La responsable du mécénat et de la communication de l’Institut Robert Merle d’Aubigné a travaillé avec la fondatrice de Mécélink, cabinet expert en mécénat d’entreprise, dans le cadre de la création du fonds de dotation  Réé ‘ App La vie. Ces deux partenaires nous racontent le chemin parcouru pour atteindre leurs objectifs.
 
Quel est la nature de votre fonds, sa mission et son fonctionnement ?
 
Mélanie Meslage : L’Institut Robert Merle d’Aubigné est un établissement privé non lucratif fondé en 1969. Il est spécialisé dans la rééducation et la réadaptation des personnes amputées et de l’appareil locomoteur. Chaque année, nous accompagnons 3000 patients, et fabriquons sur notre site de Valenton, dans le Val de Marne, près de 1500 prothèses. Nous sommes ainsi le premier centre d’appareillage en France.
Il y a près de 100.000  personnes amputées dans l’Hexagone et 5000 nouveaux cas par an. L’Institut est géré par l’association loi 1901 Merle d’Aubigné qui n’est pas éligible au mécénat. Notre établissement est financé à 80% par les subventions de l’agence régionale de santé (l’ARS) et le reste, par nos activités de service. L’association a décidé en 2018 de se lancer dans la création d’ un fonds de dotation ! L’objectif ? Trouver des ressources supplémentaires (auprès des entreprises et des particuliers) pour développer la recherche, accroître le confort des patients et proposer des thérapies innovantes. En septembre 2020, j’ai été recrutée pour faire avancer le projet de création, qui avait des difficultés à passer le cap de l’intention, faute de compétences dédiées à son développement. Le fonds de dotation a finalement vu le jour en mars 2021. Sa mission est d’agir en faveur de l’autonomie, de l’inclusion et de l’innovation, en faveur de personnes en situation de handicap moteur afin qu’elles puissent vivre pleinement !  
 
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
 
M. M. : Les 9 premiers mois, nous avons dû définir le montage juridique du fonds, rédiger ses statuts, constituer sa gouvernance, faire l’inventaire des projets à financer et définir une stratégie de collecte pour les 5 prochaines années. Nous avons beaucoup travaillé avec les avocats et nous avons fait appels aux services de Marie-Caroline Blayn pour élaborer le discours de cause et les éléments de langage pour faire comprendre au plus grand nombre la raison d’être de notre fonds. Cet exercice n’a pas été simple car notre fonds de dotation devait aller au-delà de la mission sociale de l’association et  se situer à la croisée de plusieurs domaines d’action :  handicap, recherche, santé.
 
M.-C. B. : J’ai rencontré Mélanie par l’intermédiaire de l’AFF. Les établissements de santé font souvent face à des problématiques liées au langage utilisé, qui est très ou trop spécifique au secteur. Notre idée a été de mettre en place quatre ateliers sur 3 mois au sein de l’institut pour co-construire et faire naître un discours « vulgarisé » qui soit en phase avec toutes les parties prenantes de l’association (salarié/gouvernance) et compréhensible des mécènes entreprises et particuliers.
 
Ce long travail n’est-il pas trop coûteux pour une petite structure comme la vôtre ?
 
M. M. : J’avais un tout petit budget à ma disposition ! Les investissements de cette première année, ont été concentrés sur le montage juridique avec les avocats et la construction du discours de cause avec l’accompagnement de Mécélink.  Nous avons ensuite fait appel à une graphiste indépendante pour la création de l’identité graphique du fonds de dotation, J’ai également bénéficié de mécénat en nature avec des imprimeurs partenaires pour la réalisation des supports de communication.  Nous avons capitalisé sur des solutions digitales clés en main et économiques pour  lancer notre site internet et mettre en place le don en ligne via la plateforme HelloAsso.
 
Où en êtes-vous aujourd’hui et quelles sont vos projections pour l’avenir ?
 
M. M. : Le bilan est positif car  le fonds de dotation a vu le jour en 9 mois. Le 8 décembre, nous l’avons lancé officiellement malgré les restrictions sanitaires lors d’une réception réunissant une centaine de personnes. Des mécènes entreprises nous ont immédiatement apporté leur soutien en s’engageant à nos côtés ce qui a validé la portée du discours de cause que nous avions construit. Nous avons aussi reçu des dons de particuliers, et pour certains directement  en prélèvement automatique. Ces premiers soutiens sont très encourageants. Sur cette première année d’existence, nous sommes parvenus à atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Le mécénat  d’entreprise est même deux fois plus important que dans nos prévisions avec des manifestations d’intérêt à transformer. Cette émulation est renforcée avec le soutien de champions paralympiques, ambassadeurs des projets d’inclusion par le sport, ce qui est de bonne augure à la veille des  JO de Paris de 2024… Nos actions sont ainsi plus lisibles et visibles. En interne, le fonds de dotation existe, c’est concret et il a permis de fédérer les équipes et de booster  les projets et l’innovation. Ce chemin parcouru montre qu’une petite structure dans  le domaine du sanitaire et de la santé peut se lancer avec succès dans la collecte de fonds. Tout est possible ! Il faut juste y croire, suivre une démarche très structurée, identifier et concentrer ses moyens sur des accompagnements ciblés et solides. Et bien-sûr investir en internalisant des compétences dédiées à l’activité pour que le projet soit pérenne…

Pour d’autres retours d’expériences inspirants, des chemins parcourus et de fructueuses rencontres, n’hésitez pas à vous inscrire à la 2ème conférence de fundraising pour la Santé, qui se tiendra… à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé !
Infos et inscriptions ci-dessous :