L’inquiétude est réelle. 

Le Projet de loi de Finances 2025 (PLF 2025) pourrait avoir un impact important pour les associations, les acteurs de la philanthropie et plus largement ceux de l’économie sociale et solidaire (ESS).

Pour ramener le déficit public à 5% l’an prochain, le gouvernement prévoit un effort de 60 milliards d’euros qui comprend une baisse de 40 milliards de la dépense publique. Une bonne nouvelle est que le budget du programme Jeunesse et vie associative est préservé dans le PLF 2025 comme nous le rappelle France générosités. Il devrait même progresser de 4% pour atteindre 937,3 millions d’euros. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont toutefois manifesté leur inquiétude et se sont fortement mobilisés pour alerter les décideurs publics face aux risques que font peser sur le secteur associatif les amendements proposés.

Ainsi, le Projet de loi de Finances compte cependant réduire de 25% le budget consacré à l’économie sociale et solidaire qui finance notamment le dispositif local d’accompagnement (DLA) qui accompagne chaque année près de 6000 structures de l’ESS, dont de nombreuses d’associations.
Les fonds et fondations s’inquiètent également des conséquences de cette coupe sombre sur leur fonctionnement. Le PLF 2025 comprend, par ailleurs, une baisse de 20% de l’Aide Publique au Développement (APD) qui joue un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Plusieurs amendements visent par ailleurs à élargir les cas d’exclusion ou de suspension des avantages fiscaux, notamment ceux liés au don et au mécénat pour les grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros et les plus hauts revenus. Grâce à une mobilisation collective, ces amendements ont été largement rejetés à cette étape. Les acteurs de l’ESS et de la philanthropie continueront à se mobiliser pour défendre les libertés associatives.

Une étude publiée par le collectif d’associations de solidarité Alerte montre que la lutte contre la pauvreté est un investissement rentable et que ces mesures d’économie pourraient s’avérer contre-productives. Les 51 milliards d’euros consacrés chaque année à combattre la pauvreté ont permis de faire sortir 4,5 millions de personnes de la pauvreté monétaire en 2021. Sans cet « investissement », l’État devrait dépenser 67 milliards d’euros supplémentaires par… an. Espérons que ces messages seront entendus !

Les fondations d’entreprise ont le vent en poupe.

Créées par la loi du 4 juillet 1990, ces structures permettent aux sociétés de réaliser une œuvre d’intérêt général ayant un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel, à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises.

Ces fondations peuvent être fondées par une ou plusieurs entreprises, mais aussi par des sociétés civiles ou commerciales, des établissements publics industriels et commerciaux (EPIC), des coopératives et des institutions de prévoyance ou mutuelles, précise l’administration. Leur nombre est en hausse constante. Notre pays en comptait ainsi 443 l’an dernier, soit dix de plus qu’en 2021, selon le baromètre annuel de la Fondation de France.

La Covid a accéléré leur développement. « Il s’agit essentiellement de PME qui se sont mobilisées en 2020 en faveur de la recherche et des associations pour répondre à l’urgence de la crise sanitaire. Elles souhaitent désormais pérenniser cet engagement en créant leur fondation », précise Sabine de Soyres, responsable du développement des fondations et des legs à la Fondation de France.

Les causes de ces fondations sont souvent liées à la mission de l’entreprise. Ces structures permettent également d’impliquer les collaborateurs, comme l’explique cet article publié dans Le Nouvel Economiste. Selon une étude d’EY, les champs d’engagement prioritaires des entreprises sont l’action sociale, l’insertion professionnelle et l’éducation. Dans la plupart des cas, leurs fondations soutiennent des projets externes, menées par des associations ou des ONG. Leur engagement s’inscrit souvent sur le long terme, mais de plus en plus de structures souhaitent aujourd’hui avoir des estimations précises de la financiarisation de leur impact social. Les entreprises veulent ainsi s’assurer de l’efficacité de leurs investissements. Ces KPIs ne sont toutefois pas toujours faciles à évaluer pour certains acteurs de la générosité.

Le fundraising ? Une école parfaite pour les futurs leaders.

Savez-vous que votre emploi actuel pourrait vous permettre d’atteindre des postes de direction dans des entreprises privées ? The Chronicle of Philanthropy a interrogé plusieurs dirigeants d’organisations à but non lucratif ainsi que des consultants spécialisés dans le recrutement de cadres supérieurs et leurs conclusions sont unanimes.

L’expérience en matière de collecte de fonds est un facteur clé de succès pour les personnes qui souhaitent occuper des postes de direction. Selon ces experts, les dirigeants d’entreprises doivent être capables de négocier avec leurs bailleurs de fonds. Ils doivent aussi respecter des objectifs financiers précis et faire preuve de diplomatie auprès de leurs employés, de leurs fournisseurs et de leurs clients. Autant de qualités qui sont propres aux… fundraisers.

Don Hasseltine, qui travaille pour Aspen Leadership Goup, un cabinet spécialisé dans le recrutement de CEOs, confirme que la collecte de fonds figure parmi les trois principales compétences recherchées par son entreprise lors de l’évaluation des candidats à des postes de cadres supérieurs. « Si l’on considère les attentes à l’égard d’un directeur exécutif ou d’un PDG d’une organisation à but non lucratif, une grande partie de leur responsabilité consiste à générer suffisamment de revenus pour leur permettre de fonctionner d’une année sur l’autre, juge ce chasseur de tête. Entre un quart et la moitié de leur temps est consacré à la collecte de fonds. » Fundraisers, les entreprises vous attendent…

Le tout premier Guide pratique du mécénat et de l’engagement philanthropique vient de paraître.

Publié par France Invest, l’association professionnelle des acteurs du capital-investissement, avec la Fondation de France, cet ouvrage de 64 pages a pour objectif d’encourager les entreprises à intégrer des actions en faveur de l’intérêt général tout en maximisant leur impact. Très didactique, il propose des outils concrets, des bonnes pratiques et des retours d’expérience afin d’aider les sociétés de gestion à structurer et à déployer des projets philanthropiques ambitieux.

Le guide couvre notamment l’ensemble des étapes nécessaires pour mettre en place une politique philanthropique structurée : de la définition d’une stratégie de mécénat à la mobilisation des collaborateurs, en passant par les aspects fiscaux et juridiques, il met également l’accent sur l’importance de la gouvernance et du suivi des projets, pour garantir une gestion rigoureuse des initiatives philanthropiques. Ce livre « illustre notre conviction que le secteur du capital-investissement peut et doit jouer un rôle essentiel dans la réponse aux défis sociétaux et environnementaux », assure Bertrand Rambaud, le président de France Invest. En tant qu’acteurs clés de l’économie, les investisseurs ont la responsabilité d’agir au-delà de leur rôle financier traditionnel. »

Si vous souhaitez lire ce guide pratique, cliquez ici.

L’élection ne freine pas la générosité des américains.

Au contraire. Selon une étude du cabinet de conseil Blue State, 66% des donateurs aux États-Unis ont prévu de faire prochainement un don à une association. Ils n’étaient que 42% à le déclarer au mois d’avril. Les personnes de moins de 45 ans, et en particulier celles âgées de 25 à 34 ans, ainsi que les américains de couleur, sont ceux qui risquent de se montrer les plus généreux dans les mois à venir. « La période actuelle a eu l’effet d’un coup de tonnerre et a réveillé une très large population de donateurs potentiels qui sont mobilisés et enthousiastes », constate Chris Maddocks, senior vice-président à Blue State. À quelque chose malheur est bon…