Poursuivre, s’adapter ou se réinventer ? Coordination Sud offre de la matière à penser à un secteur associatif sous tensions financières
20 novembre 2025

Alors que leur contexte géopolitique et financier se tend, parfois à l’extrême, comment évoluent et peuvent continuer à évoluer les modèles d’action, d’organisation et de financement des organisations de solidarité internationale (OSI) ? C’est à cette difficile question que s’attaque le récent rapport « Poursuivre, s’adapter ou se réinventer face à des vents contraires ? » publié par Coordination Sud, dans le cadre de son OngLab. Un rapport centré sur les spécificités des OSI, mais qui offre en creux une riche matière à penser à l’ensemble des associations et fondations hexagonales confrontées à des baisses de financement, à la montée des difficultés d’opérer dans un contexte politique tendu ou à des impératifs de coopétition croissants.
Faire un état des lieux sans détours des impacts des transformations actuelles, politiques et géopolitiques sur les OSI, repérer les réponses à l’œuvre, et poser les questions structurantes pour l’avenir, voire la survie, du secteur de la solidarité internationale. Ce sont les ambitions du rapport « Poursuivre, s’adapter ou se réinventer face à des vents contraires ? Quelles capacités d’agir pour les organisations de solidarité internationale dans un contexte politique et géopolitique qui met en cause leur légitimité ? » récemment publié par l’association Coordination Sud, qui rassemble les ONG de solidarité internationale française. Basé sur des entretiens avec des Directeurs et Directrices d’OSI, ce rapport sonde leurs réponses face à des forces de bouleversement puissantes, qui signent, note le rapport, une forme de fin des « Trente Glorieuses des organisations de solidarité internationale » (de la chute du Mur de Berlin à la pandémie de Covid) ».
Quels sont ces vents contraires ? La montée en puissance d’une « vague conservatrice et autoritaire », cumulée à une « vague d’affaiblissement du multilatéralisme et de remise en cause de la ‘domination occidentale’ », qui remettent en cause la place même de la solidarité internationale. Ces vagues s’incarnent notamment dans l’effondrement des financements, en particulier ceux des agences d’aide au développement, notamment mais pas uniquement. En effet, les OSI sont aussi confrontées à la remise en cause de leurs postures partenariales, de l’espace civique à l’échelle mondiale – et donc de la capacité à agir et plaider ensemble – ou encore de leur mobilité internationale.
Quelles réponses déploient les OSI dans ce contexte, en particulier en ce qui concerne les modèles financiers ? D’abord un resserrement des activités sur le terrain, une chasse à la réduction des charges (notamment de personnel). Le rapport note également une tendance croissante à la mutualisation des ressources, notamment au sein de réseaux « familles » pour permettre aux structures les plus fragiles de survivre… ou à l’autre bout du spectre, une tendance à « vautouriser » ou « composter » les activités de ces structures plus fragiles pour éviter qu’elles ne se perdent dans un contexte de « compétition féroce » pour les soutiens de partenaires en forte réduction. Enfin, de nombreuses OSI indiquent se lancer dans la recherche de nouveaux financements (à la fois publics et privés ; régionaux, nationaux et internationaux, etc.). Premier relais de croissance perçus côté fonds privés : les fondations, notamment d’entreprises. Autre voie : les organisations ayant une base sociale (professionnelle, confessionnelle, militante ou citoyenne) qui leur apporte des dons « sont souvent dans une approche de sécurisation et de renforcement de cette base », note le rapport.
Reste que cette diversification des ressources ne se fait pas toujours dans la facilité. Se rapprocher du mécénat implique de dépasser les postures parfois méfiantes, ou prudentes, qui perdurent dans certaines OSI. Et remobiliser les bases adhérentes ou militantes, appelle à une mise à l’écoute profonde de leurs attentes, dans un contexte chahuté où les visions et postures s’affrontent.
Alors faut-il poursuivre, maintenir les modèles à tout prix, posture souvent adoptée par les « anciens » du secteur ? Faut-il s’adapter, faire évoluer son modèle progressivement, pour ne pas prendre le risque de le briser, solution adoptée par la plupart des organisations sondées ? Ou faut-il se réinventer, « répondre à la radicalité des bouleversements récents par une radicalité dans les changements à opérer », option plutôt envisagée par les structures les plus récentes et les plus jeunes générations de directeurs. Des questions auxquelles sont confrontées les OSI de manière criante, mais dans lesquelles bien des organisations opérant sur le territoire français peuvent aujourd’hui se reconnaitre tandis qu’elles font face à des baisses drastiques des subventions, à la montée des difficultés d’opérer dans un contexte politique tendu, à des impératifs de coopétition croissants, et à une concurrence renforcée pour les financements privés.
Chacun apportera sa réponse, ses voies et leviers porteurs d’avenir, qui pourront notamment être nourris de ce riche rapport de Coordination Sud. Des pistes à envisager en écoutant l’alerte qu’il donne à ses lecteurs : « faire évoluer son modèle économique n’est pas seulement une question de diversification de ses ressources. Il s’agit de réfléchir plus en profondeur à la modification de sa ‘proposition de valeur’ et à l’équation budgétaire permettant de produire cette valeur. Cette réflexion nécessite (…) d’investir du temps et de l’expertise, ce qui est précisément le plus difficile dans une période de changements brutaux ». Cette réflexion nécessite donc de choisir, stratégiquement, de mobiliser des ressources, alors qu’elles se font rares, de se donner les moyens de penser et construire la pérennité.
Pour lire l’intégralité du rapport, rendez-vous sur le site de Coordination Sud.
© Photo : Couverture du rapport « Poursuivre, s’adapter ou se réinventer face à des vents contraires ? », publié par Coordination Sud, dans le cadre de son OngLab.
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