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Trois questions à Sylvain Reymond

CONSEILLER « ENGAGEMENT DES ENTREPRISES » AUPRES DU HAUT-COMMISSAIRE A L’EMPLOI ET A L’ENGAGEMENT DES ENTREPRISES, ET AUTEUR DU LIVRE « NOS RAISONS D’ETRE » AUX EDITIONS ANNE CARRERE

 

A quel moment les entreprises ont-elles compris qu’elles devaient prendre des engagements sociaux, sociétaux et environnementaux ?

Certaines sociétés ont réalisé qu’elles pouvaient jouer un rôle dans la société il y a une trentaine d’années mais ce mouvement s’est considérablement développé ces dix dernières années avec la multiplication des crises et des urgences sociales, sociétales et environnementales. Les entreprises ont compris qu’elles ne pourraient pas se développer dans une société non pérenne. Pour lutter contre les menaces qui mettent en péril leurs écosystèmes, certaines ont jugé qu’elles ne devaient pas se contenter de soutenir uniquement des associations. De nombreuses autres structures existent comme l’open innovation sociale ou l’engagement par le partage de compétences.

Qui sont les entreprises les plus actives dans ce domaine ?

Beaucoup croient que les grandes entreprises sont celles qui ont lancé ce phénomène car elles ont développé des programmes de RSE qu’elles mettent souvent en avant mais énormément de PME et de TPE sont aussi très actives sur ce terrain sans le revendiquer pour autant. Beaucoup de dirigeants aident des associations locales, encouragent le mécénat ou révolutionnent leur façon de travailler en utilisant, par exemple, des matériaux plus vertueux, sans réellement s’en apercevoir elles-mêmes. Les plus belles innovations aujourd’hui voient le jour sur le terrain à proximité des sociétés. La crise sanitaire a encore accéléré ce phénomène. 70% des salariés aimeraient s’engager auprès de leur entreprise. Les confinements ont renforcé leur quête de sens. Pour fidéliser leurs collaborateurs, les employeurs doivent leur permettre de s’impliquer en faveur de causes sociales, environnementales ou sociétales.
Il n’existe pas hélas de dispositif de formation pour promouvoir l’engagement. Les comptes de formation pourraient pourtant inclure des jours dédiés au mécénat. De plus en plus de DRH commencent à réaliser que les collaborateurs qui s’engagent développent des compétences comportementales très utiles. Ces compétences du « care » et du cœur sont celles qui seront le plus recherchées à l’avenir.

Les jeunes sont aussi très impliqués…

En effet. On observe une forte montée en puissance du bénévolat des jeunes. Mais dans cette société en crise, de nouvelles solidarités se créent. Leur bénévolat est nettement plus protéiforme et volatile que dans le passé. Un jeune peut marcher pour le climat le matin, s’impliquer pour le droit des femmes dans la journée et faire une maraude la nuit. Il est plus sympathisant qu’adhérent d’une association. Son engagement et sa solidarité s’expriment beaucoup dans un cadre communautaire. Les jeunes suivent davantage sur les réseaux sociaux des figures emblématiques engagées que des structures bien établies.

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