Maintenant ou jamais… Un manifeste signé par plus de 2000 entrepreneurs vient de définir les cinq priorités pour l’économie de demain. Création d’un index d’Impact social et écologique, mise en place d’un statut d’entreprises à impact, soutien de l’innovation sociale et écologique au même titre que l’innovation technologique, réorientation de la fiscalité, des aides et des investissements publics afin de promouvoir la compétitivité écologique et sociale, lancement de filières d’avenir vers un modèle sobre et inclusif… Les signataires de ce texte, qui souhaitent faire de la France une « Impact-Nation » d’ici 5 ans, voudraient faire inscrire leurs priorités dans le programme des candidats à la présidentielle.
Les acteurs de la générosité veulent, eux aussi, profiter de l’élection pour faire entendre leurs voix auprès des politiciens en campagne. Sur son blog, Francis Charhon vient de publier un « Appel à une politique philanthropique ambitieuse pour les acteurs du secteur non lucratif ». « Ce secteur important est encore trop peu pris en compte par les élus et la sphère publique dans la définition des politiques publiques », critique l’ancien directeur de la Fondation de France qui souhaite rendre la gouvernance de la philanthropie plus simple et plus lisible. L’initiateur du Centre français des fondations voudrait également que le monde politique reconnaisse formellement ce secteur et son rôle. Vous trouverez son appel sur ce lien.
724,50 euros par habitant. Une octogénaire néerlandaise vient de léguer l’ensemble de sa fortune à la commune de Lamanon, un petit village des Alpilles dans les Bouches-du-Rhône. Ce don de 1.441.005 euros est équivalent au budget annuel de ce bourg de 1989 âmes. Rien de moins…
La retraitée, qui vivait dans une localité voisine, a fait ce geste pour permettre à Lamanon d’entretenir et de préserver le site des grottes de Calès où elle adorait se promener. Dans son testament, elle a précisé que son argent pouvait aussi servir à financer des actions sociales notamment en faveur du bien-être des personnes âgées. Cet exemple n’est pas unique en son genre.
Au mois de janvier, un couple de retraités a légué à la petite commune d’Audincourt dans le Doubs l’intégralité de sa collection d’art estimée à 2,1 millions d’euros. En décembre, la municipalité d’Espéraza dans l’Aude a reçu la somme de 500.000 euros d’un bienfaiteur anonyme. En avril 2021, un homme a versé 1 million d’euros à la mairie de Coray dans le Finistère et le mois précédent le village de Saint-Maurice-Thizouaille dans l’Yonne, qui abrite 265 habitants, a obtenu un legs de 270.000 euros d’une nonagénaire. Qui dit mieux ?
Le plancher devient le plafond. Une conséquence de la crise sanitaire et de l’incertitude concernant notre avenir proche ? Six des dix plus grandes fondations privées québécoises se sont contentées en 2020 de verser en dons le strict minimum requis par l’Agence du revenu du Canada.
Selon les règles fédérales, les fondations doivent redonner, chaque année, au moins 3,5 % de leurs actifs disponibles (hors activités de bienfaisance et frais d’administration) pour profiter des crédits d’impôt pouvant atteindre 50 % de la somme versée accordés par l’Etat. Les fondations des familles de David Azrieli, André Chagnon, Jean Coutu, Lino Saputo, Jim Hewitt et Morris Goodman se sont donc contentées de verser ce montant plancher en 2020.
Cette attitude a soulevé la colère des acteurs de la générosité.
« Le principal objectif recherché par plusieurs fondations privées, c’est de préserver leur capital plutôt que d’être charitables », déplore John Hallward de l’organisme montréalais DONN3. Certaines de ces structures, des grandes comme des petites, « ne sont pas vraiment au service de la communauté, regrette le PDG de la Fondation du Grand Montréal, Karel Mayrand. Elles sont créées à des fins d’optimisation fiscale et ne versent que le minimum requis ».
Face aux critiques grandissantes à l’égard des quelques 100 milliards de dollars accumulés dans les fondations canadiennes, Ottawa a tenu l’an dernier une consultation sur l’opportunité de faire passer le « contingent de versement » minimal de 3,5% à 5%, soit le taux qui était en vigueur jusque dans les années 1980. Selon l’organisme Imagine Canada, 84% des fondations détenant plus de 3 milliards de dollars pourraient se permettre de donner 10% de leurs actifs disponibles chaque année sans entamer leur capital. Ces structures pourraient donc accroître sensiblement leurs dons sans pour autant mettre en péril leurs actifs de départ. A vos carnets de chèque, messieurs et mesdames les riches donateurs…
Casino investit en faveur de l’IA. Le distributeur stéphanois, qui compte 10.800 magasins et réalise un chiffre d’affaires de 31,9 milliards d’euros, va financer une chaire à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) ayant pour thème « Algorithmique et machine learning ». L’objectif de cette initiative est de soutenir les chercheurs et les étudiants qui se spécialisent dans l’intelligence artificielle. Dans des entretiens accordés au Journal du Dimanche et aux Echos, Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, a expliqué que l’IA allait être « une des priorités pour les deux ou trois prochaines années » pour son groupe. Le dirigeant pense en effet que « l’IA est clairement une voie d’avenir pour remplacer « l’intuition » du commerçant ». Un tel objectif vaut bien une chaire à l’ENS. Les patrons de magasins apprécieront… ou pas cette initiative.
Un pont entre les sociétés et les entrepreneurs. Voilà maintenant sept ans que Moussa Camara et son association Les Déterminés soutiennent les créateurs d’entreprises dans les banlieues et les zones rurales grâce à un programme de formation gratuit composé d’un tronc commun et de modules personnalisés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque porteur de projet. Plusieurs grandes sociétés se sont ralliées à ce projet dont le cabinet de conseil et d’audit Mazars. Ce partenariat se matérialise par une aide financière et la mise à disposition de locaux partout en France. « Nous souhaitons partager un maximum de ressources avec les entrepreneurs, à commencer par les expertises et connaissances de nos collaborateurs, résume Olivier Lenel, le directeur général de Mazars en France. Structurer un business plan, réaliser une étude de marché, protéger une marque, comprendre la législation et la fiscalité, gérer une comptabilité, bâtir un plan de marketing et de communication, préparer un pitch… Voici quelques exemples de thématiques sur lesquelles nous sommes en mesure d’intervenir. »
Si vous souhaitez en savoir plus, c’est par ici.
Des monnaies de plus en plus réelles et de moins en moins virtuelles… Une vente de d’œuvres d’art numériques (NFT en anglais) a permis à Médecins Sans Frontières de recevoir de la part d’un collectionneur anonyme un don de 3,5 millions de dollars en Ethereum, la cryptomonnaie la plus populaire au monde après le Bitcoin. MSF a reçu à ce jour une dizaine de dons en crypto. L’Unicef a été précurseur dans ce domaine en lançant dès 2019 son propre fonds en crypto. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance a été encore plus loin en annonçant, au mois de janvier, son intention de vendre sur la chaîne de blocs Ethereum 1000 NFT basés sur des données en faveur de la connectivité des écoles. On savait que l’argent n’avait pas d’odeur. On découvre aujourd’hui qu’il peut rester virtuel tout en étant réel….
Les beaux jours arrivent. La Fondation Roi Beaudoin en Belgique va organiser, le 28 avril 2022, le « Printemps de la Philanthropie ». Cet événement, qui se tient tous les trois ans, a pour vocation de démontrer l’importance de reconnaître, de favoriser et de faciliter la philanthropie, à l’échelle locale, nationale, européenne et internationale. Cette journée de rencontre, à laquelle participeront des philanthropes, des décideurs politiques, des notaires, des banquiers, des conseillers patrimoniaux, des entrepreneurs, des responsables RSE, des fondations, des gestionnaires de fortune et des family officers, favorisera l’approfondissement de certains thèmes philanthropiques et se fera le porte-parole d’idées innovantes et de pratiques nouvelles capables d’inspirer les philanthropes dans leur manière de s’engager et d’aborder les problèmes sociétaux. Ne perdez plus une minute et réservez vos billets de Thalys pour vous rendre à Bruxelles dans deux mois…
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