Quelques jours avant la Toussaint, Legacy Foresight, agence britannique spécialisée dans les legs, publiait une étude prospective sur le sujet à l'horizon 2045. Bienvenue dans un monde où le plus grand transfert de richesse de l'histoire est en cours… et où les associations qui n'auront pas anticipé risquent de ne pas en bénéficier.
"Ceux d'entre vous assez âgés pour se souvenir de Facebook et de l'iPhone X, savent que les choses ont bien changé au cours de leur vie. Et que le secteur associatif a notamment connu des changements fondamentaux. L'un des plus controversés a été quand, en 2035, le premier ministre Charlotte Church a passé une loi interdisant aux associations l'usage d'émotions de synthèse pour encourager les dons sur des arguments éthiques, bien que la technologie soit largement utilisée par l'industrie publicitaire". C'est par cette petite mise en situation "Bienvenue en 2045", que débute le rapport Giving Tomorrow de Legacy Foresight, agence britannique spécialisée dans les legs, se penchant sur les 25 prochaines années de générosité par-delà la mort.
Un monde de 2045 où les laboratoires de recherche de Microsoft ont fusionné avec trois grandes ONG de lutte contre la pauvreté pour créer un "superpouvoir non-profit" aussi enthousiasmant que redoutable. Où les requins ont envahi les eaux britanniques et où, pressurisé par ses enfants, Jeff Bezos a fermé Amazon pour consacrer sa fortune à la préservation de la forêt amazonienne. Un monde où la monnaie est devenue virtuelle, où la réalité augmentée permet de visualiser l'impact de ses dons et où le chatbot Minerva propose de débattre de l'éthique de ses dons…
Pure science-fiction ou coup d'œil sur l'avenir ? Peu importe. L'ambition du rapport, publié à l'occasion des 25 ans de Legacy Foresight et qui compile ses expériences à des avis d'experts, est de souligner que l'investissement dans les stratégies legs a déjà bien évolué ces 20 dernières années, passant "de simples "écrivez-nous pour recevoir notre brochure" à la construction de relations à long terme plus digitalisées". Et de faire prendre conscience des enjeux. Alors que des économistes prédisent le plus grand transfert générationnel de richesses de l'histoire, que l'espérance de vie atteint des seuils inédits ou que de plus en plus de donateurs (et donatrices !) n'ont pas d'héritiers, l'agence prédit que d'ici à 2045, les sommes léguées aux charities pourraient doubler.
Si ce que les baby-boomers feront de leur argent (y compris le dépenser de leur vivant) reste à prouver et qu'en France le gouvernement se penche sur la réforme de la réserve héréditaire, ces testateurs en puissance ont des profils bien différents de leurs parents, visant notamment un impact tangible, utilisant souvent des critères locaux et de relations personnelles... Plus ambitieux et en attente d'impact pour leur générosité, et posant aussi bien plus de questions aux bénéficiaires de leur legs ! Tout cela, note le rapport, dans un contexte de compétition accrue entre organisations non-profit et de digitalisation des relations qui peut créer "un terrain de jeu plus égalitaire" où des petites structures capables de nouer des liens personnels peuvent largement tirer leur épingle du jeu face à des "grosses" traditionnellement plus inspiratrices de confiance pour un don éternel.
Dans ce contexte, la nature même des testaments et des legs a changé. Fini le parchemin planqué dans la bibliothèque, le testament est devenu une vidéo ou un hologramme stocké en ligne. Et il concerne aussi bien les avoirs financiers que la gestion des actifs digitaux, assortissant la générosité de demandes de plus en plus précises. Et si le testateur de demain vous demandait de continuer à faire vivre son avatar digital pour entretenir les conversations qu'il a initiées de son vivant ? Face à ces perspectives de long cterme, note le rapport, c'est dès maintenant qu'il faut se préparer. En commençant par se saisir pleinement du sujet avec l'aide de ses donateurs : "écoutez-les, comprenez leurs attentes en la matière, créez une connexion émotionnelle avec eux", recommande Legacy Forsight.
Et pour collecter sans attendre, et vous acculturer à ce délicat sujet, pourquoi ne pas créer dès maintenant des espaces de collecte "en mémoire de" sur vos sites Web. Traditionnellement, ces outils de type cagnottes sont plutôt l'apanage des associations du secteur santé - recherche médicale (voir par exemple ici l'espace de la Fondation ARC ou par là celui de l'AFM Téléthon). Mais d'autres types d'organisations y viennent, comme par exemple le WWF britannique qui a également profité de cette période de Toussaint pour lancer son espace dédié "in memoriam" (qui comptabilise aussi les dons faits offline). Alors pourquoi pas vous ?
Pour en savoir plus : télécharger ici l'étude "Giving Tomorrow" de Legacy Foresight (en anglais).