Né aux USA et arrivé timidement en France en 2013, le Black Friday prend son envol chaque année un peu plus depuis 3 ans. Créant cette année une polémique inédite et des contre-propositions de tous ordres… y compris généreuses.  Ou quand le don s’insère au paroxysme de la consommation.

Des promotions (prétendument ?) mirifiques ? Au lendemain de Thanksgiving, le Black Friday est LA journée du shopping fou aux USA. Celle des promotions pré-Noël en France, label de soldes flottants qui finissent par s’étaler en Black Days, Black Week, etc. Dans un contexte d’appel environnemental à la décroissance, la proposition ne fait pas l’unanimité et diverses enseignes ont choisi d’en prendre le contrepied. La version planète compatible se fédère sous la bannière Green Friday.  Le collectif « Make friday green again », lancé par la marque Faguo et qui compterait plus de 600 enseignes sympathisantes (entreprises « classiques » ou responsables : Nature & Découvertes, Manfield, Joone, Les Raffineurs, Picture Organic, Jules & Jenn, Naturalia, La Ruche qui dit Oui…) appelait ainsi au boycott des soldes du jour et incitait les communautés de chaque enseigne à profiter de la journée pour plutôt trier, revendre, recycler…

Un cran plus loin, il y a ceux qui transforment l’opération en dons. Pionnière, Patagonia avait ainsi dès 2016 reversé l’intégralité de son chiffre d’affaires du jour à des associations environnementales. Elle profite cette année du Black Friday pour lancer une campagne d’appel au don via sa plateforme Patagonia Action Works, s’engageant à doubler les sommes données par les citoyens du vendredi 29 novembre au 31 décembre. Elle n’est pas la seule à investir ce terrain généreux. Les 400 entreprises du collectif Green Friday s’engagent ainsi non seulement à ne pas proposer de réductions à leurs clients le jour du Black Friday mais aussi à reverser 10% de leur chiffre d’affaires de la journée à des associations engagées pour une consommation responsable (HOP, Zéro Waste, etc.).

Au-delà des collectifs, ont aussi fleuri une flopée d’opérations spéciales. Le Fair Friday de Nature & Découvertes mettait en avant les réductions… de la biodiversité, avec sensibilisation de ses clients et l’engagement à verser 30 000€ à des associations environnementales. Le Block Friday a amené la marque responsable We Dress Fair à fermer ses portes. Le Generous Friday de Promod affichait la promesse d’un euro de don à l’association d’aide aux femmes SOLFA pour chaque achat en ligne ou en magasin. A Cherbourg, l’association locale des commerçants lançait le Solidarité Friday, incitant ses membres à reverser 5% de leur chiffre d’affaires du jour à des associations locales.

Alors face à cet élan militant et généreux (une avance sur le Giving Tuesday ?) des entreprises, que reste-t-il aux associations pour émerger dans cette foire aux vendredis ? L’action plus radicale, avec Amazon au centre de la ligne de mire pour ATTAC, Greenpeace, Youth for Climate ou Extinction Rebellion : blocage des entrepôts et points de dépôts de colis du site, mais aussi collage d’affiches, blocage de centres commerciaux. Ou la mise en avant de leurs propres alternatives, comme le Label Emmaüs qui misait sur des panneaux mobiles placés devant les vitrines de magasins parisiens et qui soulignait les articles en promotion d’un : « Existe aussi en version recyclée et solidaire » (voir ici la vidéo de l’opération).