L’IA : grande absente des conversations entre associations et fondations
23 octobre 2025

Le CEP (Center for Effective Philanthropy), think tank américain dédié à l’efficacité philanthropique des fondations financeuses, publie une étude sur la place de la question de l’IA dans les liens entre associations et fondations qui les financent. Objectif : identifier quel soutien les premières reçoivent des secondes dans l’implémentation de l’IA. La réponse tient en un mot : zéro (ou presque).
Pour prendre la température, le CEP a interrogé au printemps plus de 450 leaders associatifs et 250 dirigeants de fondations. Et le premier constat est que l’usage (identifié) de l’IA est extensif chez les fondations, comme chez les associations, essentiellement pour des motifs de productivité interne ou de communication. Plus de 60% des associations l’utilisent également dans le cadre de leur collecte de fonds. Les acteurs partagent aussi des inquiétudes communes : mauvais résultats et biais des IA génératives, sécurité des données, manque de compétences liées à l’IA…
Mais si chacun semble très concerné, la conversation ne s’établit que peu sur les besoins et compétences des associations en matière d’IA. Ainsi, les dirigeants de fondations estiment à plus de 80% que leurs collaborateurs ont une compréhension limitée, voire inexistante, de 1. l’avis des associations qu’ils financent sur l’efficacité de l’IA dans leur travail, 2. de compétences en matière d’utilisation de l’IA, ou encore 3. des questions éthiques qu’ils pourraient se poser. En face, les trois quarts des leaders associatifs estiment qu’aucun ou très peu de leurs bailleurs de fonds comprennent les besoins ou les préoccupations de leur organisation en matière d’IA.
Résultat : 83% des associations affirment qu’aucune des fondations les soutenant n’a engagé avec elles une conversation à propos de l’IA (et 15% estiment que « un peu » l’ont fait). 90% des fondations reconnaissent qu’elles n’apportent absolument aucun soutien (financier, en compétences ou autres) aux associations soutenues (8% en apportent à quelques associations). Les raisons invoquées : l’absence de demande/intérêt manifeste des associations, le fait que ce genre de soutien n’entre pas dans le cadre de la fondation, ou simplement le fait que les fondations n’y ont jamais pensé ! D’ailleurs, les fondations reconnaissent qu’elles ont peu ces conversations en interne à propos de leurs propres usages et besoins.
Pourtant, les besoins exprimés par les associations sont variés : sensibilisation générale des équipes à l’IA, formation technique, accès à des outils et solutions ou encore études sur l’impact de l’IA sur leurs bénéficiaires. Alors que 70% des fondations ne savent pas si et comment elles développeront leurs soutiens aux associations en matière d’IA dans les années à venir, c’est peut-être justement le moment ou jamais d’exprimer ces besoins.
Pour découvrir l’ensemble du rapport du CEP : « AI WITH PURPOSE: How Foundations and Nonprofits are Thinking About and Using Artificial Intelligence », rendez-vous ici.
© Photo : Illustration en p.15 du rapport du CEP
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