Agenda
16 septembre 2011

Hélène Bongrain

Directrice du développement des ressources – Institut Curie

« Je suis le garant de la capacité de l’organisation à développer au mieux ses ressources privées, en faisant mieux connaître à tous les niveaux mon champ d’activité, ses enjeux et ses contraintes »

Diplômée d’HEC Paris en 1980 et d’un MBA de « Nonprofit management » (gestion à but non lucratif) aux Etats-Unis, Hélène Bongrain a travaillé pendant 12 ans dans le secteur marchand en communication et marketing avant d’opter en 1994 pour la collecte de fonds. Ce choix correspondait au sens qu’elle voulait donner à son parcours professionnel, à une période où ce milieu était peu développé en France. Elle a tout d’abord commencé au Centre Français de Protection de l’Enfance, puis elle a rejoint le CCFD – Terre solidaire où elle a occupé le poste de directeur relations donateurs et grand public. En 2006, elle est devenue directrice du développement des ressources à la Fondation Abbé Pierre et occupe aujourd’hui le même poste à l’Institut Curie depuis mars 2011.

Elle assimile son rôle actuel à celui en externe d’un « ambassadeur » auprès des donateurs, afin d’expliquer et justifier les besoins de son organisation et de sa cause. Il s’agit de faire en sorte que toutes les conditions soient réunies pour in fine accroître les ressources de l’organisme. « En interne, je participe aux arbitrages budgétaires et aux allocations de moyens et, à ce titre, je suis le garant de la capacité de l’organisation à développer ses ressources privées à tous les niveaux ». Au-delà de cet aspect, elle dirige une équipe, avec un management qui doit nécessairement tenir compte des spécificités du milieu associatif. « Le management est peut-être plus difficile dans le non profit que dans le secteur marchand car les gens ont une part d’engagement et leurs motivations sont plus complexes. C’est un management où le consensus est très développé, beaucoup plus que dans le privé : il faut savoir expliquer et défendre ses choix ».

Pour bien mener ses missions, elle estime que, vis-à-vis de ses collaborateurs, il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance des fondamentaux utilisés dans le fundraising (levée de fonds), ou à minima dans l’une de ses composantes. « Le directeur du développement des ressources doit apporter de la valeur ajoutée et de l’expertise à son équipe, savoir se suppléer aux membres de l’équipe en cas d’absence ». Elle conseille ainsi de connaître et de maîtriser les techniques de marketing et de communication appliquées. « Un profil de contrôleur de gestion ou de finance n’est pas le plus adapté. Il faut savoir comment on se sert des études marketing, connaître les techniques qui rendent un message efficace, les règles de base en communication ou encore les techniques d’analyse statistique et celles relatives au marketing direct. » De plus, une solide expérience acquise dans le métier lui semble nécessaire, car elle permet de dégager une plus value auprès des autres membres de l’équipe. « Avec l’expérience, on a une vraie valeur ajoutée, on sait repérer les tendances et projets porteurs, anticiper les problèmes et les résoudre, on a une certaine capacité d’innovation et on voit le détail qui fera toute la différence ». Mais le plus important, c’est d’avoir cette capacité à écouter les autres. « Il faut être dans l’empathie, savoir écouter son équipe et les donateurs ; savoir se mettre en retrait et être ainsi porteur d’une posture de la générosité ».

Depuis le début des années 2000, elle constate que la concurrence entre les organismes à but non lucratif est de plus en plus forte et que la montée en compétences a accru considérablement la qualité des actions et messages. On se dirige de son point de vue vers une importance plus grande accordée au sens et à l’interaction avec ses différents publics. « Il faut être plus pro-actif, donner du sens autour de l’organisation et de la cause que l’on défend. On est aussi dans l’ère d’une relation donateur plus participative et interactive avec plus d’échanges mais aussi d’exigence de la part du donateur ».