L’initiative est originale et courageuse. Pour inciter les particuliers à lui donner les vêtements qu’ils ne portent plus, Emmaüs a choisi de faire de la pub « pirate » chez son principal rival : l’application Vinted sur laquelle les internautes revendent les habits qui prennent la poussière dans leurs armoires. L’association a ainsi créé le profil « Emma_Us » qui propose des tee-shirts à 5 euros. En cliquant sur l’annonce, les visiteurs sont renvoyés directement sur le site d’Emmaüs. Malin. Cette campagne « sauvage » vise à sensibiliser les jeunes et les consommateurs qui ont de plus en plus le réflexe de revendre en priorité leurs anciens vêtements sur les sites comme Vinted et de donner uniquement aux associations leurs fripes importables. En 20 ans, le taux de réutilisation des produits reçus à Emmaüs est ainsi passé de 60% à 40%.

 

Jamais trois sans quatre… Le silence radio remonte au mois d’octobre… 2021. Voilà dix-sept mois que le British Museum n’a pas reçu de nouvelle de BP. Le géant pétrolier est pourtant un des principaux sponsors de l’institution londonienne depuis 27 ans. Leur dernier contrat quinquennal de partenariat est entré en vigueur en 2018. Il doit donc se conclure à la fin de cette année mais la discrétion de BP ne laisse rien présager de bon pour le musée britannique. Lorsque le pétrolier a choisi de lui renouveler sa confiance, son contrat de sponsoring incluait trois autres institutions anglaises. Mais ces derniers mois, la Royal Shakespeare Company, la National Portrait Gallery et le Royal Opera House ont tous décidé de ne plus accepter les fonds de BP. Le British Museum faisait exception à la règle. Jusqu’à maintenant… La fin de ce partenariat serait un coup dur pour le musée qui cherche à lever 1 milliard de livres sterlings pour financer sa rénovation.

 

Donner plus pour payer moins d’impôts… Faire preuve de générosité permet de bénéficier d’allègements fiscaux. Les dons d’argent permettent notamment de profiter d’un abattement de l’impôt égal à 66% des sommes versées. Cette baisse peut même atteindre 75% pour les dons destinés à l’aide aux personnes en difficulté, que ce soit pour leur fournir des soins, des repas ou un logement. Cet avantage fiscal reste toutefois plafonné. Les dons qui profitent de la réduction majorée à 75% ne doivent pas excéder 1000 euros et ceux « détaxés » à hauteur de 66% ne peuvent pas être supérieurs à 20% du revenu imposable. En cas de dépassement, l’excédent peut être reporté sur les cinq années suivantes. Les plus aisés peuvent, quant à eux, bénéficier d’une baisse de 75% de la valeur de leurs dons sur leur impôt sur la fortune immobilière (IFI) dans la limite de 50.000 euros. N’oubliez pas de mentionner ces « détails » qui n’en sont pas lors de vos campagnes de fundraising…

 

L’inflation n’empêche pas la générosité. La hausse des prix ne semble pas avoir freiné les dons des Français, à l’exception près des plus modestes d’entre eux. Les associations et les organismes contactés par l’AFP comme le Secours catholique, l’Armée du Salut et France Générosités se réjouissent de la fidélité de leurs donateurs en 2022. Le soutien en faveur des victimes de la guerre en Ukraine a poussé beaucoup de particuliers a donné l’an dernier mais les besoins continuent de croître en France même. Les jeunes et en particulier les étudiants ainsi que les personnes âgées qui touchent une toute petite retraite sont en effet de plus en plus nombreux à demander de l’aide aux ONG pour subvenir à leurs besoins les plus essentiels.

 

Gagner plus pour donner plus. Ce courant de pensée, qui n’est pas sans rappeler un slogan de campagne d’un ancien président de la république, rencontre un succès grandissant depuis quelques années. L’altruisme efficace consiste à réfléchir à faire le bien de la manière la plus efficiente possible. Soutenu par le professeur écossais de philosophie de l’histoire à Oxford, William MacAskill qui a publié deux best-sellers à ce sujet (« Doing Good Better » et « What We Owe the Future »), ce mouvement tente d’analyser le rapport coût-efficacité des organismes de charité afin « d’optimiser la vie éthique ».

Cette manière de penser la philanthropie ne plaît pas à tout le monde. Doit-on en effet privilégier les associations qui distribuent des moustiquaires à celles qui envoient des livres dans les écoles sous prétexte que sauver des vies est plus « important » que d’éduquer des enfants ? L’altruisme efficace encourage aussi les philanthropes à devenir de plus en plus riches afin de verser davantage de dons ce qui fait de cette stratégie un éloge du néolibéralisme qui risque de creuser le fossé séparant les plus nantis des plus démunis. Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à lire cet article dans Le Monde.

 

Au plus profond des territoires… Les fondations sont de plus en plus nombreuses à développer des programmes dans les territoires pour venir en aide aux personnes touchées par la crise socio-économique. Les plus importantes possèdent depuis des années déjà des antennes régionales. La pandémie a toutefois encouragé de plus en plus de structures à aller sur le terrain afin de trouver des porteurs de projets susceptibles d’apporter des solutions à des besoins locaux.

La Fondation de France a été une des premières à montrer l’exemple en mettant en place le programme « Inventer demain » qui mène des actions ambitieuses pour changer la donne dans les territoires. La Fondation du patrimoine a, quant à elle, créé en 2020 le fonds Impact qui récompense chaque année les projets qui ont le plus fort impact économique, social, environnemental et culturel. « La philanthropie territoriale agit comme un accélérateur du développement local, constate dans les colonnes du Nouvel Economiste, Frédéric Théret, le directeur du développement de la Fondation de France. Le niveau local est aussi une échelle d’expérimentation de projets, qui peuvent ensuite être développés dans d’autres territoires. C’est ainsi que nous avons soutenu le projet ‘territoire zéro chômeur de longue durée’ en 2013, avec un accompagnement très personnalisé des personnes concernées qui ne pouvait être réalisé qu’au niveau local. En 2016, ce projet a été étendu à 50 nouveaux territoires. Il a conduit à l’adoption de deux lois sur le sujet. » Un exemple à suivre…