Édito. Pouvoir et responsabilité…
29 juillet 2021
C’était l’une des critiques majeures adressées à la Fondation Gates : sa gouvernance. Trois personnes (Bill et Melinda Gates ainsi que le milliardaire Warren Buffet), pour décider des orientations généreuses d’une fondation dotée de plus de 50 milliards d’euros. Plus puissante que l’OMS et premier soutien aux systèmes de santé des pays du Sud. Fondamentale dans la recherche et l’accessibilité aux vaccins, et donc dans la lutte contre le Covid. Alors forcément quand, en l’espace d’un mois, le couple Gates annonce son divorce et que Warren Buffet démissionne du board de la fondation, pas mal de directeurs de programmes ou fundraisers ont dû avoir quelques sueurs froides.
Pour ne pas laisser leurs inquiétudes s’installer trop longtemps, et parce que « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » (dixit Roosevelt, Churchill ou l’oncle de Spider-Man), la Fondation vient de faire plusieurs annonces. Alors que le couple Gates avait au moment de l’annonce de sa séparation, précisé qu’il continuerait à piloter ensemble la fondation, il ajoute le geste financier à la parole en la dotant de 15 milliards de dollars supplémentaires pour assurer la pérennité de ses missions. Et précise que s’il s’avérait que le travail en commun devenait difficile, Melinda French-Gates se retirerait de la fondation. Surtout, la fondation annonce partir en quête de nouveaux administrateurs aux profils variés, le recrutement devant être opéré d’ici la fin de l’année.
Alors que la grande philanthropie est appelée à se développer en France, que retenir de ce rififi chez les Gates pour le secteur ? Car même si elles restent encore très timides, les annonces de créations d’importants véhicules philanthropiques personnels percent peu à peu la neige de la générosité silencieuse française, à l’aune peut-être d’une nouvelle génération d’entrepreneurs philanthropes. Ainsi, Pierre-Edouard Sterin (Smartbox, La Fourchette) a-t-il annoncé le mois dernier le transfert des 800 millions d’euros d’actifs de son fonds Otium Capital vers un fonds de dotation. Si le fundraiser n’a pas beaucoup de pouvoir sur la gouvernance de ces véhicules philanthropiques, il a en revanche plusieurs responsabilités. Celle de limiter sa dépendance à un bailleur unique, même si providentiel. Et celle aussi d’accompagner, avec pédagogie, le développement de cette grande générosité.
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