Dans une tribune publiée dans Le Monde de l’éducation et co-signée par de nombreux acteurs de la solidarité dont l’AFF et plusieurs enseignants, le collectif L’Ecole de la philanthropie explique pourquoi la philanthropie devrait être enseignée dès l’école primaire. Apprendre aux enfants à tisser des liens altruistes et solidaires encouragerait le mieux vivre ensemble. La déléguée générale de L’Ecole de la philanthropie, Carole Réminny, et le nouveau président de l’AFF, Jonathan Hude-Dufossé, nous en disent plus…
Quelles sont les raisons qui vous ont encouragés à publier cette tribune dans Le Monde de l’éducation ?
Carole Réminny : Cette tribune a pour ambition de promouvoir l’enseignement de la philanthropie, de la solidarité et de la générosité au sein du système éducatif. L’actualité nous envoie actuellement des signaux préoccupants. Les dernières élections, par exemple, ont confirmé une désaffection des jeunes pour le vote alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à s’engager au service de l’intérêt général. Ce déséquilibre soulève des questions. Parallèlement, notre société se morcelle et se nucléarise. Cela nous rappelle que faire société ne va pas de soi. Pourtant, l’homme est un animal altruiste. Nous naissons tous empathiques mais nos comportements prosociaux diminuent drastiquement avec l’adolescence. Il nous semblait donc très important de rappeler l’importance d’enseigner la philanthropie et l’altruisme dès l’école primaire.
Jonathan Hude-Dufossé : La nouvelle législature qui vient de débuter s’inscrit dans un contexte de politique nationale et dans un climat de géopolitique internationale particulièrement complexes. Il existe également un besoin fondamental de refaire société en France, et favoriser notamment l’intérêt général et l’apprentissage de la philanthropie dès le plus jeune âge peut aider en ce sens. L’idée n’est bien évidemment pas d’apprendre aux enfants à donner de l’argent, mais de repartir de l’essence même du concept, de l’étymologie du mot : leur montrer l’importance d’aimer et d’aider son prochain. Les périodes durant lesquelles la société est en pleine mutation, comme c’est le cas actuellement, se font souvent au détriment de l’humain et il nous semblait important, à travers cette tribune de remettre l’humain au centre du débat.
A qui s’adresse cette tribune ?
C. R. : Cette tribune s’adresse à tous les acteurs de l’éducation et aux décideurs politiques. Nous ne voulons pas lancer un pavé dans la mare mais réveiller les consciences. Beaucoup d’attention s’est portée, à juste titre, sur les questions liées au mentorat et à l’insertion des jeunes mais il est aussi important de rappeler que tout se joue dès le plus jeune âge.
Pourquoi l’AFF a-t-elle décidé de co-signer cette tribune ?
J. H.-D. : L’AFF a pour objectif depuis 30 ans d’accompagner le développement de la philanthropie et elle a toujours poussé des stratégies d’alliances avec les autres acteurs de la générosité. Il nous paraissait donc évident de co-signer cette tribune.
Cette tribune est-elle une bouteille jetée à la mer ou le lancement d’une campagne de communication plus large ?
C. R. : Une bouteille à la mer, non. De nombreuses organisations des secteurs de la générosité, de l’éducation et des associations se sont mobilisées autour de cette tribune et l’ont déjà fait vivre auprès de leurs publics. Les suites qui pourront être données à cet appel dépendront évidemment de l’accueil qu’il recevra, notamment auprès des décideurs politiques.
J. H.-D. : Cette tribune doit être la première pierre d’un mouvement plus large qui doit s’inscrire dans la durée et aboutir à des décisions très pragmatiques inspirées des propositions soumises. Nous allons continuer à porter ce message partout où nous le pourrons.
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