Vous aidez de nombreuses ONG à se développer sur le digital. Comment êtes-vous passé du métier de journaliste et photographe musical à consultant tech dans le monde de la philanthropie ?
 
Un peu par hasard… J’ai commencé à créer des sites internet dans les années 90 à Dijon mais comme cela n’intéressait personne, je suis parti à Londres en 1999 afin de travailler pour une start-up dans le BtoB. En 2001, j’ai été recruté par la British Heart Foundation au poste d’Online Manager et cinq ans plus tard j’ai rejoint l’ONG Breast Cancer Care comme directeur du digital. Durant ces onze années, j’ai réalisé que les conseils que je donnais étaient peu suivis en interne. Par contre, dès qu’un consultant disait aux équipes exactement les mêmes choses que moi, ses recommandations étaient suivies à la lettre. Cela m’a persuadé de devenir consultant indépendant il y a dix ans. J’ai commencé par travailler principalement pour des associations britanniques mais j’aide aujourd’hui des structures dans d’autres pays comme Unicef Autriche, Greenpeace Moyen-Orient et Afrique du Nord ou Handicap International en France avec qui je collabore depuis huit ans. Je me définis comme un consultant indépendant « sans abonnement ». Je travaille en moyenne sur 8 à 15 projets simultanément. Certaines missions durent quelques jours, d’autres sont plus régulières. Tout dépend des besoins de la structure.
 
Vous allez animer lors du séminaire de l’AFF un atelier intitulé « Comment acculturer ses équipes au digital pour engager son audience ? ». Quels seront les points les plus importants de votre intervention ?
 
Je vais présenter une méthodologie pour aider les organisations à mesurer et à développer leur culture digitale qui est essentielle pour la collecte en ligne. La première chose à faire est d’analyser la culture en interne et la manière dont les équipes travaillent ensemble. Lors d’une mission, je commence souvent par réunir une grosse quinzaine de collaborateurs d’horizons différents dont des membres de la direction, des responsables digitaux et des fundraisers afin de comprendre comment ils collaborent au quotidien. Nous définissons ensuite les outils qui pourront les aider à suivre les process et le reporting que nous mettons en place collectivement. Un tel projet demande entre 6 et 15 jours de travail qui peuvent être étalés sur une période comprise entre deux mois et un an.
Le travail collaboratif dans les ONG doit passer du stade de colocataires à celui de polyamoureux. Les équipes ont encore trop tendance à travailler chacune de leur côté et à partager la cuisine comme des colocs. Pour être plus efficaces, elles doivent apprendre à mieux collaborer en créant un parcours d’utilisateur complet sur le long terme.
 
Les structures françaises sont-elles à la traîne par rapport aux organisations étrangères dans leur acculturation au digital ?
 
La plupart d’entre elles le pensent alors que la réalité est toute autre. Comme dans tous les pays, certaines ONG françaises sont en avance dans leur virage digital et d’autres sont en retard. Mais il ne faut pas croire que le digital est LA solution miracle. Une association qui parvient à convaincre 8% des internautes qui visitent son site de lui faire un don en ligne doit réaliser que sa performance est exceptionnelle car la moyenne se situe plus sur un chiffre compris entre 4% et 5%.