Quel bilan tirer du Téléthon 2017 ? Claire Schiller-Heuzé, directrice Marketing et Développement des Ressources à l’AFM Téléthon nous a fait le plaisir de répondre à nos questions.

AFF : Quel est le résultat définitif de la collecte du Téléthon 2017 ?

Claire Schiller-Heuzé : Il est un peu tôt pour conclure, car une grande partie du Téléthon se fait au travers de près de 20 000 animations locales qui mobilisent 200 000 bénévoles chaque année et dont les fonds sont encore en cours de remontée. S’agissant des dons eux-mêmes, les concrétisations de promesses sont encore en cours pour le 3637. Le chiffre final sera connu fin mars !

 

AFF : Cette année, le Téléthon a été impacté négativement par la cérémonie pour la mort de Johnny Hallyday qui s’est déroulée le même week-end. Y a-t-il eu un effet de rattrapage après ce week-end ?

Claire Schiller-Heuzé : La plus grande force du Téléthon c’est son caractère événementiel. C’est aussi sa fragilité. L’effet rattrapage, s’il joue à plein auprès de nos donateurs les plus fidèles, permet difficilement de rattraper totalement le retard pris lors du week-end, notamment sur le recrutement. Concernant l’impact de la cérémonie pour Johnny Hallyday, il est difficile de l’évaluer précisément à cette date. Ce que l’on sait, c’est que les animations locales, et notamment celles du samedi après-midi ont été impactées : la France était devant les écrans de télévision pour suivre la cérémonie d’hommages et la fréquentation des animations Téléthon s’en est ressentie (comme la fréquentation générale des commerces et du e-commerce sur cette journée). Et évidemment, la visibilité de l’événement en lui-même a été impactée : sur le ON et en comparaison avec le Téléthon 2016, nous avons observé un net recul du volume des requêtes Téléthon pendant le week-end.

AFF : Plus généralement, au vu des résultats du Téléthon, en baisse depuis dix ans, estimez-vous que le dispositif s’essouffle ? 
Claire Schiller-Heuzé : Résultats en baisse depuis dix ans, c’est un peu vite dit, non ?!  Evénement populaire par définition, le Téléthon a sans doute plus tôt que les autres subi les impacts de la crise de 2008 mais la situation s’est redressée et depuis le Téléthon 2014, le chiffre final s’est maintenu au-delà de 90 000 000 euros. La première chose à noter à propos du Téléthon français, c’est sa longévité et sa pérennité. Aujourd’hui il représente la plus grande collecte événementielle récurrente au monde et réussit à mobiliser sur un week-end des millions de personnes : donateurs, bénévoles et participants aux animations. Je l’explique par au moins deux raisons. La première est de l’ordre du pilotage et du leadership : le Téléthon reste porté par l’association de malades et de familles elle-même, dans un partenariat équilibré avec France TV. La deuxième est relative au dispositif et à la place qu’y occupe la mobilisation locale, l’ancrage sur le territoire et tout ce qui fait que le Téléthon est, pour reprendre la formule de Pierre Tchernia, « un 14 juillet en hiver ». C’est aussi ce qui explique des montants de collecte sans rapport avec les autres shows télévisés caritatifs. Evidemment, la réalité des avancées, en matière de recherche ou d’aide aux familles est essentielle. Tout comme la transparence. Le Téléthon est aussi et de plus en plus, une occasion de rendre compte devant les Français.

AFF : A quelles évolutions avez vous procédé ces dernières années ? Et quelles sont vos pistes d’évolution pour les années à venir ?
Claire Schiller-Heuzé : C’est une vraie question : comment évoluer sans changer les fondamentaux ? La première évolution sensible, c’est le développement du numérique, qui représente aujourd’hui plus de 20 % de la collecte et continue à croître fortement. C’est aussi la prise en compte d’une double réalité : la TV ne rassemble plus autant qu’avant, du fait de la fragmentation des audiences et du développement de la consommation délinéarisée des programmes, mais la TV reste et restera encore longtemps le média qui rassemble le plus de personnes simultanément. Cette année, le conducteur a été revu en profondeur, avec des programmes innovants en journée (mais peu regardés au vu de l’actualité et de leur report sur d’autres chaînes du groupe France Télévisions), et des access qui ont très bien performé en audience. Au-delà, la stratégie vise également à aller chercher nos publics là où ils sont, sur le territoire avec les animations bénévoles, et sur les écrans avec des propositions de contenu adaptés aux différents publics : sur les grands carrefours d’audience et de e-commerce avec des partenariats puissants et du storytelling autour de notre campagne : à titre d’exemple, l’interview d’Apollo, un de nos jeunes ambassadeurs 2017 sur Brut a fait plus d’un million de vues en deux diffusions ; le Téléthon gaming organisé par Pierre Lapin et Luciole à l’initiative de France Télévisions Editions Numériques a réuni des milliers de jeunes sur la plateforme Twitch dans un format alternant les séances de jeu en streaming et les séances de talk en plateau, avec des guests stars telles que Norman, Cyprien ou Hugo tout seul. Et les youtubeurs invités en plateau : Mister V, Youssoupha Diaby, Hugo tout seul et Hakim Jemili se sont donnés à fond… pour répondre au 3637 !