Concours de circonstances ou signe de l’émergence d’une cause à part entière ? Cette quinzaine, reportages et initiatives visant à lutter contre la « précarité menstruelle » fleurissent. Et signent la fin d’un tabou ?

 

 

Les acteurs du développement le savent depuis longtemps : dans certains pays, pour une jeune fille, l’arrivée de ses règles signe souvent la fin de sa scolarisation. Le sujet est régulièrement abordé, mais souvent entre les lignes. Voir parfois en note de bas de page, sous couvert d’incitation à financer des latrines dans les écoles. Ce tabou, Care a décidé d’en faire sa cause à part entière en ce mois de janvier, avec une campagne #RespectezNosRegles signée de BBDO Paris (en mécénat de compétences).

Au programme de cette levée de voile, un film qui joue les fausses pistes en montrant une mère accompagnant sa fille à l’école… ou plutôt l’inverse, une jeune fille accompagnant sa mère à l’école avant de retourner chez elle s’occuper de tâches ménagères ! « Imaginez devoir attendre la ménopause pour retourner à l’école » souligne le spot, avant de conclure « agissons pour que les règles ne soient pas un obstacle dans la vie des femmes » (film à visionner ici, sur le site de Care). La campagne comporte également un volet réseaux sociaux soutenu par diverses personnalités et mouvements féministes et un volet RP avec de nombreuses reprises dans la presse féminine.

Mais au-delà de cette campagne qui parle d’ailleurs, le mouvement trouve aussi un écho en France. Car la « précarité menstruelle », n’est pas qu’une affaire de pays en développement. Il faut souligner ici le travail de l’association Règles Elémentaires, créée en 2015, et première association à se donner pour mission la collecte de produits d’hygiène féminine à destination des femmes démunies, particulièrement des femmes sans abri. Un pan de collecte en nature jusqu’alors peu exploré mais qui se développe. A voir cette quinzaine : le reportage de France 3 sur Règles Elémentaires à Marseille ou celui sur le jeune collectif « Et pendant ce temps-là, le Tampax » à Lille.

A Lille, justement, Sandrine Rousseau, Vice-Présidente de l’Université de Lille, a soutenu en ce début d’année la distribution gratuite de 30.000 kits de protections hygiéniques aux étudiantes de son établissement. Une initiative largement relayée (à voir notamment, le reportage de Brut) qui a autant vocation à aider les étudiantes à pouvoir « se concentrer sur leurs études », qu’à lever le tabou. Ici aussi.