Semaine 3. Du don, et encore du don. Des initiatives généreuses, solidaires, engagées (ou les trois à la fois) jaillissant de tous les interstices. L’avènement du « prenez soin de vous » et d’un élan d’attention à autrui sans précédent que les anglosaxons viennent de baptiser « caremongering« , en opposition au fearmongering ou au warmongering, incitations à la peur ou à la guerre (à écouter ici sur le sujet, le podcast québécois Filantropio qui liste également quelques références incontournables en ce moment, de la philosophe spécialiste du « care » Cynthia Fleury au neuropsychiatre Boris Cyrulnik).

Difficile de suivre et de comptabiliser les élans, même si certains indices (à commencer par le nombre de cagnottes créées) laissent à penser que la somme sera aussi inédite que la crise, comme le souligne aussi Antoine Martel, de iRaiserdans les pages de Carenews.  Mais l’emballement de la machine a aussi ses travers. L’annonce, cette semaine, par le Ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin d’un projet de plateforme de dons pour soutenir les indépendants et les petites entreprises via le fonds de solidarité créé par l’Etat soulève de grandes interrogations et fait crisser des dents (à lire notamment, l’édito de Pierre Siquier de France Générosités).

Les lignes se brouillent depuis longtemps dans notre paysage de la générosité. Entreprises, citoyens, associations, même combat ? Peut-être dans l’instant. Mais si pour les premiers, le fameux « care » est souvent un supplément d’âme, un élan du moment, il reste le cœur battant de nos organisations. Alors habituées que nous sommes à prendre soin des autres, veillons à prendre aussi soin de nous. Et à encourager les élans à se construire avec nous.