« Love Army for Rohyngias » : le secteur sceptique
19 janvier 2018
La raison du plus gros collecteur est-elle toujours la meilleure ? Voilà, au fond, la question que pose « l’affaire Jérôme Jarre ». Le youtuber aux 1,6 million de followers sur Twitter a lancé, pour la deuxième fois cette année, une opération de fundraising à l’échelle (planétaire) des réseaux sociaux. Après la famine en Somalie (2,4 millions de dollars collectés) au printemps dernier, c’est le sort des Rohingyas qui a ému le youtuber. Sous le hashtag #LoveArmyForRohyngias, il a diffusé des vidéos de lui et de ses amis stars (le comédien Omar Sy, en direct d’un camp de réfugiés au Bengladesh), afin de sensibiliser à la cause de ces populations persécutées. Pas de doute que cette méga collecte sera, une fois encore, un succès. Mais cette générosité 2.0 fait tordre le nez à une partie du secteur…
« Ce système d’acheminement de l’aide, en dehors des circuits « classiques », interroge la présidente de Médecins du monde », raconte ainsi le site d’Europe 1 qui cite Françoise Sivignon : « « J’y étais il y a un mois, la situation est très compliquée d’un point de vue sanitaire et organisationnelle. On leur souhaite du succès, mais il va leur falloir trouver des professionnels de la distribution. Je n’ai pas idée de la façon dont ils vont utiliser ces dons » ». « Il y a un positionnement de Jérôme Jarre qui est de dire “nous on est efficace, nous on sait faire les choses vite et bien”. Mais il va être confronté à la réalité de la situation sur place », avertit aussi le directeur du département Expertise et plaidoyer au sein d’Action contre la faim dans un très intéressant article des Inrocks, qui souligne que « Jérôme Jarre est attendu au tournant par les ONG. Son action devra s’inscrire dans la durée et perdurer au-delà du buzz pour être efficace ». Déjà, en avril dernier, les critiques avaient plu sur les méthodes peu orthodoxes et le côté franc-tireur de Jérôme Jarre (lire ici). Lequel s’était défendu, rappelant qu’il travaillait alors avec d’autres acteurs « notamment les Somaliens de l’association ARC qui nous soutiennent et nous accompagnent dans cette mission ». Pas convaincus ?
Pour approfondir, lire cet article très complet des Inrocks ici, ou cette tribune très critique là.
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