La veille de l’AFF du 12 juin 2025
12 juin 2025

France générosités redoute « une année 2025 difficile » pour les dons
Aux armes de collecte fundraisers ! Il va falloir affuter vos stratégies, convaincre vos CA d’innover et diversifier vos leviers de collecte cette année, à en croire le Baromètre de la générosité tout juste publié par France générosités. La dernière édition de l’étude annuelle mesurant l’évolution des dons faits à 56 de ses organisations membres dresse en effet un bilan 2024 qui « laisse craindre une année 2025 difficile » résume le syndicat des associations et fondations faisant appel à la générosité privée. En effet, si les dons progressent de 1,9% en 2024 (hors urgences) en euros courants, la progression de la collecte se révèle finalement nulle corrigée des 2% d’inflation de l’an dernier.
Une collecte qui « se maintient » donc à peine en 2024, mais ce 1,9% de croissance marque la plus faible progression de la collecte depuis 20 ans, à l’exception de l’année 2018, annus horribilis marquée par le passage de l’ISF à l’IFI et la perspective du passage au prélèvement de l’impôt à la source. Une érosion de la collecte qui s’appuie notamment sur la poursuite de la baisse du nombre des petits dons (moins de 150 euros) : -3,6% en 2024 vs 2023. Les petits dons ne représentent ainsi plus qu’un peu moins de 40% de la collecte en 2024, contre 72% en 2004. A noter par ailleurs que les plus grandes contributions (plus de 10.000 euros) stagnent l’an dernier.
A noter que si l’année avait bien commencé, la collecte du premier semestre enregistrant plus de 3% de croissance par rapport à 2023, les incertitudes politiques, économiques et géopolitiques ont eu raison de l’élan sur la fin de l’année (hors des dons pour Mayotte). Le mois de novembre, entre l’élection de Donald Trump et l’attentisme quant au passage d’une loi de finances et la chute du gouvernement Barnier, a ainsi vu la collecte baisser de 3,1% par rapport à 2023. En décembre, elle stagnait.
Alors que la fin d’année représente toujours 41% de la collecte, il est donc l’heure d’affûter vos arguments, de désaisonnaliser, et de défendre la transition digitale de votre collecte et les investissements associés auprès de votre CA. Argument imparable à lui soumettre : la collecte en ligne continue de progresser, +8,4% par rapport 2023. Elle représente donc aujourd’hui le tiers de la collecte de dons ponctuels en 2024 (contre un peu moins de 6% il y a 10 ans).
Mécénat : Airbnb fait appel au vote du public !
Assez discrètement, en 2022, la plateforme Airbnb initiait un mécénat d’ampleur auprès de la Fondation du patrimoine au travers du programme « Patrimoine et Tourisme local » : plus de 6 millions d’euros sur 4 ans, soit plus de 200 projets soutenus à travers toute la France selon la Fondation du Patrimoine. Mais depuis l’an dernier, c’est avec l’avis du grand public que ce mécénat prend de l’ampleur publique.
En 2022, un premier avait permis la création du programme qui a pour but de soutenir la réhabilitation de monuments, églises ou châteaux, mais aussi petits théâtres, moulins ou maisons d’illustres… et d’encourager ainsi la revitalisation de territoires ruraux. Le mécénat a encore été renouvelé en janvier dernier, avec 500.000 euros de plus à la clé, permettant à Airbnb de résonner autrement qu’au travers des polémiques sur le logement aux quatre coins de la France.
En juin 2023, misant sur le chauvinisme régional, la Fondation du Patrimoine et Airbnb faisaient prendre une nouvelle tournure au programme, avec le lancement d’un Grand Prix Patrimoine et Tourisme local, proposant aux Français d’élire leur projet préféré parmi 13 proposés (un par Région, présélectionné par la Fondation). A la clé, 100.000 euros pour l’heureux élu : la maison du vigneron de Wettolsheim en Alsace (ayant remporté 15% des suffrages, 60.000 votes enregistrés). Pour cette seconde édition, dont les votes sont ouverts jusqu’à la fin du mois, les règles du jeu sont légèrement revues. Seuls 6 projets sont en lice, mais trois dotations de 100.000, 70.000 et 40.000 euros sont à emporter.
Planète Urgence innove avec la « Philanthropie Climatique »
Permettre aux entreprises de passer plus de voyants au vert en assurant un fort développement du financement de programmes environnementaux pilotés par des associations. C’est toute l’ambition de la nouvelle initiative de l’association Planète Urgence, dont la mission est de « renforcer les femmes et les hommes pour préserver les forêts et la biodiversité ». Elle lance officielle un dispositif innovant au service des stratégies environnementales des entreprises : Philanthropie Climatique.
Objectif de cette initiative originale, proposer une alternative (ou un complément) aux crédits carbone, dont les marchés sont sujets à débats et polémiques, pour proposer plutôt aux entreprises de soutenir directement des projets environnementaux, en l’occurrence ses projets d’agroforesterie. Avec la Philanthropie Climatique, mouvement initié par Planète Urgence, mais ouvert en open source aux autres ONGs environnementales, le but est de leur permettre de s’engager via du mécénat sur des programmes à l’impact mesuré et certifié, avec une méthodologie éprouvée et passée au crible d’un collège d’experts, dont l’ADEME.
« Cette garantie de l’impact, précise Planète Urgence, se matérialise par une attestation d’impact, un document qui intègre pour une période de 10 ans et de manière régulière la mesure carbone du projet ainsi que d’autres indicateurs touchant à la biodiversité et au développement humain ». Une attestation d’impact conçue pour pouvoir s’intégrer aux outils de reporting et référentiels d’évaluation habituels des entreprises. Destinée à sécuriser « une philanthropie de long terme », puisque l’entreprise contribue sur des formats annuels ou pluriannuels, mais que les fonds sont utilisés pour financer les projets sur 10 ans, la Philanthropique Climatique s’envisage aussi comme un outil fort de communication avec « la création d’un nouveau narratif » – la contribution plus que la compensation – permettant, explique enfin le site, d’engager les parties prenantes internes et externes.
En savoir plus sur le site de Planète Urgence.
Et aussi dans l’actualité de la quinzaine
- Capitale campagne ! L’ESCP Business School et sa Fondation sortent de la phase silencieuse pour annoncer le lancement de leur première campagne majeure avec un objectif de 100M€ collectés d’ici 2030, dont 40M€ auraient déjà été sécurisés rapporte l’Étudiant.
- Giving Tuesday Story. La petite associationConvergence Animaux Politique raconte sur le site de Carenews sa campagne Giving Tuesday 2024 et son projet de « matching » (doublement des dons par une mécène), largement couronné de succès. De quoi commencer à vous inspirer pour votre campagne 2025. Pour mémoire, Giving Tuesday, la fête de toutes les générosités, ce sera le 2 décembre prochain.
- Qui sauve qui ? Pendant qu’en France les députés encouragent le don du sang en permettant aux salariés de donner sur leur temps (rémunéré) de travail (à lire ici sur France Bleu), au Canada une campagne use et retourne les codes un peu larmoyants de la communication associative pour parler non plus tant des besoins des bénéficiaires d’un don de sang que de ce que reçoivent les donneurs. Appuyée sur l’interrogation “Who saves who ? ”, la campagne a pour ambition de soutenir le recrutement d’un million de nouveaux donneurs d’ici 2030.
- Snipper… A la fois dérangeante, et pourtant reflet de la réalité du peuple ukrainien : pour doper la collecte au profit des troupes de gardes-frontières, la Modern Ukraine Charity Foundation a ouvert un site propose un mini jeu vidéo qui permet à chacun de “tuer les ennemis” et appelle au don ou à l’achat de produits dérivés. En savoir plus ici.
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