Les chiffres de France générosités sont tombés : la baisse des dons 2018 serait finalement de 4,2%. Un résultat « moins pire » que ce que le secteur pouvait redouter mais qui n’est pas pour autant à prendre à la légère.

C’est au lendemain d’un weekend de Sidaction aux promesses de don en hausse (4,5 millions d’euros contre 4,4 millions l’an dernier selon LCI), que France générosités (syndicat professionnel des associations et fondations faisant appel aux générosités qui compte 97 membres) a publié les chiffres tant attendus sur la baisse des dons 2018. Au compteur de son Baromètre de la Générosité  : -4,2% de générosité l’an dernier. Moins catastrophique que l’anticipation de -10% à -15% qui rodait dans le secteur. Mais un résultat qui signe toutefois, d’après le communiqué de France générosités, « une baisse significative après une progression constante des dons de 9% entre 2013 et 2017« .

Après un premier semestre marqué par une chute de 6,5% des dons, les cris d’alarme poussés par les associations dans les médias et via leurs outils de collecte semblent avoir eu les effets escomptés. Le second semestre 2018 n’a en effet enregistré une baisse de dons que de 2,6%, et 41% des dons de l’année ont été faits entre octobre et décembre. Au final, selon La Croix « si l’on extrapole à l’ensemble du monde associatif et sur la base des 3 milliards d’euros de dons déclarés aux impôts par les particuliers, ce sont ainsi plus de 120 millions qui manquent à l’appel ». Soit peu ou prou le manque à gagner des dons disparus dans la transformation de l’ISF en IFI (-54% de dons, soit 130 à 150 millions d’euros de manque à gagner pour les Fondations Reconnues d’Utilité Publique concernées selon le Baromètre ISF/IFI France générosités paru en juillet 2018).

De quoi pousser un grand « ouf » et espérer un retour à la normale en 2019 ? Peut-être. Mais pas trop vite. Car ces chiffres n’ont été établis que sur la base de 22 organisations membres de France générosités. Des « poids lourds » pour beaucoup, bien équipés pour la collecte de fonds qui ont su remobiliser leurs bases de donateurs. D’ailleurs, note le Baromètre de France générosités, 94% des dons proviennent de donateurs fidèles, le nombre de dons restant stable malgré une baisse générale en montant. Mais quid du reste du secteur ? Quid des « petites » ? Les chiffres globaux ne tomberont pas avant de longs mois…

Derrière ces -4,2%, « se cache une grande diversité de situation entre les organisations faisant appel aux dons« , souligne France générosités. La Croix note ainsi que « la Ligue contre le cancer enregistre une baisse de la collecte de dons de 16 %, l’Institut Pasteur 11 %, la fondation Apprentis d’Auteuil 19 %, le Secours catholique 7 % » tandis que Europe 1 se concentre sur les sujets qui fonctionnent, causes environnementales en tête : « le WWF a reçu 5% de dons supplémentaires et Greenpeace en a enregistré 10%« . Des résultats qui résonnent avec ce que les adhérents de l’AFF confient lors de nos rencontres.

Pour ceux qui ont tiré le mieux leur épingle du jeu divers arguments sont avancés : résonnance médiatique particulièrement importante des sujets environnementaux en 2018, ancrage local fort, tournant numérique réussi… avec des points communs peut-être : un lien avec la déduction fiscale qui a su être secondaire face aux enjeux portés, une capacité à valoriser les impacts de la structure au regard de ces enjeux, à entretenir des relations de qualité avec ses donateurs, à renouveler ses modalités de sollicitation.

Quoi que disent les chiffres, ce coup de semonce invite à ne pas se reposer sur ses lauriers, à ne pas balayer 2018 d’un revers de la main en se contentant d’implorer Bercy de réinstaurer l’ISF. Certes le Sidaction, l’un des baromètres du secteur, a vu ses promesses de dons légèrement augmenter le weekend dernier, mais c’est en partie grâce à « un don exceptionnel d’un grand donateur » resté anonyme relate LCI. Peut-on compter sur ces « dons exceptionnels » ? Ou faut-il plus largement s’interroger sur ses pratiques. Sur sa cause. Sur son lien à ses soutiens : donateurs, bénévoles, communauté au sens large. Ce coup de semonce invite à applaudir les fundraisers qui cherchent à s’en sortir par le haut, qui innovent, dans le respect de leurs donateurs et qui, en creux, aident ainsi à redonner le goût de donner. Pour vous accompagner sur ce chemin, n’hésitez pas à vous (re)plonger dans le dossier « Fiscalité, sortir des rouages rouillés » que nous avons réalisé dans le numéro 58 de Fundraizine tout juste paru. Il est exceptionnellement disponible ci-dessous en version digitale. 

Pour en savoir plus, découvrez ici le communiqué de France générosités.

Et lire par là l’interview de Pierre Siquier au Parisien.