À l’initiative du Fonds de dotation du Louvre, mais au service de l’ensemble des musées de l’hexagone, la Fondation des Musées Français – sous l’égide de la Fondation de France – devient le véhicule mutualisé pour permettre au secteur d’investir la collecte IFI. Entretien avec les porteurs de l’initiative : Philippe Gaboriau pour le Fonds de dotation du Louvre et le fondateur Christian Viros.

La collecte de dons sur ISF/IFI était jusqu’ici inaccessible pour la plupart des musées français, faute de fondation reconnue d’utilité publique ou de fondation abritée. La première étant longue et complexe à créer (et nécessitant un apport conséquent d’un à deux millions d’euros), la seconde étant plus accessible (sous réserve d’une véritable ambition de collecte IFI) mais devant servir plusieurs bénéficiaires. C’est donc pour s’ouvrir cette porte fiscale, et la partager avec l’ensemble des musées français, que Philippe Gaboriau, Directeur général du Fonds de dotation du Louvre (créé en 2009), a initié la création de la Fondation des Musées Français, sous l’égide de la Fondation de France.

« L’idée a germé il y a trois ans, se souvient Philippe Gaboriau, Directeur général du Fonds de dotation du Louvre, qui s’exprime ici sous la casquette d’administrateur de cette nouvelle fondation. Mais c’est en juillet 2018 qu’elle a véritablement commencé à prendre forme lors de conversations avec un mécène qui souhaitait justement nous soutenir via le don IFI« . Finalement créée en juin dernier, la Fondation des Musées Français est au service de l’ensemble de la communauté des musées.

« La Fondation n’a pas vocation à entretenir de relations directes avec les mécènes, explique Philippe Gaboriau. Aux musées de présenter des projets à soutenir par la Fondation des Musées Français. Un système qui marche aussi pour les Sociétés d’amis.

Du côté de la composition de ce conseil, trois sièges d’administrateurs seront dévolus aux représentants de musées, dont un siège pour le Louvre. Et le fondateur – M Christian Viros – disposera de deux sièges. Pourquoi cet engagement de sa part ? « Comme souvent, explique l’ancien patron de Tag Heuer et fondateur d’une société de private equity, c’est un peu le hasard des rencontres. J’ai eu la chance de réussir dans les affaires, je vis en Suisse depuis trente ans, mais je garde un attachement profond pour la France. J’ai un intérêt pour l’art, je butine, j’apprends. Et j’aime flâner au Louvre quand je viens à Paris ».

« En 2018, poursuit-il, j’ai assisté à son Gala des mécènes. J’ai échangé avec Philippe Gaboriau sur les enjeux de financement, la place des soutiens privés. Peu à peu l’idée d’un engagement dans la durée pour la dotation du musée a émergé. Comme un « coup de cœur raisonné »! La question de la fiscalité n’est venue qu’après, mais il est vrai que pour moi, comme pour d’autres expatriés qui n’avons pas – ou très peu – de revenus mais du patrimoine foncier en France, cette solution IFI était alors un peu manquante ».

Un an après, le voilà donc fondateur de la Fondation des Musées Français, et porte-parole de l’initiative. Est-ce difficile justement de parler de sa philanthropie ? « La France manque encore de culture du don. Je suis plus imprégné de la culture américaine où les gens n’ont pas peur d’afficher leur générosité pour inciter d’autres gens à contribuer. C’est certainement plus simple de parler de générosité dans le secteur de l’art et de la culture, ou encore dans l’enseignement supérieur. Mais il faudrait que cela devienne facile de le faire pour toutes les causes ».

Pour plus d’informations sur la Fondation des Musées Français : philippe.gaboriau@louvre.fr