Marie-Stéphane Maradeix
Directrice de la Campagne pour l’Ecole Polytechnique – Fondation de l’Ecole Polytechnique
« Le directeur du développement ne réussira sa mission que s’il est rattaché à celui qui dirige et qu’en plus celui qui dirige a intégré cette mission dans sa propre feuille de route. »
Marie-Stéphane Maradeix a fait le choix de l’intérêt général dès la fin de ses études à l’EM Lyon, en effectuant son stage de fin d’année dans une ONG. Après un an de recherche aux Etats-Unis, elle connaitra plusieurs expériences professionnelles dans le financement de projets liés à l’éducation et à la formation, notamment au sein de Médecins du Monde, du Secrétariat d’Etat aux droits de la femme, puis à la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil où elle dirigera la campagne de développement. C’est là qu’elle mettra en application la méthode de levée de fonds nord américaine à laquelle elle se forma au Canada. Devenue directrice adjointe de la campagne à l’ESSEC, elle rejoint la Fondation de l’Ecole Polytechnique en 2007 en tant que directrice du développement pour lancer et développer la première campagne au bénéfice de l’Ecole Polytechnique.
Marie-Stéphane Maradeix distingue dans sa mission la définition de la stratégie de sa mise en application. En totale harmonie avec la stratégie institutionnelle de l’école, elle doit donc définir la stratégie de levée de fonds principalement ciblée sur les grands donateurs anciens de l’école, et la déclinaison en plan opérationnel. Puis, en véritable chef d’orchestre, elle appuiera et suivra la mise en place opérationnelle de cette stratégie par les équipes qu’elle encadre, les communications associées et la déclinaison du programme de reconnaissance des nouveaux ou anciens donateurs. « Le consultant canadien qui m’avait formé me l’avait dit : une campagne c’est une pme dans une pme. Tu as ton plan stratégique, ton équipe, ta propre communication, tes propres objectifs financiers mais dans une durée de vie limitée. Tu es autonome et tu dois l’être, mais dans un cadre défini, celui de la stratégie institutionnelle. »
Véritables intermédiaires entre leur institution et les grands donateurs, Marie-Stéphane Maradeix et son équipe doivent bien connaitre l’école, sa stratégie, être en mesure d’expliquer certains projets scientifiques, et parallèlement connaitre ce qui motive les dons, et les attentes des donateurs. « L’essence du fundraiser c’est d’être le passeur entre des donateurs qui veulent que leur don ait un impact et une institution qui transforme le don. Nous avons un rôle de passeur entre deux mondes qui ne se parlent pas forcément. Et nous sommes aussi des traducteurs. Il faut être capable de traduire auprès des donateurs l’ambition de son institution et les projets, parfois techniques même si nous-mêmes ne sommes pas des experts du domaine. Et à l’inverse, il faut traduire les besoins et attentes des donateurs à l’institution. » Pour remplir au mieux ses missions, pour mobiliser efficacement à la fois l’interne et l’externe, Marie-Stéphane Maradeix souligne l’importance du rattachement du poste de directeur des ressources. « Il est important qu’un directeur du développement soit au plus prêt du directeur général de l’institution qui bénéficie des fonds parce qu’il faut être au coeur du sujet pour bien le vendre. C’est une question de positionnement et de crédibilité. Je suis membre du Comité exécutif de l’école, représentant la Fondation qui déploie la campagne, et c’est capital. » Ce positionnement lui permet de rendre crédible, pérenne et efficace la démarche de fundraising et d’y impliquer la direction.
Au quotidien, le management d’équipe est une partie importante de la mission de Marie-Stéphane Maradeix. Même si elle reste elle-même également impliquée dans la prospection de grands donateurs, dans le relationnel et l’événementiel lié au programme de reconnaissance, une grande partie de son temps est consacré à l’encadrement d’une équipe de trois professionnels. « Je fais moins de choses en direct, je passe plus de temps à valider. Ce qui est important c’est d’avoir des équipes très autonomes. Je leur dis : “mon rôle c’est de vous donner le cap, je veux du reporting, être régulièrement informée, et vous me sollicitez lorsqu’il faut trancher”. Je valide les démarches, les documents, mais ma plus value est de les aider à garder ce cap et de porter et reporter leur travail au dessus ». De son point de vue, le directeur du développement doit avoir une distanciation avec les compétences techniques du fundraising au profit de compétences axées sur l’encadrement, le suivi de projet, la rigueur budgétaire, et d’aptitudes relationnelles et stratégiques. « Il faut savoir faire beaucoup de choses différentes sans être expert en tout. Je sais comment faire une campagne : c’est ça ma compétence méthodologique. Je connais la méthode, je sais l’adapter, l’interpréter. Mais je ne suis ni experte en marketing, ni en communication, ni en finance, même si je dois en connaître les bases pour coordonner l’action d’ensemble. »
Et pour l’avenir, Marie-Stéphane Maradeix suppose que la professionnalisation du métier de collecteur de fonds, aujourd’hui bien amorcée dans un grand nombre d’institutions, se poursuivra sous l’impulsion de l’augmentation des besoins en matière de levées de fonds, et d’une exigence croissante des donateurs et des entreprises. « Nous allons assister à l’apparition d’une nouvelle concurrence avec les hôpitaux, les collectivités territoriales et une montée en puissance du secteur de la culture. La part du gâteau n’est pas extensible et celles qui auront compris les enjeux et la méthode, qui auront investi et structuré leur approche s’en sortiront le mieux. (…) Et il faudra encore davantage de professionnalisation, notamment auprès des entreprises, car elles seront de plus en plus exigeantes et elles iront vers les organismes qui savent défendre leur projet, être à l’écoute de leurs besoins et qui parlent leur langage ».
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