Un exemple à suivre. Le fondateur de la marque de vêtements Patagonia, Yvon Chouinard, a décidé de transférer la totalité de ses parts dans l’entreprise à un trust et à une association de protection de l’environnement.
Fondée il y a près de cinquante ans, cette société a aujourd’hui une valorisation proche de 3 milliards de dollars et ses bénéfices annuels atteignent 100 millions de dollars. « Je n’ai jamais voulu être un homme d’affaires, explique le patron du groupe âgé de 83 ans. J’ai commencé comme artisan, en fabriquant du matériel d’escalade pour mes amis et moi-même avant de passer aux vêtements. »
Patagonia a toujours été une des entreprises les plus engagées pour protéger la nature. Ses matières premières sont scrupuleusement sélectionnées afin de limiter leur impact environnemental et 1% de ses ventes annuelles est reversé à des ONG qui luttent pour la protection de la nature. Yvon Chouinard a toutefois voulu aller plus loin. « Une option était de vendre Patagonia et de donner tout l’argent, explique l’octogénaire qui adore pêcher. Mais nous ne pouvions pas être sûrs qu’un nouveau propriétaire maintiendrait nos valeurs ou garderait l’ensemble de nos employés. » Si seulement cet exemple pouvait inspirer d’autres grands patrons…

En Italie aussi, les crises sont passées par là… Dans un entretien accordé à France Générosités, Simona Biancu, une consultante italienne en fundraising, revient sur l’impact que la crise sanitaire et la guerre en Ukraine a eu sur la générosité dans la Botte.

L’an dernier, 70% de nos voisins affirmaient avoir fait au moins un don dans leur vie. Ce chiffre a progressé de 4% en un an. 37% des internautes assurent avoir soutenu dans les douze derniers mois une association qu’ils n’avaient jamais aidé dans le passé. 60% des personnes interrogées certifient avoir participé à l’élan de générosité en faveur de l’Ukraine.
Les Italiens ont pris conscience, ces deux dernières années, que les structures d’intérêt général avaient un rôle important à jouer dans la société. Les donateurs cherchent aussi à soutenir des causes urgentes et de plus en plus de particuliers aident des organisations de leur propre chef sans avoir été approchés.
Ces signes positifs ne doivent toutefois pas cacher les problèmes de ce secteur. 46% des ONG affirment en effet que les confinements ont freiné leurs campagnes de levée de fonds en 2020 et 2021. Un quart des associations a même été contraint de freiner ou de stopper ses activités durant la crise sanitaire.
 
Suivez le guide… L’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) vient de publier un ouvrage pour aider les structures de son secteur à lancer et à pérenniser leurs actions. Ce guide synthétique, pratique et illustré détaille notamment les différentes techniques de collecte. Il liste aussi les questions à se poser avant de démarrer et il montre comment structurer et pérenniser dans le temps une démarche de collecte. Pour télécharger cette production, cliquez sur ce lien.

My patron is rich but picky… Notre-Dame ressemble de plus en plus à un rideau de fumée qui cache un grand vide. Les Américains ont répondu présent au lendemain de l’incendie qui a détruit une partie de la cathédrale parisienne. Plus de la moitié des 60 millions d’euros de dons en provenance de l’étranger récoltés pour restaurer ce fleuron gothique a été versée par des philanthropes basés aux Etats-Unis. La Fondation Notre Dame a attiré des fondations familiales (Kravis), des mécènes privés (Maurice Greenberg), des cabinets d’avocats (Jones Day) et des entreprises (Walt Disney, American Express…). Bank of America va financer, à elle seule, la remise en état de trois statues baroques des Voeux de Louis XIII, de six anges de la crucifixion et de la marqueterie du chœur. Le fonds de la French Heritage Society a, lui, récolté 600.000 dollars auprès de 3.500 donateurs. Cet arbre cache toutefois une forêt de plus en plus clairsemée.
Les mécènes américains sont en effet de moins en moins nombreux en France, si l’on en croît cette enquête publiée dans Le Monde. Si sept donateurs basés aux Etats-Unis ont accepté de verser 2,6 millions d’euros pour financer la restauration de la Bibliothèque nationale de France (BNF), cette aide représente à peine 1% de l’enveloppe qui a été investie dans ce programme. « La pandémie a mis tous les projets en pause », reconnaît Karen Archer, la directrice adjointe de la French Heritage Society. La Covid n’explique toutefois pas tout… Beaucoup de riches Américains jugent en effet que les institutions françaises ne travaillent pas assez sur les questions de diversité et d’éducation à la culture. Orsay et l’Orangerie l’ont bien compris en programmant cet automne des expositions d’art contemporain de deux artistes noirs américains, Kehinde Wiley et Mickalene Thomas. A méditer…

Les actes valent plus que les paroles… Ce proverbe chinois résume bien l’état d’esprit du secteur associatif après avoir écouté les promesses de Marlène Schiappa, le 14 septembre, devant les acteurs de l’ESS. La Secrétaire d’État auprès de la Première ministre chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative a affirmé qu’une enveloppe de 2,5 millions d’euros allait être versée pour financer la relance des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). La ministre a aussi expliqué que l’ESS deviendra prioritaire dans toutes les instances publiques. « Nous sommes en train de travailler à créer un guichet unique, vis-à-vis de l’État, pour les demandes de subventions, dans le cadre d’un pacte de confiance entre les associations et l’État », a précisé l’ancienne conseillère municipale du Mans. Les augmentations de salaires du secteur sanitaire et social devraient, par ailleurs, être alignées sur les hausses du point d’indice pour les fonctionnaires. 
 
La générosité des Suisses se confirme. Les œuvres d’entraide helvétiques ont reçu l’an dernier 2,05 milliards de francs suisses (2,13 milliards d’euros) de dons. Les ménages et les legs ont contribué à 70% à cette somme qui est équivalente à celle enregistrée à 2020, qui avait été une année record. Si les dons privés ont légèrement diminué en 2021 par rapport à l’année précédente, les dons institutionnels ont, eux, légèrement augmenté.
Les structures spécialisées dans les domaines de la coopération au développement, de la protection de la nature ou de l’environnement sont celles qui ont le plus bénéficié de la hausse des aides versées par les philanthropes. Les foyers et les organisations sanitaires et sociales ont, quant à eux, moins profité de ce phénomène. Le travail des fundraisers en Suisse est plus important que jamais car la manne publique commence à se tarir. La part des ONG se finançant principalement par des fonds publics est passée d’une sur cinq à une sur sept en un an.