Aurélie Reder, Déléguée Générale du Fonds de Dotation Moselle Mécènes Solidaires répond à 3 questions au sujet des premières années de cette « fondation territoriale » créée en 2018, sur l’évolution des enjeux de mécénat et sur les clés de la résilience.

Sept ans, l’âge de raison ? Aurélie Reder, Déléguée Générale du Fonds de Dotation Moselle Mécènes Solidaires (MMS), revient sur les premières années de cette « fondation territoriale » créée en 2018, sur l’évolution des enjeux de mécénat et sur les clés de la résilience. Un sujet qui sera au cœur de son intervention lors de la prochaine Conférence Culture et Collectivités de l’AFF les 13 et 14 novembre.

Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis la création du fonds de dotation ?

Ce fonds de dotation territorial a été créé 2018 avec l’ambition d’engager les entreprises du bassin de vie de Metz auprès de projets associatif locaux. Ce circuit court du don a été développé en étroite coopération avec les collectivités locales, qui siègent aux côtés des entreprises au conseil d’administration, sans pour autant de financement public. Ainsi entreprises et techniciens des structures publiques participent au choix des projets soutenus ou même à leur accompagnement. En 7 ans, ce modèle a fait ses preuves : nous avons reçu le soutien d’une centaine d’entreprises mécènes, soutenus 130 projets qui ont touché 5% de la population mosellane (50 000 bénéficiaires). Et surtout, 92% projets que nous avons aidés sont toujours en activité ! Nous avons aussi étendu progressivement notre action territoriale à l’ensemble de la Moselle. D’ailleurs, nous avons changé de nom en début d’année pour incarner cette nouvelle dimension : Metz Mécènes Solidaires est devenu Moselle Mécènes Solidaires, mais nous restons MMS !

Comment ont évolué les dynamiques de mécénat en sept ans ?

Quand le fonds a été créé, le constat était qu’il y avait beaucoup d’entreprises du territoire, des PME notamment, qui n’avaient jamais été sollicitées pour du mécénat. Nous avons contribué à créer une dynamique positive quel que soit le niveau de maturité des entreprises sur le sujet. Pour les novices, c’est une porte d’entrée rassurante vers le mécénat : le processus de sélection des projets est transparent, les porteurs de projet sont accompagnés dans la durée, l’impact est mesuré… Pour les entreprises plus matures, soutenir le fonds de dotation peut contribuer à créer une ligne directrice à du mécénat un peu épars, à faire du sourcing de projets ou encore à outiller leur politique RSE. Mais malgré cette dynamique positive, il est indéniable que le contexte devient de plus en plus tendu pour la collecte. L’instabilité économique et politique rend les entreprises frileuses. Qu’elles soient en difficulté, ou qu’elles redoutent de l’être, je constate des coupes nettes, des réductions de budgets de mécénat…

Comment organiser la résilience dans ce contexte ?

Je crois que s’il y avait un mot à retenir pour surmonter la période ce serait : collectif. Le premier que nous avons mobilisé est le conseil d’administration. Nous l’avons agrandi récemment et nous formons et outillons nos administrateurs à la collecte de fonds. Le second collectif, ce sont nos mécènes et partenaires. L’émulation, les rencontres, le réseau, les échanges autour de valeurs partagées qu’offre la fondation territoriale sont indéniablement des moteurs de motivation pour elles. Nos plus grands mécènes sont engagés dans la sélection des projets par exemple, avec une voix qui compte autant que celles des membres du CA lors des matinées de pitch des projets que nous organisons pour décider de nos soutiens. Cela contribue à sécuriser des engagements pluriannuels. Collectif encore : l’écosystème territorial du fonds de dotation avec la création en 2021 d’une structure sœur : Le Filon. Le Filon porte une fabrique à initiatives expérimentée (labellisée par l’Avise) et un incubateur de projets de transition sociale et écologique en Moselle. Nous sommes des entités indépendantes, mais partageons le même Président, des postes et des ressources. Nous avons outillé la chaîne d’émergence et d’appui des projets de l’ESS en Moselle. Et s’il fallait donner un dernier conseil : quel que soit le contexte, fédérer un collectif se fait avant tout dans la bonne humeur et la convivialité !

* Retrouvez l’intervention d’Aurélie Reder et échangez avec les fundraisers de la culture lors de la conférence Culture et collectivités des 13 et 14 novembre 2025. Toutes les informations ici

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