Un bel hommage qui fait chaud au cœur. Antoine Vaccaro, le président du CerPhi et de Force For Good, est un des co-fondateurs de l’AFF. Dans une lettre ouverte aux professionnels et aux acteurs du Fund-Raising français publiée sur le site de son centre d’étude, il explique comment notre secteur a bâti, ces 40 dernières années, un bien commun pour les causes qui font appel à la générosité du public. La notion des « communs » inclue toutes les « formes d’action directe » qui visent à « créer, préserver ou accéder à des biens et des services en « communs ». » L’AFF est, selon lui, « une des principales expressions de cette construction ». « Lieu d’échanges entre professionnels travaillant en agence, comme indépendants ou dans les associations, explique-t-il, l’AFF a permis de bâtir un éco-système qui a favorisé l’avènement, le développement et le succès d’un fund-raising à la française au service des causes philanthropiques. »
MERCI pour ce message…
 
L’union fait la force. Face à l’urgence et à l’ampleur de la catastrophe en Ukraine, le Centre français des fonds et fondations (CFF) en lien avec le réseau européen Philea a lancé, comme lors du premier confinement, une plateforme de philanthropie européenne afin d’accélérer la collecte de dons. PhilanthropyForUkraine recense toutes les initiatives des fondations en faveur des Ukrainiens restés dans leur pays et des réfugiés qui vivent dans les pays limitrophes comme la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. 45 actions pour un montant total de 169,4 millions d’euros sont déjà répertoriées sur ce site qui comprend également 46 appels aux dons.
À la demande de Philea, le CFF a dupliqué ce site pour les ONG afin de mettre en avant les structures qui agissent sur le terrain et celles qui ont besoin d’aides financières. Le portail NGOforUkraine.eu répertorie actuellement 75 appels à donation en provenance de 37 pays. Cette liste ne devrait, hélas, pas se réduire dans un avenir proche.
 
Le recul était attendu. Le repli de la pandémie a eu un effet direct sur la générosité en ligne. En 2021, les plateformes d’iRaiser dans le monde ont collecté 310 millions d’euros contre 350 millions l’année précédente.
En France, la collecte de fonds digitale a diminué de 15% en valeur, à 200,1 millions d’euros contre 237,3 millions en 2020. Cette baisse est moins importante (-6%) si le secteur social est exclu des statistiques. Comparée à 2019, la collecte numérique a progressé de 40% en valeur. Le don moyen est, quant à lui, passé de 135 à 156 euros et les versements réguliers ont bondi de 52,7% en deux ans à 11,7 millions d’euros avec un montant mensuel stable de 18 euros. 20% de la collecte annuelle se fait durant les cinq derniers jours de l’année. Le secteur de l’éducation (590 euros) est celui qui reçoit le don moyen le plus élevé, loin devant le confessionnel (229€), la culture (221€), le social (183€) et la protection de l’enfance (134€). 22% des dons ont été effectués l’an dernier sur mobile contre à peine 14% douze mois plus tôt. La carte bancaire reste toutefois la méthode de paiement la plus utilisée (84%) devant PayPal (14%). Pour en savoir plus, cliquez ici.
 
Un mal pour un bien ? Les cryptomonnaies révolutionnent le crowdfunding. Ces devises décentralisées, qui s’échangent sur un réseau blockchain peer-to-peer et qui ne sont soumises à aucune loi ou restriction institutionnelle, sont de plus en plus utilisées lors des collectes de fonds. Plusieurs centaines de millions de dollars seraient versés chaque année à de bonnes causes grâce à ces monnaies, selon cet article en anglais. Les propriétaires de « crypto », et notamment les 14% d’adultes américains qui en possèdent, sont particulièrement généreux. Près de la moitié d’entre eux (45%) donnent en effet plus de 1000 dollars par an à des structures d’intérêt général alors que ce taux ne dépasse pas 33% pour l’ensemble des investisseurs, selon une étude publiée par Fidelity Charitable. La guerre en Ukraine confirme ce constat.
En une semaine à peine, 51 millions de dollars ont été récoltés en cryptomonnaies pour soutenir les victimes de ce conflit. Les comptes créés par le gouvernement ukrainien ont reçu, à eux seuls, 27 millions de dollars. L’ONG Ukraine DAO (11 M$), Come Back Alive (9 M$) et Unchain Fund (2 M$) ont aussi profité de cette générosité. Le 25 janvier, un donateur a donné 80 Bitcoins, soit l’équivalent de 3 millions de dollars, à une organisation charitable d’Ukraine. Et le soir du 27 février, un autre philanthrope anonyme a versé 1 million de dollars dans la même devise numérique. De son côté, le site Binance a déboursé pas moins de 10 millions de dollars et lancé une opération de crowdfunding auprès de ses membres. Le fondateur… russe d’Ethereum, Vitalik Buterin, et le créateur de l’échange FTX, Sam Bankman-Fried, ont, quant à eux, demandé aux personnes qui possèdent un compte sur leur plateforme de verser des dons en faveur de l’Ukraine.
Le blockchain a toutefois deux sérieux défauts. Ce réseau n’est tout d’abord soumis au contrôle d’aucune autorité ce qui laisse la porte ouverte à tous les excès et son impact environnemental est énorme. Le bitcoin a consommé, à lui seul, 143 TWh d’électricité en 2021. Cette quantité d’énergie est supérieure à celle utilisée chaque année par les Pays-Bas (111 TWh), les Émirats Arabes-Unis (120 TWh) ou la Norvège (124 TWh). Certaines cryptomonnaies plus « vertes » commencent toutefois à apparaître. The LoveChain et @Pay sont notamment construites sur Algorand qui est une des rares blockchains à avoir une empreinte carbone nette négative. Pour faire une bonne action, les philanthropes doivent prendre garde de choisir la bonne « crypto ».
 
La France bien classée. L’Indiana University Lilly Family School of Philanthropy de l’IUPUI vient de publier son tout dernier rapport sur les environnements philanthropiques dans le monde. Le GPEI 2022, qui compare 91 pays représentant 85 % de la population planétaire et 95 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, étudie l’environnement philanthropique à travers 6 points d’analyse et en utilisant un score allant de 1 (peu favorable) à 5 (très favorable). Ces critères sont la facilité d’action d’une organisation philanthropique dans le pays concerné, les incitations fiscales, les flux philanthropiques entre nations ainsi que les environnements politiques, économiques et socioculturels pour ce secteur.
Dans cette étude, la France figure parmi la liste des douze pays les mieux classés au côté notamment de l’Allemagne, de la Belgique, des trois pays scandinaves, de la Suisse, de Singapour et des Etats-Unis. Avec une note globale de 4,64, notre nation est saluée pour son environnement socioculturel, politique et ses incitations fiscales mais ses flux philanthropiques entre pays mériteraient encore d’être simplifiés malgré l’existence de Transnational Giving Europe. A bon entendeur…