Pour faire émerger sa cause, Planète Enfants & Développement fait le choix d’une campagne à contre-pied qui prétend mobiliser radins, racistes et misogynes… listant au passage 1000 bonnes raisons de donner.

Ce sont de petits OVNIs qui se baladent sur les réseaux sociaux sous la bannière #RAISONSDEDONNER. Des aplats aux couleurs vives sur lesquels s’étalent en grasses lettres des appels aux dons différents de ceux que l’on croise généralement en cette période de fin d’année. « Vous êtes méprisant et n’aimez pas les pauvres ? Faites nous un don, et il y en aura moins« . « Vous êtes égoïste et voulez faire croire l contraire ? Faites nous un don, on vous enverra une attestation. » « Vous pensez que les femmes doivent rester à la maison ? Faites nous un don, on fera en sorte qu’elles en retrouvent une.« 

Derrière ces claims peu banals, l’association Planète Enfants & Développement. Deux millions d’euros de budget et 200.000 euros de dons annuels environ, née en 2016 de la fusion de d’Enfants & Développement et de Planète Enfants, et qui œuvre dans 4 pays à la protection de l’enfance. « Nous n’avons aucune notoriété et pas les budgets pour mener des campagnes de recrutement de nouveaux donateurs classiques en publicité ou en mailing« , explique Stéphanie Selle, codirectrice de l’association, en charge du Plaidoyer et de la Communication.
Selon l’adage, quand on n’a pas d’argent, il faut avoir des idées, et grâce au travail pro-bono de l’agence Brandsonic, l’association a donc été chercher ces « mauvaises raisons de donner » pour émerger. « L’idée étant d’utiliser le second degré pour interpeller, puis de donner les vraies bonnes raisons de donner« , poursuit Stéphanie Selle. Derrière la campagne, il y a en effet l’idée que « pour 1 mauvaise raison de donner, il y en a au moins 1000 de bonnes« . Et ce sont véritablement 1000 raisons de donner qui s’affichent sur le site dédié de Planète Enfants & Développement.

Pour construire cette liste fleuve, les équipes de terrain ont été mobilisées afin de donner à voir tout le spectre d’action de l’association incitant à donner « parce que Chanty, 6 ans, joue au milieu de ordures », « parce que Nguyet, 2 ans, ne pèse que 4 kilos », « parce que quand les femmes s’émancipent, elles envoient leurs enfants à l’école », etc. De son côté, l’agence a listé les moteurs plus philosophiques, usant de citations de Gide ou de l’Abbé Pierre ou de références pop culture (« parce qu’on ne va pas attendre que Goldman nous fasse une chanson« ), ainsi que les leviers rationnels (« parce que les hashtags c’est bien, mais les euros c’est mieux » ou, peut être la meilleure de la liste « parce que trouver 1000 raisons de donner, ca mérite bien un don« ).

Lancée le 22 novembre, la campagne se décline sur les réseaux sociaux, en affichage urbain sauvage, en presse (espace gracieux dans Le Parisien et l’Express) ainsi qu’avec un film viral et TV. « Nous sommes très contents de la façon dont cette campagne est déjà relayée, reprend Stéphanie Selle. La vraie question, c’est sa capacité à se transformer en dons. Nous avons prévu de plus mettre en valeur les bonnes raisons de donner sur la seconde phase de campagne« . Ce qui est bien c’est qu’il y en a 996 en réserve. De quoi animer les réseaux de l’association pour un bon bout de temps. Et peut être de quoi vous inspirer ou vous faire rire à l’occasion : le (long) scroll mérite le détour