L’accélération est brutale et la prise de conscience généralisée… L’engagement des sociétés est aujourd’hui une réalité. « Après l’enjeu de digitalisation profond des entreprises depuis ces 15 dernières années, on passe au Move d’engagements accélérés par la crise sanitaire, avec une prise de conscience qui s’infuse enfin auprès de toutes les strates des entreprises », résume Karine Tisserand, la directrice générale du Club des Annonceurs. La récente étude menée par ce think tank de dirigeants de marques et par le spécialiste en relations presse Cision est sans appel : 68% des 503 professionnels du marketing et de la communication interrogés pour cette enquête affirment que leurs sociétés ont déjà mis en œuvre des actions d’engagement concrètes. Ce chiffre a bondi de dix points en un an. 80% des sondés estiment même qu’avoir un rôle sociétal et/ou environnemental représente aujourd’hui une question de survie pour leur entreprise. Leurs salariés en sont les premiers convaincus. Les travailleurs représentent même un des principaux moteurs de ce changement.

La 21ème édition du Trust Barometer de l’agence Edelman, qui regroupe les témoignages de 33.000 personnes résidant dans 27 pays, montre que 86% des collaborateurs attendent ainsi que leurs CEO s’impliquent publiquement dans la gestion des sujets sociétaux et 68% considèrent que leurs patrons doivent prendre le relais des gouvernements si ceux-ci n’arrivent pas résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés. Les PDG apprécieront… ou pas. Une étude de l’Ifop menée en faveur de l’Alliance pour le mécénat des compétences affirme, pour sa part, que 97 % des salariés estiment que les entreprises ont un rôle à jouer sur les questions d’intérêt général. Certains chiffres sont plus parlants qu’un long discours… Les consommateurs ne disent rien d’autre.

Si l’on en croit une récente étude du cabinet d’études et de conseil Kantar, 59% des Français affirment que le développement durable relève principalement de la responsabilité des sociétés. Les pouvoirs publics commencent, à leur tour, à s’impliquer dans ce bouleversement profond de notre modèle économique.
Ce mois-ci, Marlène Schiappa, la Ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, et Olivia Grégoire, la secrétaire d’État chargée de l’économie sociale, solidaire et responsable ont publié un guide pratique du mécénat de compétences à destination des entreprises qui souhaitent s’engager.

Cet opuscule de 20 pages, qui s’adresse plus particulièrement aux TPE et PME, souhaite faire connaître la nouvelle facette de l’engagement des salariés dans le monde associatif, qui concerne déjà plus de 104.000 entreprises mécènes en France en 2019. « Permettre à ses salariés de s’engager pour des projets d’intérêt général (est) un pari gagnant pour tous, juge Olivia Grégoire. Il est important, au travers de ce guide, que les entreprises de petite et moyenne tailles trouvent les clés pour se lancer dans cette collaboration innovante. Ce ne doit pas rester l’apanage des grands groupes. » De plus en plus de sociétés de taille moyenne ou modeste semblent l’avoir compris.

Les petites entreprises représentent aujourd’hui les 2/3 des mécènes déclarant des dons, selon le tout dernier Panorama national des générosités. Leur nombre est passé de 15.500 à 62.000 sociétés entre 2010 et 2018. La part des grands groupes a, en conséquence, chuté de 8 points en 8 ans pour atteindre 54% du mécénat déclaré. Les dons des sociétés ont atteint 3,5 milliards d’euros en 2019. Ce montant, qui représente 41% de la générosité des Français, a bondi de 119% depuis 2010. L’engagement des entreprises commence à avoir des conséquences sonnantes et trébuchantes…