Une charité pas du tout « Metoo »
1 février 2018
Faut-il tout faire pour plaire aux donateurs ? La collecte justifie-t-elle les moyens ? Le scandale a éclaté il y a quinze jours, en Grande-Bretagne. Un dîner de charité réservé au hommes – en ces temps où les réunions non-mixtes ont tellement mauvaise presse, l’information devrait faire hurler – était, comme chaque année, organisé dans un bar huppé de Londres en faveur de plusieurs « charities ». Sauf que cette année, le vent de « Metoo » était passé par là. Des journalistes du Financial Times ont été envoyées en toute discrétion pour rendre compte des pratiques sexistes du Presidents Club qui organise ce genre de galas depuis trente ans. Résultat : non seulement les hôtesses ont été victimes de harcèlement sexuel ce soir-là, mais c’est tout un système sexiste qui était mis en place pour plaire aux 360 donateurs potentiels présents le 18 janvier.
Hôtesses recrutées sur leur physique, aux tenues sexy imposées – jusqu’aux sous-vêtements – et poussées à se saouler, censées écouter sans sourciller les avances susurrées par les participants, mais aussi surveillées par les organisateurs – preuve qu’ils savaient bien que tout cela pouvait rapidement déraper. Il y avait aussi ces lots à gagner contre générosité : une soirée dans un club de strip-tease ou une séance de chirurgie esthétique pour madame. Classe ! Une stratégie, hélas, qui a porté ses fruits : à la clef, 2 millions de Livres ont été collectés en une soirée.
Les révélations du Financial Times ont été reçues comme un coup de tonnerre dans le tiers secteur britannique : les associations bénéficiaires se sont vues contraintes moralement de refuser les dons, et ont unanimement condamné la soirée du Presidents Club (lire ici). La première ministre, Theresa May s’est dit « franchement choquée » par ces pratiques, et le ministre de la Culture s’est félicité de ce que l’organisation a annoncé qu’elle allait définitivement fermer. En tout cas, le monde du fundraising britannique n’en finit pas de révéler ses failles et ses abus. Le scandale du Presidents Club n’est ainsi pas sans rappeler les secousses de l’affaire Olive Cooke. S’il fallait tirer une morale de ces bien sordides histoires, c’est que, lorsqu’on se permet de collecter des fonds, être irréprochable n’est pas du luxe.
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