« Le fundraising n’a pas été construit pour les femmes, alors nous avons construit quelque chose de nouveau ». C’est sous ce titre un brin provocateur que Suzanne Ehlers, Directrice exécutive de USA for UNHCR et Jessica de Rothschild, philanthrope et coprésidente du Comité des femmes, signent une tribune sur le site Inside Philanthropy. Objectif : expliquer comment elles pilotent actuellement une campagne de levée de fonds pour des bourses au profit de femmes réfugiées, financées par des femmes, en partant non pas de l’objectif de collecte, pierre angulaire traditionnelle des campagnes majeures, mais de l’impact attendu par les contributrices.

« Tout le monde est bien conscient du transfert de richesse vers les femmes qui est en cours. Ce dont on parle moins, c’est de la nécessité de faire évoluer et de modifier les tactiques, les approches et les campagnes de collecte de fonds pour s’adapter à cette situation. Les femmes sont souvent invisibles dans leurs contributions philanthropiques, alors qu’elles prennent 85 % de toutes les décisions philanthropiques et qu’elles sont appelées à hériter de 70 % de la richesse mondiale ». Face à ce constat, les deux partenaires décident en 2024 de repenser les approches « conçues dans les années 70 et 80 pour des philanthropes masculins » pour s’adapter aux attentes féminines : approches collectives, moins transactionnelles et plus relationnelles, dans lesquelles elles se positionnent comme des « co-créatrices d’impact » et pas simplement comme des contributrices financières.

Au résultat, la campagne « Building Better Futures » qui part d’un objectif d’impact (1000 bourses pour des femmes réfugiées), pour aboutir à un montant correspondant de collecte de 15 millions de dollars d’ici fin 2028. Une campagne qui inclut aussi un objectif de coopération : créer un réseau de 2500 donatrices engagées. « Des philanthropes, militantes et leaders qui privilégient un impact profond et durable à des gains rapides et qui s’engageront à nos côtés à long terme ». Des objectifs co-créés avec les donatrices, même si, admettent les partenaires, le changement de prisme n’a pas été évident dès le début pour elles aussi.

Lancée il y a un mois, la campagne a déjà permis de collecter 3,1 millions de dollars, à la fois en invitant des donatrices passées à renforcer leur engagement et en recrutant de nouvelles contributrices. « Alors que le paysage philanthropique évolue, concluent Suzanne Ehlers et Jessica de Rothschild, ce modèle — mener avec impact, instaurer la confiance et co-créer une vision — offre une feuille de route à ceux qui luttent face à l’assèchement des sources de financement traditionnelles. Car en réalité, cette approche ne s’adresse pas uniquement aux femmes, mais à toute personne qui souhaite donner un sens à ses dons ».

La contribution intégrale est à lire sur Inside Philanthropy.