Des étudiants en grève pour le climat aux stratégies de don des millenials millionaires en passant par le Manifeste des jeunes ingénieurs pour une entreprise véritablement responsable, que disent les jeunes de l’engagement contemporain ?

« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ! ». Chère aux activistes écologiques, la formule n’est pas neuve. Elle a toutefois trouvé une nouvelle caisse de résonnance la semaine dernière, par la voix de Youna Marette, étudiante Belge de 17 ans, et l’une des cheffes de file des étudiants en grève pour le climat (voir ici sur Brut / FranceTV Info les extraits de son discours). Que dit cette phrase en creux ? Que dit Youna Marette ?  « Nous actons ici, la déconnection entre votre monde et le nôtre« . Un monde d’hier fait d’un « progrès » factice en lequel les millenial (et les générations suivantes) ne croient plus, de logiques d’accumulations qui conduisent la planète à sa perte et de responsables politiques au service des intérêts personnels, auquel s’oppose une vision jeune d’un 21ème siècle plus participatif, transformé au bénéfice de la planète et des hommes.

Faut-il voir dans les mouvements étudiants pour le climat un renouvellement du genre ? Après tout, n’est-ce pas le propre de toute génération que d’affirmer qu’elle peut (et va) changer les choses, en opposition au monde construit par ses parents et grands-parents ? Ou ces jeunes générations, grandies dans un monde digital, la crise financière et la montée de la prise de conscience écologique, sont-elles vraiment celles qui changeront le monde ? Celles qui, en renouvelant les modes d’engagement, renouvelleront vraiment la société ? Pas simple de répondre à cette question en quelques lignes (ou même quelques pages… nous nous y essayons toutefois dans le dossier que nous préparons pour le numéro de juin de Fundraizine !). Car si la conscience des enjeux globaux est forcément plus présente que les générations précédentes, si les médias sociaux aident à la mobilisation rapide, les indicateurs apportent parfois des symptômes contradictoires, notamment du côté du don.

Publiée mi-février, une étude de la Banque Neuflize OBC sur les Millenials millionaires examine par exemple comment les plus riches des plus jeunes risquent de renouveler la philanthropie en profondeur. Selon l’étude, entre 2016 et 2026, la moitié des nouveaux venus au sein du club des grandes fortunes françaises seront des millenials. Et, en 2036, les jeunes générations représenteront 61% des millionnaires. Plus entrepreneurs (voir change-makers) dans l’âme, ils sont aussi plus engagés dans l’investissement de leur argent que leurs parents (ie moins susceptible d’en déléguer la gestion). Donc moins prompts à donner (36% des millenials millionaires font des dons contre 69% des baby-boomers) et plus enclins à investir dans des entreprises responsables (32% contre 24%) ou à s’engager eux-mêmes dans des entreprises sociales (29% contre 15%).

A l’autre bout du spectre, note un récent article du Nouvel Economiste sur leurs nouvelles formes de don (à consulter en ligne ici pour les abonnés ou à télécharger en PDF par là), ils plébiscitent le don gratuit, le don par SMS ou les micro-dons… En un mot, ils intègrent la générosité à micro-doses à leur quotidien. C’est peut-être là qu’est le véritable renouvellement : l’intégration (publique, via les réseaux sociaux) de l’engagement, du sens, de la solidarité à sa vie de tous les jours, à sa consommation, à ses relations amicales et à son emploi… En témoigne aussi le Manifeste publié (et signé) en novembre par les étudiants des grandes écoles d’ingénieurs, actant leur refus de travailler pour des entreprises ne respectant pas la planète. Un acte de plus de « slacktivisme » ? Un effet de manche Web retombé aussi vite ? Ou pas… relate le site des Echos, parti à la rencontre des initiateurs du manifeste et du tour de France de la RSE grandes entreprises qu’ils ont entrepris depuis Novembre. Une série de consultations qui devrait faire naître un « livre de revendications »  des étudiants pour leur emploi d’ici la rentrée de septembre.