près du terrain, à la collecte locale, concrète… et à la créativité !
Des ressorts mobilisés par exemple par le Secours Populaire qui lance cette semaine sa campagne annuelle Don’actions, avec un credo « il existe 1000 façons d’être solidaire ». L’occasion pour l’association de remettre également sur le devant de la scène sa « campagne la plus solidaire » opération originale lancée en décembre dernier.
En effet, à l’occasion de la journée mondiale du Bénévolat, le 5 décembre, le Secours Populaire avait initié cette campagne invitant particuliers ou entreprises à donner… de la visibilité ! En se rendant sur le site lacampagnelaplussolidaire.fr chacun peut désormais faire don d’un support à l’association : vitrine, balcon, mur de maison, ardoise de restaurant, post sur les réseaux sociaux… Avec des propositions originales à la clé recensées par exemple dans cet article de CB News.
2025 : les fundraisers de la culture face aux baisses de subventions
Alerte sur les subventions ! Le milieu culturel s’inquiète des baisses de subventions massives décidées par les collectivités pour 2025. En effet, rapporte France Info, seules deux régions, sur les 13 que compte l’Hexagone, auraient annoncé un maintien de leurs subventions au niveau de 2024 pour l’année qui s’annonce. Et dans certaines les coupes sont colossales : -62% dans les Pays de Loire, -20% en Ile de France… et ce sans compter « les départements et les villes qui s’apprêtent aussi à mettre les structures au régime sec » relate l’article. Mais la culture est loin d’être la seule concernée.
Dans la presse locale, les cris d’alertes se multiplient également du côté du sport. Les Pays-de-Loire raboteraient aussi de 100 millions d’euros leurs subventions sportives, rapporte 20 Minutes, tandis que Ouest France se fait l’écho des inquiétudes du monde sportif de l’Orne (budget en baisse de 10%). Même son de cloche encore du côté de la SNSM de la Manche, selon France Bleu, qui ne touchera que la moitié des deux millions d’euros de subvention que l’association espérait de la région. Soit un manque à gagner équivalent à un quart de son budget. Un mouvement qui pourrait bien ne faire que commencer, en attendant les lignes nationales de budget, et qui mettre sans aucun doute une forte pression sur les fundraisers pour combler des écarts conséquents. Un pari de plus à relever, avec – c’est la bonne nouvelle – une communauté soudée, des formations multiples pour les y aider et une conférence prévue en novembre 2025 sur la culture et les collectivités.
2025, année de réinvention du « fundraising social » ?
Pendant des années, cela a été une recommandation majeure de début d’année : que le fundraising investisse plus et mieux les réseaux sociaux : y développer l’engagement des communautés, y créer un narratif d’impact en continu, y multiplier les relais d’appel au don… et puis depuis l’an dernier le doute s’installe. « Pour la première fois, en 2024, nous avons suggéré de se désinvestir des médias sociaux, ou du moins d’envisager de s’éloigner des plateformes traditionnelles (…) dont le paysage semblait controversé, voire toxique, et où les possibilités de collecte de fonds semblaient s’amenuiser », relate Charity Digital dans ses « Tendances 2025 ». Mais nous avions peut-être tort, poursuit le site spécialisé. « Il n’y a pas eu de désengagement massif, les comptes n’ont pas été supprimé, les associations elles-mêmes, sont restées ».
Alors qu’envisager pour la dimension sociale de sa collecte, à l’heure où non seulement X mais aussi Facebook et Instagram, abandonnent toute modération ? Que se passera-t-il le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump mais aussi de l’initiative HelloQuitX, qui invite à quitter le réseau (ex-Twitter) et accompagne les usagers à la migration vers des alternatives (BlueSky ou Mastodon par exemple). La seule certitude en ce 16 janvier c’est que les plateformes changent, et que les fundraisers devront aussi en 2025 y faire évoluer leurs usages.
Rester, c’est, comme le propose Charity Digital, s’appuyant sur quelques exemples, résister, s’y imposer comme un bastion de vérité pour mieux y mobiliser. Partir, c’est remplacer plutôt que renoncer. Même si les options sociales de remplacement ne se sont pas encore imposées. Alors que l’école l’École Polytechnique vient par exemple d’annoncer son retrait de X, tout comme Greenpeace l’avait annoncé en novembre, il est intéressant de constater que les deux organisations valorisent dans leurs communiqués leurs médias propres (site, newsletter) pour s’informer.
2025 : des urgences et des élans renouvelés de générosité
Inondations sans précédent à Valence en novembre. Cyclone Chido ravageant Mayotte en décembre. Incendies dévorant Los Angeles en janvier. Impacts des changements climatiques en tête, tout porte à redouter que la litanie des urgences continue à s’égrener en 2025, avec le sentiment que prend en ampleur, tout s’accélère, tout se rapproche. Mais malgré tout, l’élan de générosité ne se tarit pas, comme en témoigne l’exceptionnelle mobilisation en faveur de Mayotte, relaté, entre autres, ici dans Libération.
Les comptes ne sont pas arrêtés, mais les plus de 20 millions d’euros collectés en une dizaine de jours par la Fondation de France en témoignent, ( on en est aujourd’hui à presque 45 millions !) comme les centaines d’annonces de dons d’associations plus modestes, de collectivités… les cagnottes à foison, les élans personnels… Force est de constater que la collecte d’urgence, et les fundraisers qui la portent, relèvent chaque fois le défi de mobiliser les français.
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