Oxfam : parler ou se taire ?
13 mars 2018
Alors que l’affaire Oxfam a coûté (pour l’instant) 7 000 donateurs à Oxfam Grande-Bretagne, en France, les réactions sont mitigées, et pour cause. La situation est ultra délicate et potentiellement explosive. Le JDD a parlé de « silence gêné des ONG », expliquant que l’affaire a« plongé ce monde de vertu dans un désarroi quasi mutique ». L’hebdomadaire dominical n’a pas hésité à jeter de l’huile sur le feu, jugeant « troublant » le silence des ONG qui n’ont pas souhaité répondre à une enquête réalisée par Reuters sur les abus sexuels. Si 4 ONG sur 10 n’ont pas donné suite aux questions posées par l’agence de presse, elles sont tout de même 6 sur 10 à avoir joué cartes sur table. Depuis le déclenchement de l’affaire Oxfam, Médecins sans Frontières, Solidarités International, Handicap International ou CARE ont évoqué publiquement les abus qui ont eu cours dans leur rang et leurs dispositifs pour y remédier. Quitte à prêter le flanc à un jugement plus négatif que positif, comme le montre ce papier du Figaro (lire ici)
Alors, à tout prendre, vaut-il mieux parler que se taire ? Dans une intéressante tribune à Libération, Pierre Micheletti, co-responsable d’un Master spécialisé sur les organisations internationales à l’IEP de Grenoble, invite ainsi les ONG à prendre la parole. Histoire d’expliquer que, quoiqu’en disent « les dénonciateurs [qui] glissent vers une caricature universelle des humanitaires », non, on ne peut pas tout mettre dans le même sac ! Et quand bien même, écrit-il, « Oxfam, malgré les événements récents, reste une grande organisation dont on ne peut rejeter en bloc les réalisations. Parmi les premières, elle s’est engagée dans un rééquilibrage des liens entre le pouvoir des sièges sociaux occidentaux et les entités nationales. Ce qui vient de se passer en Haïti est le brusque et retentissant déni de cette volonté de décentrer les lieux du pouvoir. Un dérapage de l’intime, rattrapé par d’autres affaires qui construisent un sentiment de gabegie mondiale de l’organisation ».
L’affaire devrait plus encore mobiliser les réflexions tous azimuts dans les semaines à venir. Car il n’y a pas qu’Oxfam sur le grill. « Alors que l’ONG britannique est depuis visée par de nouvelles accusations portant sur des viols au cours de missions humanitaires au Soudan du Sud ou sur des abus sexuels au Liberia, Médecins sans frontières (MSF), la Croix Rouge ou encore l’International Rescue Committee se retrouvent également impliqués dans des scandales sexuels, révélés ces derniers jours », indique Le Monde.
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